lundi 19 avril 2010

LE MALI VERS UN CHANGEMENT DE GÉNÉRATION POLITIQUE

Beaucoup de choses se disent en ce moment dans les coulisses, à propos de la succession du président malien ATT qui, bon gré mal gré, devra tirer sa révérence en 2012. Définitivement! Ces mille et une supputations divisent deux camps : ceux qui parlent d’un CANDIDAT DÉJÀ PROGRAMMÉ pour prendre le relais et ceux qui parlent de RISQUE DE GUERRE CIVILE entre différents prétendants.
Le premier camp se fie à une pratique ayant consacré l’« élection » de l’actuel chef d’Etat, à qui son prédécesseur Alpha Oumar Konaré a passé la main. Ce camp spécule donc autour des VIEILLES TÊTES qui engorgent l’espace politique dont SOUMAÏLA CISSÉ et IBRAHIM BOUBACAR KEITA — de VIEUX BARONS de l’Adema ayant créé leurs propres partis.

L’autre camp, parlant de guerre civile, ne se démarque du premier que par le scénario. Tout en retenant la formule de passation du pouvoir à l’un des anciens dignitaires du paysage politique, ce camp prévoit une guerre sans merci entre les prétendants privilégiés, au point de mettre le pays en ébullition.
Et si finalement ces deux camps se trompaient ?

LE COUP QU’ON NE VOIT PAS VENIR

Ce que ces deux camps ont de commun, c’est le RÉFLEXE DU DOMINÉ, un conditionnement social qui les éloigne de toute perspective de changement. Par paresse intellectuelle ou par esprit de connivence, leur VISION est LIMITÉE aux VIEUX BOUCS POLITIQUES — traînant derrière eux des casseroles — auprès desquels ils veulent se positionner, dans le but évident de se faire une place au soleil.
Or, quelqu’un qui s’intéresse un temps soit peu aux mouvements sociaux, qui prête une oreille attentive aux BRUITS DE FOND ou qui se donne la peine d’engager une conversation soutenue sur l’alternance politique dans certains milieux, réalise que QUELQUE CHOSE D’INATTENDU — et de GRANDIOSE — peut se passer en 2012 au Mali…

Un TRAVAIL DE TERRAIN laisse entrevoir un SILENCIEUX ÉCŒUREMENT au niveau de différentes couches sociales qui n’attendent qu’une INITIATIVE FÉDÉRATRICE pour déclencher un MOUVEMENT DE MASSE qui changera le paysage politique malien de fond en comble. Ce MASSIF ÉCŒUREMENT se constate à bien de niveaux : chez des analphabètes ou des gens faiblement scolarisés qui triment à longueur de journée pour trouver leur pitance, chez une classe moyenne en mal de perspective, chez une certaine élite qui voit d’un très mauvais œil la CULTURE DE MÉDIOCRITÉ établie par les régimes Konaré et Touré. Et surtout chez une JEUNESSE LABORIEUSE, DIPLÔMÉE SANS EMPLOI STABLE, qui montre un inhabituel TEMPÉRAMENT RÉVOLUTIONNAIRE tranchant avec le larbinisme passif des mendiants sociopolitiques. Une jeunesse hardie— peinant pour survivre et fatiguée de voir des FILS À PAPA et des OPPORTUNISTES politiques les snober avec du BIEN MAL ACQUIS — qui, récemment, n’a pas hésité à envahir un ministère pour réclamer son complément de salaire pour des contrats à durée déterminée.

Une discussion avec ces laissés-pour-compte donne froid dans le dos. L’impatience et la colère qui les animent ne laissent aucun doute sur l’imminence d’une EXPLOSION SOCIALE dont ils seront les principaux acteurs. C’est une FORCE POLITIQUE qui couve et qu’on ne pourra pas facilement corrompre, parce qu’ayant déjà fait les frais de cette corruption et DÉSABUSÉE par les promesses électorales non tenues à leur égard. Tout ce que veulent ces jeunes, c’est un CHANGEMENT RADICAL qui les associera à la gestion des affaires publiques. Ils veulent DÉFAIRE la RACE DE RAPACES qu’ils ont contribué à mettre en place.

« TOUS LES VIEUX, DEHORS ! »

Le modèle de « PÈRE DE LA NATION », comme celui du « BON PÈRE DE FAMILLE » ont fait LONG FEU au Mali. Ni l’un ni l’autre n’a fait ses preuves. JAMAIS la sagesse dans la gestion des affaires publiques n’a été au rendez-vous avec les 3 derniers présidents. Et pour finir, la bravoure, elle aussi, a déserté l’espace politique, laissant le PAYS À LA MERCI DES ÉTRANGERS qui viennent piller ses richesses et détruire son écosystème, au vu et au su des jeunes qui se demandent finalement ce que c’est cette histoire de « père de la nation ».

Un père de la nation qui n’est jamais là quand il le faut, un père de la nation incapable de tenir tête aux BLANCS et aux ARABES, un père de la nation incapable de protéger sa famille contre les BRIGANDS et les TERRORISTES, un père de la nation qui se fait publiquement HUMILIER par ses pairs qui l’obligent à négocier le NON-NÉGOCIABLE, un père de la nation COMPLICE DES DÉPRÉDATEURS de son pays, un père de la nation qui ne répugne pas à DILAPIDER L’HÉRITAGE de ses enfants, un père de la nation aussi cupide que pusillanime, un père de la nation INCAPABLE DE STABILISER L’ÉCOLE, un père de la nation incapable de TROUVER DU TRAVAIL à ses enfants, un père de la nation incapable de NOURRIR et de SOIGNER sa famille, un père de la nation incapable de REGARDER SES ENFANTS DANS LES YEUX et de leur DIRE LA VÉRITE... En somme, un père de la nation dont on se passerait bien volontiers.

C’est cela l’ÉTAT D’ESPRIT qui anime la jeunesse hardie face au CUISANT ÉCHEC DES VIEUX POLITICARDS. Et, se dit-elle : « Puisque les vieux ont montré leurs limites, le PRIVILÈGE DE L’ÂGE ne saurait plus être un argument décisif. Pourquoi ne pas essayer avec UN JEUNE de notre génération avec lequel nous avons la MÊME VISION des choses. Après tout, les EXEMPLES RÉCENTS DE BON LEADERSHIP EN AFRIQUE se trouvent auprès de JEUNES PRÉSIDENTS comme THOMAS SANKARA et JERRY RAWLINGS, ayant apporté des CHANGEMENTS NOTABLES dans leurs pays respectifs. »

En dernier ressort, la question qui s’impose est fatalement : « Pourquoi ne pas foutre tous les VIEUX DEHORS ? » Et qui s’en plaindrait ? Qui se plaindrait qu’on jette PAR-DESSUS BORD, les SOUMAÏLA CISSÉ, IBK ET CONSORTS ? N’ont-ils pas fait leur temps ? Peuvent-ils seulement représenter l’AVENIR ?

(À SUIVRE)

MF KANTÉKA
mountaga40@hotmail.com

lundi 5 avril 2010

ASPECTS DE LA MENDICITÉ SOCIOPOLITIQUE AU MALI

« LES PEUPLES MÉRITENT LEURS DIRIGEANTS », est une vieille vérité selon laquelle la grandeur ou la petitesse du leadership d’une nation donnée est à l’aune de l’envergure morale et mentale de ses masses populaires. Ainsi, la déchéance politique découle de la déchéance sociale. Autrement dit, la GANGRÈNE POLITIQUE pousse sur le FUMIER SOCIAL…

Le JEU POLITIQUE s’accommode des défaillances sociales pour avoir droit de cité. Et l’effritement des mœurs sociales est une brèche salutaire par laquelle s’infiltre le MARGOUILLAT POLITIQUE. Le Mali « démocratique » se débat dans les maremmes de cette inexorable LOI SOCIOPOLITIQUE, notamment à cause de sa soumission aux injonctions de l’Argent-Dieu. C’est si vrai que le corollaire politique du refrain social (mentionné dans le précédent article) est ainsi formulé: « TU NE FERAS POINT DE POLITIQUE AU MALI SI TU N’ES PAS SATURÉ D’ARGENT ! » UN LEIT-MOTIV qui a acquis force de loi, sous le label de « RÉALISME POLITIQUE » — dans un pays pourtant classé parmi les plus pauvres au monde! Ce NOUVEAU CONTRAT SOCIAL donne lieu à un véritable FESTIN PUBLIC où l’excès côtoie le néant, où le tragique le dispute au ridicule, en temps et lieu…

UN MARCHÉ DE MENDIANTS

Dans ce contexte où foisonnent les partis politiques  tous plus ou moins semblables par leurs objectifs, tenter de convaincre un électeur désabusé serait comme prêcher dans le désert. La misère morale généralisée — prenant prétexte de la pauvreté matérielle— s’avère une AUBAINE pour le politicien sans idéal, sans envergure, sans scrupules et sans programme social qui y voit son Eldorado électoral : le moyen tout rêvé pour lui d’ACHETER des ÉLECTEURS OCCASIONNELS qu’il ne pourrait avoir autrement.

La période électorale donne lieu à des scènes surréalistes de MENDICITÉ À DOUBLE SENS, avec le MENDIANT POLITIQUE (en quête de voix) s’en allant à la rencontre du MENDIANT SOCIAL (en quête d’aumône) qui l’aide à s’installer au pouvoir. Le paysage se mue en un LUPANAR À CIEL OUVERT où, en échange de broutilles (T-shirts, thé, sucre ou un billet de 5000, voire 1000 FCFA), le mendiant social s’en va s’acquitter de son devoir d’électeur vis-à-vis de son semblable politicard. Et une fois élu, celui-là l’oublie définitivement, avec la conscience tranquille de s’être acquitté de son contrat, en achetant son vote. « Il ne se sent pas obligé vis-à-vis de son électeur, puisqu’il l’a déjà payé. Et il a raison !», confie un ancien prétendant à la mairie…

Cet insolite commerce a commencé au Mali avec le parti politique ADEMA du président ALPHA OUMAR KONARÉ qui n’a ménagé aucun effort pour obtenir un 2e mandat qui lui échappait. Entre autres extravagances, lui et son état-major n’ont pas hésité à dépouiller les familles et la jeunesse de leur restant d’honneur… Ce fléau a atteint son point culminant avec le règne du président AMADOU TOUMANI TOURÉ qui y a ajouté sa touche personnelle, avec cette formule devenue maintenant célèbre : « Au lieu de m’attaquer, viens me voir pour que je te nomme à un poste ! » (Sic)

LES MENDIANTS DE GROS CALIBRE

Ce troc prend d’autres dimensions en dehors de la période électorale, transformant la vie quotidienne en un théâtre où, à travers moult anecdotes, se produisent des mendiants de plus gros calibre. COURTISANS par définition, ils sont INTELLECTUELS ou HOMMES D’AFFAIRES. Rares sont les Maliens qui ne connaissent pas un ou plusieurs de ces MENDIANTS DE LUXE dans leur entourage. Parlant d’eux, un initié du milieu rapporte que chaque matin, « tous les petits et grands escrocs de la ville » se retrouvent sur la colline de Koulouba dans un grand salon du palais présidentiel (aménagé pour la circonstance), discutaillant entre eux, en attendant leur audience avec le Président ATT. Et après ce rituel quotidien, ils descendent en ville, s’adonnant au TRAFIC D’INFLUENCE, disant à qui veut l’entendre : « Je viens de chez le Président de ce pas », l’appelant familièrement par son prénom Amadou.

Cela constitue l’un des multiples procédés par lesquels se font leurs TRACTATIONS DIVERSES : acquisitions de marchés publics, de subventions, de postes alléchants, de terrains et de fortunes diverses. Et aussi pour obtenir l’IMPUNITĖ pour leurs multiples félonies. Cette RACE DE RAPACES, impliquée dans tous les coups foireux, est aussi associée au PROCESSUS de DEMANTÈLEMENT et D’ALIÉNATION du PATRIMOINE NATIONAL, au profit des entités étrangères. On en compte beaucoup dans la CLASSE POLITIQUE, d’où la QUASI-ABSENCE DE TOUTE OPPOSITION dans un régime supposément démocratique. Leur rôle consiste à ÉLUDER le DÉBAT SOCIAL, pourvu que leurs affaires personnelles roulent.

Bien conscient de cette CORRUPTION GÉNÉRALISÉE et ORGANISÉE par ses soins, le Président AMADOU TOUMANI TOURÉ — qui, en privé, a des propos méprisants à leur égard— voulait en tirer un BÉNÉFICE SUPPLÉMENTAIRE, en cherchant à briguer un TROISIÈME MANDAT. Galvanisé par le mauvais conseil de ces mendiants de luxe qui lui chantent à l’oreille qu’il est « le meilleur des hommes, dans le meilleur des mondes ». Jouant le jeu jusqu’au bout, il a même voulu SUBORNER LES DÉPUTÉS, avec une proposition de PROLONGATION DE LEUR MANDAT, sous le prétexte de faire coïncider les élections législatives avec l’élection présidentielle. C’est finalement le récent COUP D’ÉTAT AU NIGER qui a mis un FREIN à ce PROJET INSENSÉ …

LE PARADOXE

Ce mythe de POLITIQUE-PACTOLE, se voulant un « RÉALISME POLITIQUE » fondé sur les caisses électorales pleines, est d’autant plus DÉPLACÉ et PARADOXAL qu’il est professé dans un pays n’ayant AUCUNE TRADITION en la matière. Du premier président Modibo Keita à Amadou Toumani Touré, tous les chefs d’État du Mali sont de MODESTE EXTRACTION SOCIALE. Ils n’étaient point riches avant de faire la politique.
Venus au pouvoir par des voies plus ou moins miraculeuses, deux d’entre eux (Konaré et Touré) se sont fortement enrichis. Des DIGNITAIRES des régimes successifs eux-mêmes n’ont fait fortune qu’en faisant la politique. Ce n’est point l’argent qui les a menés au pouvoir. Et ce sont ces NOUVEAUX RICHES et leurs affidés qui érigent maintenant en LOI DIVINE cette forme de PROSTITUTION SOCIOPOLITIQUE. Ainsi, avec l’ARGENT DÉROBÉ au TRÉSOR PUBLIC ou obtenu par des MOYENS MAFIEUX, ces incurables MYOPES veulent davantage enfoncer le pays dans le gouffre, en le privant d’un LEADERSHIP ÉCLAIRÉ et DÉVOUÉ…

Qu’est-ce qui peut donc INVERSER cette TENDANCE et NOUS AFFRANCHIR de cette NOUVELLE FORME D’ESCLAVAGE ? Une question qui ne manquera pas d’alimenter nos réflexions et nos actions…

(À SUIVRE)

MF Kantéka