mardi 27 novembre 2007

QUAND DES JOURNALISTES QUÉBÉCOIS ENCOURAGENT LE CONFLIT ARMÉ AU MALI


© Copyright 2007, Mountaga Fané Kantéka
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Maliennes et Maliens du monde entier, réveillez-vous! Quelque chose se trame contre votre pays! Citoyennes et citoyens du monde entier, aidez-nous, l’Homme blanc est en train de foutre le feu chez nous. L’Homme blanc ne nous accepte pas chez lui. Il nous y réduit à l’esclavage et il veut nous empêcher de retourner chez nous en y semant le deuil et la désolation.
Quand un simple concert de musiciens-militaires touaregs, originaires du Mali, sert de prétexte à des journalistes culturels québécois pour racialiser un conflit social et s’immiscer dans des affaires qu’ils ne maîtrisent pas, c’est le moment de tirer sur la sonnette d’alarme. Est-ce une façon bien préméditée de fomenter de troubles ou d’attiser le feu? Est-ce une façon de manipuler l’opinion publique québécoise pour la mettre à dos du peuple malien? Est-il besoin de leur rappeler que nous en avons assez de ces souteneurs de guerres ethniques? Est-il besoin de leur dire que nous en avons assez des génocides perpétrés sur des peuples africains? Quand vont-ils enfin comprendre que nous ne voulons plus d’un autre RWANDA en Afrique? BAS LES MASQUES! BAS LES PATTES! MANIPULATEURS!
Il s’agit bien du passage du groupe malien TINARIWEN à Montréal, la semaine passée. De mémoire de Montréalais, des artistes maliens, SALIF KÉITA, HABIB KOITÉ, TOUMANI DIABATÉ, OUMOU SANGARÉ, ROKIA TRAORÉ, MARIAM ET AMADOU BAGAYOGO et bien d’autres, ont défilé ici, à Montréal, au gré des festivals et ont été accueillis par le public québécois à la mesure de leur talent. Et jusqu’alors, personne n’avait parlé d’autre choses que de musique, de culture et de partage. Pourquoi faut-il alors que le passage du groupe de blues malien TINARIWEN, touareg, à Montréal transforme brutalement ce traditionnel discours culturel, axé sur la musique, en un sordide DISCOURS POLITIQUE À CONNOTATION GUERRIÈRE ET À LA LIMITE DU TOLÉRABLE? De quoi hérisser les poils!
Jugez-en par vous-mêmes! Dans le journal MÉTRO du week-end dernier (23-25 NOV 07), on pouvait lire sous la plume d’ÉRIC TRUDEL cet étonnant discours: « STRATOCASTER et KALACHNIKOV en bandoulière, les HOMMES BLEUS tracent leur voie dans le Sahara en cherchant leur peuple et la paix, et N’HÉSITENT PAS À PRENDRE LES ARMES OU LES GUITARES POUR ARRIVER À LEUR BUT. »
MONSIEUR TRUDEL, OÙ S’EN VA-T-ON AINSI? PARLE-T-ON DE MUSIQUE OU DE GUERRE ICI? CES « HOMMES BLEUS » DONT VOUS PARLEZ NE SONT-ILS PAS DES MALIENS? EST-CE PARCE QU’ILS SONT« BLEUS » QU’ILS NE SONT PAS DES MALIENS? ET C’EST QUOI ENCORE CE CONCEPT D’« HOMME BLEU »? ET QUE FAIT UN PEUPLE QUI CHERCHE LA PAIX AVEC DES ARMES EN BANDOULIÈRE?
Ce discours de guerre, très provocateur, d’un journaliste québécois « pure laine » est très vite emboîté par un autre article de LA PRESSE, du dimanche 25 NOV 07, sous la plume d’un certain PHILLIPPE RENAUD avec ce titre évocateur TOUS POUR EUX, et avec ce curieux passage : « Face à ces BLUESMEN MILITAIRES PORTE-ÉTENDARD D’UN PEUPLE TOUAREG SANS PAYS. LE PUBLIC A FONDU COMME NEIGE AU SOLEIL. MÊME SANS SAISIR LA GRAVITÉ DE LEURS TEXTES, NOUS ÉTIONS TOUS DEVENUS MILITANTS À LEUR CAUSE, TIENS! »
« MILITANTS », A-T-IL DIT? ENCORE UNE FOIS, MONSIEUR RENAUD, JOURNALISTE « PURE LAINE » DU QUÉBEC, OÙ S’EN VA-T-ON DE CE PAS? PARLE-T-ON DE MUSIQUE OU DE GUERRE ICI? SI LES TOUAREG SONT SANS PAYS, QUE FONT-ILS AU MALI DEPUIS TANT DE SIÈCLES POUR NE PAS DIRE TANT DE MILLÉNAIRES? S’AGIRAIT-IL DE VOTRE PART D’UNE INCITATION AU CONFLIT ARMÉ?
Messieurs les journalistes, TRUDEL et RENAUD, je prends votre public à témoin pour vous dire, de vive voix, que vous vous trompez lourdement en pensant entraîner le MALI dans vos intrigues méphistophéliques. Non, pas le MALI! Ce peuple a une maturité historique qui ne date pas seulement de quatre siècles. Le MALI est un pays de culture et d’histoire. « CIVILISÉ JUSQU’À LA MOELLE DES OS », pour emprunter l’expression de l’ethnologue allemand LÉO FROBÉNIUS. Vous ne réussirez pas à créer la ZIZANIE chez nous. NI POUR L’OR DU MALI, NI POUR LE PÉTROLE DU MALI. On ne fera pas du MALI un autre RWANDA, ni un autre DARFOUR, ni une autre SOMALIE. Assurément pas! On ne fera pas du MALI un autre charnier que survoleront les vautours nécrophages. Ce PEUPLE MULTIETHNIQUE, vieux de plusieurs millénaires, a beaucoup de leçons à donner au Canada en termes d’intégration ethnique. D’autres — vos ancêtres français — se sont essayés, avant vous, à ce petit jeu. Et ils ont échoué. De la façon la plus lamentable! Monsieur BERNARD KOUCHNER dont la femme, CHRISTINE OCKRENT serait d’ascendance touareg (du côté de sa mère, dit-on), pourrait vous entretenir de sa désillusion sur le sujet.
NON, IL N’Y AURA PAS D’ÉTAT TOUAREG AU MALI, POUR LA SIMPLE ET UNIQUE RAISON QU’IL N’Y A JAMAIS EU D’ÉTAT TOUAREG AU MALI DE MÉMOIRE DE MORTEL. LES TOUAREGS, PEUPLES DE NOMADES, ONT TOUJOURS VÉCU PAR-CI PAR-LÀ, AU MALI, ET DANS LE DÉSERT, AUX CÔTÉS D’AUTRES AUTOCHTONES À PEAUX NOIRES, TOUS MALIENS ET FIERS DE L’ÊTRE, SANS QUE CELA DÉBOUCHE SUR DES MYSTIFICATIONS RACIALES DONNANT LIEU À DES HYSTÉRIES COLLECTIVES DÉBOUCHANT SUR DES LYNCHAGES OU DES GÉNOCIDES.

Chaque fois que la question touareg, manipulée par d’obscures mains, a surgi, on a su l’éteindre au Mali, au propre comme au figuré. L’ancien Président malien ALPHA OUMAR KONARÉ, lors de son mandat, a donné une leçon de sagesse à l’Afrique et au monde entier en organisant entre les rebelles touaregs et le gouvernement malien une grande rencontre au cours de laquelle les chefs de guerre touaregs sont venus spontanément déposer leurs kalachnikovs et autres armes de guerre dans un GRAND BRASIER qui a flambé dans le désert au grand soulagement des populations qui n’ont que faire de la guerre et de ses désastres. Toutes les armes de guerre, vendues par des MARCHANDS DE LA MORT, ont brûlé et cramé dans le FEU DE L’AMITIÉ INTERETHNIQUE. Le Président JERRY RAWLINGS du Ghana, ému jusqu’aux larmes, a assisté à cette cérémonie honorable et a salué ce haut fait par un discours mémorable fait d’admiration et d’humilité face à cette grande intelligence politique. Comme quoi les Africains ne sont pas toujours prêts à s’exterminer entre eux, au moindre signal de l’Occident.
L’actuel Président AMADOU TOUMANI TOURÉ, avant de briguer la présidence, s’était lui aussi illustré comme le GRAND MÉDIATEUR qui éteignait les foyers de tension en Afrique, à la demande des NATIONS-UNIES. les Présidents du Mali, malgré leurs innombrables vices et leur manque d’emprise sur l’économie de leur pays, à cause des puissances coloniales, savent au moins empêcher les guerres inutiles de plonger leurs pays dans le chaos. On leur reconnaît au moins cela, et ce n’est pas peu. LE MALI N’EST PAS UN PEUPLE D’ALLUMEURS DE FEU, MAIS PLUTÔT UN PEUPLE D’EXTINCTEURS DE FEU. LE MALI N’EST PAS UN PEUPLE DE PYROMANES, MAIS DE POMPIERS. Ne vous faites donc pas les messagers d’une politique de déstabilisation visant à créer l’anarchie chez les autres pour les spolier de leurs richesses, tout en versant des flots de paroles démagogiques et des larmes de crocodiles sur les génocides perpétrés en Afrique, et toujours allumés par les MARCHANDS D’ARMES, au nom de cette macabre philosophie prônée par le MARÉCHAL LYAUTEY de la France assassine :
« S’il y a des mœurs et des coutumes à respecter, il y a aussi des haines et des rivalités qu’il faut démêler et utiliser à notre profit, en opposant les unes aux autres, en nous appuyant sur les unes pour mieux vaincre les autres. » Non, nous ne tomberons pas dans ce TRAQUENARD MACHIAVÉLIQUE.
Nous connaissons assez bien la façon d’opérer de ces LOBBIES DE LA GUERRE dont le travail consiste à allumer des foyers de tension un peu partout dans le monde, pour en tirer des bénéfices politiques et économiques. Si l’on doit traîner devant le TRIBUNAL PÉNAL INTERNATIONAL les CRIMINELS DE GUERRE, nous exigerons aussi qu’on y incluse ceux qui auraient incité à ces guerres par quelque moyen que ce soit. L’histoire nous a déjà prouvé qu’avec un simple article ou discours mal intentionné, on peut mettre facilement le feu aux poudres. Il serait temps que les responsables occidentaux soient traduits devant cette cour pour leurs propos, écrits ou faits ayant allumé ces incendies.

L’un des penchants naturels de la politique occidentale, c’est de se croire investie du pouvoir souverain de se mêler des affaires des autres pays qui ne leur ont rien fait et qu’ils veulent déstabiliser pour faire main basse sur leurs ressources. Sans égards aucuns pour les vies humaines qu’ils mettent en danger dans ces pays. Cet INTERVENTIONNISME INTEMPESTIF ne se voit pas seulement au niveau des anciens pays colonisateurs comme la FRANCE, la BELGIQUE, la GRANDE BRETAGNE. Mais aussi au niveau des nouveaux pays comme les ÉTATS-UNIS et aussi le CANADA. Se mêler des affaires des autres devient aussi une prédilection du CANADA, naguère considéré comme pays neutre et qui multiplie maintenant sa présence dans les pays en voie de développement. La PRÉSENCE CANADIENNE AU MALI se fait de plus en visible (et aussi de plus en plus inquiétante) au point d’éclipser celle du pays colonisateur, la FRANCE. L’OR DU MALI est depuis longtemps la quasi-propriété d’États occidentaux avec une part majoritaire d’environ 80% au CANADA. À force de creuser partout, une bonne partie du territoire malien, à vol d’oiseau, n’est plus que crevasses de désolation. Pourtant, le Mali lui-même ne voit pas la couleur de cet or. Son or. L’or de ses Ancêtres Fondateurs. L’or de la postérité. Le CANADA hypothèque ainsi l’avenir des générations de Maliens. Lors de sa visite ici en 2004, le président de l’Assemblée nationale du Mali, IBRAHIM BOUBACAR KÉITA, a tiré sur la sonnette d’alarme devant la communauté malienne mortifiée réunie dans un hôtel de Montréal, en criant au scandale et au grand banditisme.
On nous a aussi rapporté récemment des propos du chef de l’État AMADOU TOUMANI TOURÉ s’adressant aux Maliens: « OUBLIEZ L’OR DU PAYS, PARCE QU’IL NE NOUS APPARTIENT PAS. VOUS FEREZ MIEUX DE VOUS FOCALISER SUR LES RESSOURCES AGRICOLES. » (sic)… On détruit les terres du pays pour extraire son or, et son Président dit au peuple spolié d’oublier cet or parce qu’il n’appartient pas au pays qui crève de faim et de soif! DE QUI SE FOUT-ON?

Maintenant, on parle des GISEMENTS DE PÉTROLE qu’on vient de découvrir dans le DÉSERT MALIEN et qui intéresse aussi le CANADA. EST-CE LA DÉCOUVERTE DE CES GISEMENTS DE PÉTROLE DANS LE DÉSERT MALIEN QUI EXPLIQUE LA MIRACULEUSE RÉSURRECTION DU CONFLIT TOUAREG ET CE DISCOURS GUERRIER QU’ON RETROUVE SOUS LA PLUME DES CHRONIQUEURS CULTURELS CANADIENS?
Et maintenant les TOUAREGS, parlent de CRÉER UN ÉTAT SUR UN TERRITOIRE MILLÉNAIRE OÙ IL N’Y JAMAIS EU D’ÉTAT TOUAREG, NI D’ISIS, NI D’OSIRIS, MAIS UN ÉTAT MULTIETHNIQUE, englobant une MOSAÏQUE DE CULTURES ET DE LANGUES. Il ne faut pas être un expert en politique internationale pour voir de quoi il en retourne. VEUT-ON TRANSFORMER LE MALI EN FOURNAISE PARCE QU’ON A DÉCOUVERT LE PÉTROLE DANS SON DÉSERT? VEUT-ON METTRE CE PAYS EN ÉBULLITION EN ATTISANT DES DISSENSIONS ETHNIQUES COMME ON L’A FAIT AU RWANDA OU AILLEURS DANS LE MONDE? VEUT-ON METTRE CE PAYS EN SANG POUR PRENDRE SON PÉTROLE?

Le Mali — un pays d’histoire et de culture — a de tout temps nourri les ambitions des pays étrangers, bien avant l’émergence de l’Occident sur la scène internationale. L’EMPIRE DU MALI lui-même émerge des décombres de l’EMPIRE DU GHANA (WAGADOU), pays du troupeau et de l’or, qui fut le berceau de l’Humanité nègre après le déclin de l’Égypte pharaonique et son envahissement par les populations blanches. Les voyageurs et chroniqueurs arabes, IBN BATTUTA, IBN KALDOUM, EL BEKRI et autres qui avaient fait le déplacement dans cette contrée, au moyen-âge, ne tarirent pas d’éloges sur ses richesses en or et le faste de ses cours royales, ses belles femmes et ses nourritures succulentes. On trouve les traces de ce pays jusque dans les Mille et une nuit, ces contes arabes portés sur le merveilleux.
Le Mali, bien avant la « découverte » du Nouveau Monde par CHRISTOPHE COLOMB, commerçait déjà avec ces terres glaciales peuplées alors d’autochtones amérindiens. On retrouve les traces de cela aussi dans les annales de l’Histoire et dans les mémoires de Christophe Colomb lui-même. Il n’y a pas un domaine de la culture (musique, connaissances abstraites, mœurs, religions, etc) dans lequel ce territoire n’est pas une référence. Au delà de ces richesses culturelles, ce pays est cité comme LA TERRE DE L’HOSPITALITÉ PAR EXCELLENCE. Jusque dans ses croyances mystiques, le Mali accorde une place de choix à l’étranger. Tous ceux qui y ont séjourné, Africains ou Occidentaux, peuvent en témoigner. Le KOMO, la religion ancestrale animiste ayant précédé l’Islam, lui-même stipule que : « Le Manden (Mali) ne fait pas de mal aux étrangers, mais châtie les autochtones qui s’écartent de la voie ancestrale. » Pour dire jusqu’où va ce sens de l’hospitalité qui revêt un caractère religieux.
L’étranger a toujours été roi au Mali, peu importe la couleur de sa peau. La différence n’est point source d’inquiétude ou de rejet au Mali. La différence y est source d’attrait, au point d’éclipser le congénère au profit de l’étranger. Et le Malien n’a jamais ressenti ce besoin de rappeler aux étrangers « Vous êtes chez nous… On est un peuple généreux ou ceci cela… On vous donne ceci ou cela… On vous fait ceci ou cela… Accommodez-vous de nos valeurs… Si vous n’êtes pas contents, vous retournez chez vous. » Non, le Mali n’a jamais ressenti ce genre de besoin. Bien au contraire, le Mali est allé jusqu’à vendre ou à offrir en cadeaux ses propres fils aux étrangers. Et le Mali qui est évoqué ici dépasse le cadre géographique de l’actuelle République du Mali, héritée des frontières coloniales. Il englobait une bonne partie de l’Afrique occidentale (Guinée, Sénégal, Mauritanie, Gambie, Nord de la Côte d’ivoire, Burkina, Niger, etc). Sans compter d’autres pays d’Afrique qui ont été fondés par des exilés du Mali. Le peuple malien a essaimé un peu partout en Afrique, y établissant des foyers de culture dont les historiens et ethnologues n’ont pas encore fini d’évaluer la diversité … CE PEUPLE CONNAÎT D’EXPÉRIENCE LES GUERRES ET TOUTES LES MISÈRES QUI EN DÉCOULE. CE PEUPLE SAIT D’INSTINCT QU’IL N’Y A JAMAIS DE GAGNANTS DANS UNE GUERRE, SURTOUT QUAND ELLE EST FRATRICIDE.

JOURNALISTES QUÉBÉCOIS, qui confondez vos tribunes avec des arènes, gardez vos instincts de guerre par dévers vous. AU LIEU DE VOUS FAIRE MILITANTS POUR LA CAUSE TOUAREG, POURQUOI NE VOUS FAITES-VOUS PAS MILITANTS POUR LA CAUSE SOUVERAINISTE DU QUÉBEC? AVEZ-VOUS JAMAIS SONGÉ À MENER UNE GUERRE DE SCÉCESSION AU CANADA? AVEZ-VOUS JAMAIS SONGÉ À PRENDRE DES ARMES POUR FAIRE VOTRE INDÉPENDANCE? CE QUE VOUS N’ÊTES PAS PRÊTS À FAIRE CHEZ VOUS, POURQUOI L’ENCOURAGEZ-VOUS CHEZ LES AUTRES? VOUS CROYEZ-VOUS PLUS INTELLIGENTS QUE LES AUTRES?
« NE FAITES PAS À AUTRUI CE QUE VOUS NE VOULEZ PAS QU’ON VOUS FASSE », A ÉTÉ TOUJOURS LA PREMIÈRE RÈGLE DE LA CIVILITÉ.

L’histoire du Mali précède de plusieurs siècles, sinon de plusieurs millénaires, le peuplement de l’Amérique du Nord Etats-Unis par des Blancs. L’histoire de ce peuple ne se compte pas en siècles, mais en millénaires. Et les mêmes qui y coexistent aujourd’hui, Touaregs et autres, y ont coexisté pendant des millénaires. Et dans la coexistence, il y a l’harmonie comme la brouille. Comme le dit un proverbe mandingue : « Même la langue peut se brouiller avec les dents ». Mais cela ne veut guère dire que cette brouille doit inévitablement déboucher sur des massacres au grand bonheur des diviseurs et des fomenteurs de troubles sordides. C’est dire qu’en termes de maturité, les Maliens, Touaregs ou autres ethnies, n’ont de leçon à recevoir de qui que ce soit, ni en matière de culture, ni en matière de politique. Et surtout pas en termes de manipulation. On ne peut pas nous manipuler pour allumer ou attiser des foyers de tension chez nous dans le but de faire main basse sur nos ressources. Que chacun s’occupe donc de ses problèmes de société et de ses « accommodements raisonnables ».

DE LA RACIALISATION AU RÉVISIONNISME

EST-CE QUE PARCE QUE LES TOUAREGS ONT LA PEAU BLANCHE QU’ILS NE DOIVENT PAS ÊTRE CONSIDÉRÉS COMME DES MALIENS À PART ENTIÈRE ?
Cette manipulation de la question touareg n’en est pas à sa première exploitation coloniale. Dans les années 1990, la France en avait fait son principal fonds de commerce, multipliant articles sur articles sur la « civilisation touareg », une « civilisation en voie de disparition », à en croire ses idéologues esbroufeurs. À l’époque, impossible d’emprunter le métro parisien, sans tomber sur des affiches propagandistes portant sur la « question touareg ». Quand le colon veut faire des dividendes sur le dos d’un peuple, il ne recule devant aucun ridicule. C’EST QUOI EXACTEMENT CETTE « CIVILISATION TOUAREG »? LE NOMADISME? SONT-ILS LES SEULS NOMADES AU MALI? ET QUE FAITES-VOUS DES PEULS?
SONT-ILS LES SEULS À VIVRE DANS LE DÉSERT? ET QUE FAITES-VOUS DES SONRAÏ ET AUTRES HABITANTS à PEAU NOIRE DU DÉSERT?
Non seulement les Touaregs ne sont pas les seuls peuples nomades au Mali, ils ne sont pas non plus les seuls habitants du désert au Mali. Donc, ni le nomadisme, ni la vie désertique, ne sont l’apanage du Touareg au Mali. Réglées ces deux questions essentielles, citez-moi une seule cité bâtie par le peuple touareg. Citez-moi un seul royaume touareg. Montrez-moi un seul empire touareg. Et je ne veux pas de mensonges. Montrez-moi une seule particularité culturelle touareg qui n’existe pas dans la mosaïque de cultures maliennes. Malinké, Bamanan, Dogon, Senoufo, Bobo, Sarakholé, Peul, Sonraï, Maures et j’en oublie, qu’est-ce que la « culture touareg » a de plus ou de mieux qu’elles?
Le journaliste québécois ÉRIC TRUDEL est allé jusqu’à écrire : « TINARIWEN (qui se traduit par « ENDROIT DÉSERT ») est devenu célèbre en AFRIQUE DU NORD pour ses chansons politisées, livrées sur des BLUES aussi rythmés que sentis… Tinariwen, qui a aujourd’hui une légion de fans dont Robert Plant, qui tripe sur LA MUSIQUE DE L’AFRIQUE DU NORD depuis toujours. »
On y est! L’Afrique du Nord! Voilà le rapprochement fait par le journaliste québécois entre le peuple touareg et la population blanche de l’Afrique du nord par opposition aux Nègres de l’Afrique subsaharienne. L’obsession pour la sacro-sainte blancheur de la peau, garante de civilisation. Dès qu’on a la peau blanche, on a forcément une civilisation. Et en aucun cas le Nègre ne peut dépasser une peau blanche en matière de civilisation. Monsieur Trudel n’a pas besoin de le dire explicitement et il ne le fera jamais. SOIT!
MAIS QUI A FAIT CROIRE À MONSIEUR TRUDEL QUE LE BLUES EST UNE MUSIQUE DE L’AFRIQUE DU NORD?
Je ne m’étendrai pas sur une explication historique exhaustive sur la notion de BERBÈRE (habitant de l’Afrique du Nord) différent de l’ARABE (un concept qu’on a racialisé à tort, puisque l’Arabe est à l’origine un NÈGRE, habitant de l’ARABIE, ESSENTIELLEMENT DE ’’L’ARABIE HEUREUSE ’’, notamment l’actuel SOUDAN, berceau de la culture arabe et point de départ du SABÉISME qui a donné naissance entre autres à l’Islam; c’est ce NÈGRE D’ARABIE, le SABÉEN, qui s’est mélangé avec les envahisseurs JECTANIDES, populations blanches nomades et incultes, pour donner naissance au TYPE BASANÉ, enfant métis du Nègre sédentaire et savant et du Blanc nomade et inculte, totalement absorbé et assimilé par la culture sabéenne. LA LANGUE ARABE ELLE-MÊME AINSI QUE TOUTES SES INSTITUTIONS SONT L’HÉRITAGE DE CES SABÉENS NÈGRES). C’EST CELA L’HISTOIRE, SANS TRALALA. Que celui qui en doute une seconde fasse ses propres recherches dans les archives consignées par des chercheurs arabes eux-mêmes. L’ARABE n’est pas à l’origine un concept ethnique, mais un CONCEPT GÉOGRAPHIQUE, comme qui dirait QUÉBÉCOIS par opposition à ONTARIENS, ou FRANÇAIS par opposition à ANGLAIS ou AMÉRICAINS par opposition à CANADIENS.
C’est la littérature occidentale, axée sur la racialisation à outrance, qui a tout travesti en inventant les concepts de « SÉMITE » ou autres absurdités pour occulter l’origine nègre de certains groupes ethniques ou de certaines inventions attribuées à tort au Blanc ou au « Sémite », comme les CHIFFRES ARABES. Sinon L’HÉBREUX lui-même, ANCÊTRE DU JUIF, est quoi d’autre sinon un NÈGRE PASTORAL par opposition au Nègre sédentaire qui l’a esclavagisé pendant plusieurs siècles? Quand on veut blanchir l’Histoire vaille que vaille, on tombe dans des mystifications invraisemblables qui parlent de tout et de rien sans jamais accoucher d’une once de vérité.
Bref! Je me contenterais de rappeler L’ORIGINE DU BLUES à monsieur Trudel. MONSIEUR TRUDEL, JE SUIS DÉSOLÉ DE VOUS DÉCEVOIR, Mais L’ORIGINE DU BLUES EST NÈGRE. À CENT POUR CENT, SANS AUCUN MÉLANGE POSSIBLE, SANS AUCUN MÉTISSAGE POSSIBLE. JE VEUX DIRE : SANS AUCUN MÉTISSAGE DU NÈGRE ET DU BLANC INDO-EUROPÉEN DONT DESCENDENT LES BERBÈRES D’AFRIQUE DU NORD QUI SONT VENUS S’INSTALLER SUR LES RESTES D’AUTRES CULTURES NÈGRES. JE CROIS QUE NOS FRÈRES D’AFRIQUE DU NORD SAVENT LA VÉRITÉ SUR CETTE QUESTION.
ET POUR ÊTRE PLUS PRÉCIS, LE BLUES VIENT DE LA MUSIQUE DES CHASSEURS MANDINGUES, LES SIMBO (MAÎTRES CHASSEURS) FONDATEURS DE L’EMPIRE MANDING. SI VOUS AVEZ UN DOUTE LÀ-DESSUS, ÉCOUTEZ LA MUSIQUE DES SORA (LES GRIOTS DE CHASSEURS), AVEC LEURS HARPES DE FABRICATION MANDINGUE (LE DONSO KONI ET LE BOLONG) DONT UN SEUL SON SUFFIT À RÉVEILLER LES MORTS QUI VIENNENT SE JOINDRE AUX VIVANTS POUR CÉLÉBRER L’IMPÉRISSABILITÉ DE LA CULTURE ET DE L’HISTOIRE MANDINGUE QUI SE RENOUVELLE TOUS LES 7 ANS. OUI, AU MALI, NOUS AVONS UNE HISTOIRE TRÈS VIVACE ET IMMORTELLE, ET NOUS POUVONS REMONTER NOTRE GÉNÉALOGIE JUSQU’EN ÉGYPTE PHARAONIQUE, BIEN AVANT SON OCCUPATION PAR LES POPULATIONS À PEAU BLANCHE.

Outre cette mise au point, je rappelle à monsieur Trudel que ALI FARKA TOURÉ, DOUBLE GRAMMY AWARD, était un habitant du Désert sans être un Touareg. Qu’on arrête donc de nous rabattre les oreilles avec ces pseudos concepts qui ne sont autres que du RÉVISIONNISME. Le Touareg n’est pas plus persécuté ou défavorisé qu’une autre couche de la société malienne. La preuve : personne ne l’empêche d’organiser son Festival annuel du désert où selon vos propres propos prennent part des sommités comme Robert Plant de Led Zeppelin (un groupe qui nous a fait rêver pendant notre adolescence avec l’inoubliable et l’indémodable
’’ Stairways to heaven ’’). La vie nomade que le Touareg mène dans le désert relève de son propre choix, et c’est une valeur ancrée dans ses traditions. Il faut savoir du reste, qu’il existe des Touaregs sédentarisés notamment à Bamako qui se mêlent volontiers aux autres, sans se sentir différents d’eux. Aussi bien hommes que femmes. J’ai souvenir d’une famille de Touaregs dont les garçons faisaient des ravages au niveau de la gent féminine bamakoise. Des tombeurs tout faits. Et leurs sœurs suscitaient aussi la convoitise des jeunes loups aux dents longs. Je ne me suis jamais senti différent d’eux. Par ailleurs, monsieur AG HAMANI, un Touareg, a été plusieurs fois ministre au Mali et sous différents régimes. Il fut d’ailleurs le premier Chef du Gouvernement sous le règne d’Amadou Toumani Touré, l’actuel Chef d’État du Mali.
Le conflit touareg est aussi vieux que l’histoire du Mali. Dans l’épopée mandingue du moyen-âge, on retrouve les traces de ce conflit qui entraînait des expéditions punitives de la part des KÈLÈ MANSA MANDEKA, les Seigneurs de la guerre du Manden. Les multiples SONJATA (oui, il y en eu plusieurs contrairement à ce qu’affirme la légende) ont eu à se frotter à cette rébellion touareg qui se réveille sporadiquement pour se calmer ensuite. C’est inhérent à l’histoire du pays. N’eût été la façon maladroite avec laquelle les idéologues occidentaux abordent cette question, je n’y aurais pas consacré tant de fougue, parce que je sais que l’Histoire se répète sans cesse. Il y a certaines choses qu’on ne peut comprendre qu’en plongeant dans une enquête historique. Comme la notion de l’Éternel Retour du Même ou la notion de la relativité du Temps. Le Temps n’existe pas, ce n’est qu’une illusion. Passé, présent et futur sont une seule et même chose. Mais les choses essentielles ne peuvent s’expliquer par des mots. Elles se passent de mots. On sait ces choses, mais on ne peut pas toujours les transmettre… L’Occident croit avoir apprivoisé l’Afrique, mais ce n’est qu’illusion. L’Afrique est en train de payer ce qu’elle a fait à ses propres fils, Noirs ou Blancs (parce que le Blanc aussi est un fils de l’Afrique qu’il a fuie pour les terres glaciales, à cause certainement de la persécution de ses autres frères, un débat qui ne sera pas soulevé ici). Quand l’Afrique aura expié ses fautes, elle régnera de nouveau sur le monde. Et, comme le Temps n’existe pas, elle règne déjà sur le monde… Mais, comment expliquer cette nébuleuse vérité aux rationalistes? Avec quels mots?

Dans son excellent livre FRANCE-AFRIQUE / LE CRIME CONTINUE (tahin party 2000), l’auteur français FRANÇOIS XAVIER VERSCHAVE, grand militant des Droits humains, s’attarde sur les DISCOURS CULTURALISTES qui se surimposent aujourd’hui aux DISCOURS RACISTES, les uns et les autres permettant de justifier l’exploitation et les traitements discriminatoires qui fondent le néo-colonialisme. Toujours selon le même schéma imposé par l’Occident imbu d’une supériorité établie selon ses propres critères. Je donne un extrait de ce fantasme livret, pas plus gros qu’une main : « Le premier stéréotype dont pâtissent les Africains est ce « L’Afrique » qui gomme la diversité des réalités politiques et économiques et renvoie chaque pays au seul contour géographique d’un continent : il fonctionne de la même manière que les discours biologisants qui figent les individus dans une nature ou une tradition indépassables. Il suffit de parcourir les dépliants des agences de voyages pour comprendre qu’aller « là-bas », c’est encore, sinon apporter la civilisation, du moins se conforter dans la croyance que l’occident est la civilisation. Cette vision occidentale de « l’Afrique » est directement issue du racisme colonial. Les discours sont simplement remis au goût du jour : les individus sont moins donnés comme les représentants d’une race différente (« les Noirs ») que d’une culture différente (« les Africains »). »
Voilà l’idéologie raciste et coloniale démasquée en seulement quelques phrases. Ceux qui ont bien pénétré ces passages peuvent ainsi comprendre pourquoi, sous le couvert de la défense des droits humains, certains articles sensationnalistes sans aucune consistance sociologique sont faits sur l’Afrique. Pour ne citer qu’un exemple, rappelez-vous un certain article paru ici au Québec et exhibant, à la UNE, une fillette malienne, le sexe ouvert, en train de se faire exciser. C’est une chose d’attirer l’attention sur les dangers de l’excision, c’en est une autre de fouler les droits fondamentaux d’une mineure qu’on expose au VOYEURISME OCCIDENTAL pour faire vendre un journal. Nous nous étions expliqués sur ce sujet, mais pas assez, pas devant l’auditoire requise. Le moment venu, nous exposerons les dessous de cette affaire. Il ne faut pas non plus croire que parce qu’on est journaliste et qu’on dispose d’une tribune, qu’on peut brouiller l’information pour des préoccupations personnelles. On n’a pas besoin de quitter le Québec et aller jusqu’au Mali pour attirer l’attention sur les mauvais traitements infligés à l’enfance. Chaque année, le Canada est indexé par les rapports d’organismes internationaux pour ses mauvais traitements infligés aux personnes vulnérables (autochtones, enfants, immigrants, etc).
Avec toutes les richesses dont il dispose, il ne devrait pas avoir autant de pauvreté au Canada, avec une majorité d’enfants (surtout au Québec) qui vont à l’école le matin, sans avoir pris de petit déjeuner, parce que leurs parents n’ont pas les moyens. Il y a visiblement un grand malaise dans ce pays où les journalistes, au lieu de parler des vraies affaires, s’acharnent sur les plus exposés et s’adonnent à du sensationnalisme. Ce n’est pas pour rien qu’un récent sondage auprès de ce corps révèle l’inquiétude d’un grand nombre de journalistes sur l’avenir de ce métier où la publicité et l’argent prennent de plus en plus de place au détriment de l’information vraie.
Peuples exploités et écrasés, exclus du débat public, unissez-vous et informez-vous, pour prendre des mesures appropriées contre cette machine machiavélique à la solde du capital. Quand les RECOURS EN JUSTICE vont se multiplier contre les DÉSINFORMATEURS et les MANIPULATEURS D’OPINION, il y a des chances qu’on respire un air plus pur. IL FAUT RÉTABLIR L’ÉQUILIBRE DES FORCES.

Mountaga Fané Kantéka
Juriste, journaliste et écrivain-poète