jeudi 13 mai 2010

MITRAILLÉ PAR L’ENSEIGNEMENT

Certains de mes lecteurs s’inquiètent de mon silence. À cause de la forte teneur politique de mes derniers articles ! D’autres spéculent déjà sur un POSTE POLITIQUE qui m’aurait été offert en échange de mon silence ! Je dois les rassurer tout de suite: IL N ‘EN EST RIEN. J’étais seulement enfermé quelque part dans… la PRISON DE L’ENSEIGNEMENT. Oui !

Il y a plusieurs moyens de neutraliser un homme : le contraindre physiquement, le supprimer, le corrompre, exercer sur lui du chantage, le menacer dans ses moyens de survie ou tout simplement l’accabler de travail. Après avoir échappé ou résisté aux cinq premiers moyens, j’ai finalement succombé au dernier : les CHAÎNES DU BOULOT. Oui, j’ai été purement et simplement MITRAILLÉ par … le feu de l’enseignement. Des TONNES DE COURS à donner, qui m’ont littéralement ZOMBIFIÉ. Et mis HORS D’ÉTAT DE NUIRE…

SURCHARGER POUR MIEUX CASTRER ?

Depuis quelques mois, j’avais décidé de donner des cours de communication et de journalisme dans un établissement privé de la capitale. En attendant de démarrer mes projets ! Au début, les choses se passaient assez paisiblement. Je n’avais que 4 heures de cours à donner par semaine à la classe de 2e année COMMUNICATION-JOURNALISME. Dans 2 matières : Sociologie des médias et IEC (Information, Éducation, Communication).

Mais voilà que brusquement je me retrouve avec la lourde charge de SAUVER L’ANNÉE SCOLAIRE de toute la filière Communication-Journalisme. Avec 8 COURS à donner à 3 CLASSES (1e, 2e et 3e années) dans 5 MATIÈRES (IEC, Sociologie des médias, Genres rédactionnels, Collecte et Traitement de l’information, Pratique radio). Avec à la clé 22 HEURES DE COURS PAR SEMAINE. Sans compter les longues heures consacrées à la CORRECTION DES DEVOIRS. En un mois et demi, j’ai dû combler le programme de tout un semestre ! Cela fait des jours sans répit et des semaines sans week-end et sans récréation. Un PROGRAMME INTENSIF propre à CASTRER un homme ! Et le détourner de certaines activités— comme l’écriture— jugées subversives.

Et, croyez-moi, le peu d’argent qu’on y gagne sert surtout à recoller les morceaux et à se soigner du SURMENAGE occasionné par le stress, l’insomnie et la débauche d’énergie! Sans tenir compte d’autres désagréments (d’ordre bureaucratique) qui donnent une tournure de TORTURE aux incidents…

UNE RICHE EXPÉRIENCE MALGRÉ TOUT

Dire que je n’ai bu que du CALICE dans cette expérience serait un odieux mensonge. J’y ai aussi gouté du MIEL dont mes papilles gustatives gardent encore le doux souvenir!

Mon premier motif de réjouissance est que je renoue avec une VIEILLE VOCATION qui a précédé en moi celle de l’écrivain et du journaliste. Une vieille vocation que j’ai toujours pratiquée de façon plus ou moins informelle, depuis le bas âge, et qui me vaut encore la gratitude de certains camarades de classe …

Mon second motif de joie est la satisfaction et le soulagement procurés aux étudiants qui payent très cher pour une formation qu’ils ne reçoivent pas toujours. Faute d’enseignants… Ma troisième raison de me réjouir réside dans l’EXPÉRIMENTATION d’une troublante réalité sociopolitique : la DÉPERDITION SCOLAIRE ENTRETENUE par des politicards de la IIIe République, pour en tirer des bénéfices politiques et sociaux— pour eux et pour leurs enfants appelés à leur succéder aux postes stratégiques. Leurs enfants qu’ils envoient à l’étranger pour avoir une formation que le Mali ne peut pas leur donner. C’est de cette manière qu’ils entretiennent ce que les sociologues appellent le SYSTÈME DE REPRODUCTION SOCIALE…

De tous les motifs de satisfaction, le meilleur réside dans ce constat : ce milieu pourrait être le CATALYSEUR d’une RÉVOLUTION SOCIALE au Mali. Si bien que, au moment où vous lisez ce papier, je me remets de mes fatigues, étendu sur mon balcon, au milieu de mes amis oiseaux, en pensant au MALI NOUVEAU — DÉBARRASSÉ DES PARASITES SOCIAUX…

MF KANTÉKA

mountaga40@hotmail.com