jeudi 10 décembre 2020

QUI EN A APRÈS MOI AU QUÉBEC?

 

Depuis quelques jours, je constate, lors de ma marche quotidienne des voitures de police ralentir à mon niveau, comme pour m'intimider. Et je constate aussi des individus louches sur mon chemin.

Je cherchais à comprendre qu'est-ce qui a pu changer dans ma routine pour qu'on mette autant de pression sur moi. Et comme, si cela ne leur suffisait pas de me filer, de façon aussi maladroite que criminelle, ils se sont attaqués à mes comptes FACEBOOK, mon compte privé et ma page publique, me faisant croire que ça venait de Facebook. Ils m'empêchaient d'avoir accès à ma messagerie privée. Et j'avais remarqué qu'il y avait 4 messages non lus.

J'ai tenté par tous les moyens de régler le problème, en envoyant à Facebook des messages qui sont restés lettres mortes. Finalement, j'ai pu remonter aux messages qu'on tentait de me cacher. Et là, j'ai compris la source du problème.

C'est une AFRICAINE qui a tenté de me joindre sur Messenger. Et cette Africaine fait face à un DÉNI DE JUSTICE depuis plus de 15 ANS pour une affaire d'AGRESSIONS SEXUELLES et VIOL perpétrés sur elle par un DÉPUTÉ CANADIEN. Et la police québécoise et une juge d'instruction sont impliqués dans le BLOCAGE de son dossier. J'y avais consacré un article en 2008 sur mon blog (voir le document: https://kanteka.blogspot.com/2008/11/).

Récemment, j'étais rentré en contact avec l'Africaine et l'avais mise en contact avec deux femmes journalistes noires. Et, constatant le silence de ces deux journalistes noires (certainement bloquées par leur hiérarchie), l'Africaine a essayé de me contacter par Facebook. Et c'est pourquoi, j'ai ces ennuis de tous les diables.

RACISTES QUÉBÉCOIS, je vous avertis! Je ne suis pas ce genre de Nègre qu'on peut castrer. Je croyais que vous l'aviez compris, mais apparemment vous continuez à vous entêter, à moins que ce ne soit l'énergie du DÉSESPOIR.

Je suis encore à la recherche d'un avocat pour diligenter une procédure contre la police (pour entrave à la justice) et l'université de Montréal (pour Harcèlement, tentative d'extorsion de document et discrimination raciale). Vous l'avez compris, je ne lâche jamais rien. Et j'aurai gain de cause. Tout comme l'Africaine. S'attaquer à la femme noire, c'est s'attaquer à Dieu. Je n'ai pas besoin de vous l'expliquer.

MF KANTÉKA

NB: Par souci de concision, je n'ai pas mentionné d'autres incidents répréhensibles auxquels je fais face ces temps-ci, car je suis très occupé à finir des ouvrages. RELAYEZ LE MESSAGE, SVP!

vendredi 16 octobre 2020

CLARIFICATION SUR LA DIFFÉRENCE ENTRE "DJALIYA" ET "NYAMAKALAYA"

 


Au Mali, la perte de mémoire par rapport à l'histoire va de pair avec la falsification ou la dénaturation du sens des mots. À force de jouer avec les mots pour favoriser l'implantation des légendes (à des fins idéologiques), on a fini par perdre leur sens véritable. Il en est ainsi du mot "nyamakala" qu'on a tendance à rendre synonyme de "djali" ou "djéli". Or "djaliya" ou "djéliya" (qualité de griot) fait partie de "nyamakalaya". En d'autres termes, si tous les griots sont des "nyamakalaw", tous les "nyamakalaw" ne sont pas des griots (djaliw ou djéliw). Il y a une hiérarchie entre les "nyamakalaw". Et leurs compétences sont en principe compartimentées, même si on peut parfois assister à des interpénétrations.

Le grand conteur, Djéli Baba Sissoko, a déjà fait la remarque dans une vidéo en insistant sur le fait qu'il se considère comme un " nyamakala" et non un "djéli". La différence qu'il en fait est que le "nyamakala" est un travailleur et un intercesseur tandis que le "djéli" est un quémandeur qui crie derrière le premier venu pour lui soutirer de l'argent. C'est un peu réducteur comme jugement. Et la définition que donne Djéli Baba Sissoko du mot " nyamakala" (« aidez-moi à coudre (les liens sociaux)») n'est pas exacte. Pas plus que celle donnée par l'ethnologue Youssouf Tata Cissé qui le définit comme « homme de talents» ou « artisan ».

En vérité, le mot "nyamakala" est composé de deux substantifs "nyama" et "kala" dont chacun a au moins deux significations. Pour faire court et pour ne pas dévoiler prématurément les résultats de mes recherches, "nyamakala" désigne plutôt l'homme de savoirs, y compris le savoir magique et religieux…

Je prie donc les griots du Mali de ne pas réduire la "nyamakalaya" (qualité de "nyamakala") à la "djaliya" (qualité de griot). J'en profite pour dire que, contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, le "djali" ou "djéli", n'est pas un subalterne, mais un aristocrate à l'origine. Si certains Maliens comprenaient le sens des chansons (chantées dans leur langue natale), ils le comprendraient aisément.

Aujourd'hui, certains griots préfèrent se faire passer pour des subalternes pour gagner leur vie, puisque notre société a changé de mode de fonctionnement. J'en profite aussi pour dire que le sens péjoratif qu'on donne au concept « hommes de caste » ("nyamakalaw") chez nous est une monumentale aberration, puisque l'homme de caste est l'homme des privilèges par excellence. Je réserve les développements sur le sujet à l'ouvrage sur lequel je travaille depuis un certain temps.

 

MF Kantéka

mardi 6 octobre 2020

REBELOTE AU MALI: DE NOUVEAU SUR LES CHARBONS ARDENTS

 

On y est! Sitôt le gouvernement de transition mis en place, le M5-RFP déterre la hache de guerre, ce mardi 6 octobre. Nous plaçant dans la perspective d'une nouvelle situation insurrectionnelle dans le pays. Les détracteurs s'empressent déjà de crier à la « soif de pouvoir » de politiciens mis au rancart par les jeunes loups de la junte militaire qui se sont érigés en sauveurs du peuple malien. Comme s'ils oubliaient soudainement que sauver le Mali, c'est d'abord gagner la guerre contre le « terrorisme » qui fait rage au nord et au centre du pays.

Nous aimerions poser une simple question à ceux qui dénigrent les membres du M5-RFP. Qui d'entre eux aimerait voir quelqu'un venir confisquer le fruit de sa lutte? C'est de cela qu'il est question ici. En vertu de quoi Assimi Goïta et sa troupe, longtemps restés inactifs face au chaos qui minait le pays, s'érigent-ils soudainement en sauveurs et décideurs politiques?

 

ENTRE LE FAUX ET LE VRAI COUP D'ÉTAT

 

Nous n'allons pas nous répéter en rappelant derechef que l'opération du 18 août 2020, ayant conduit au départ du président IBK, n'était qu'une mise en scène. Dont le but principal était de sauver le potentat déchu et son problématique fils, Karim Keita. Sans quoi, ils allaient être lynchés par la foule en colère. Et les militaires n'auraient rien pu faire contre ce lynchage. Ils se sont débrouillés pour les faire sortir du pays, afin de les mettre définitivement à l'abri. Donc, plutôt que parler de « coup d'État», il faudrait surtout parler d'opération de sauvetage du président de la république et de sa famille.

En revanche, il y a bel et bien eu un coup d'État contre les membres du M5-RFP. Cela aussi, nous l'avons signalé dans un précédent article. Ils se sont faits dribbler par les petits opportunistes militaires, aux ordres de la France et autres puissances coloniales.

Ceux qui disent que la véritable question est l'intérêt du Mali, nous les prenons au mot. En vertu de quoi les militaires seraient plus habilités que ceux du M5-RFP à diriger le Mali? Comme les hommes ont la mémoire courte! Qui oserait nous dire que le régime militaire de Moussa Traoré, venu au pouvoir par un pustch contre le régime civil de Modibo Keita, a été salvateur pour le Mali? Et, plus proche de nous, a-t-on déjà oublié les deux mandats du général ATT qui avait troqué l'uniforme militaire contre le costume de président civil? Qui oserait nous dire que ce régime a été un exemple de réussite, en matière de lutte contre la corruption et l'insécurité, entre autres? A-t-on déjà oublié les cents militaires maliens, égorgés comme des moutons de Tabaski, à Aguel Hoc sous son règne? Nous avons encore, dans nos archives, les photos de cette horrible tragédie — qui ressemble à s'y méprendre à un rituel maçonnique. Et quid du passage houleux et éphémère de la troupe du jeune Amadou Haya Sanogo qui, en l'espace d'une petite année de règne, a sombré dans la mégalomanie et a fait couler un ruisseau de sang au sein des bérets rouges et de ses propres membres, bérets verts? Et quid de la corruption rampante qui règne au sein de l'armée malienne, au niveau des hauts gradés? Même en temps de guerre, ils n'hésitent pas à détourner les fonds de l'armée. Même l'armement est détourné de son but.

 

"DIOMAYA" OU LA SOUS-ESTIMATION

 

La guerre politique qui va bientôt être déclenchée au Mali entre les opportunistes militaires et les membres du M5-RFP, en plus des enjeux politiques, rentre dans le cadre de ceux que les griots mandingues appellent "diomaya kèlè". C'est à dire la lutte pour laver un affront. Un affront infligé par quelqu'un qui nous sous-estime. Les militaires ont eu le tort de croire que leurs armes peuvent leur permettre d'en imposer à des civils aux mains nues. Quels que soient ceux qui les manipulent, ils ne pourront pas faire face longtemps à une insurrection populaire.

Et, comme ils l'ont déjà fait, rien ne sert de chercher à monter d'autres civils contre ceux du M5-RFP. Parce que, dans un très court laps de temps, s'ils n'arrivent pas endiguer la menace « terroriste», ces civils vont se retourner contre eux. Ils seront pris dans leur propre piège. En attendant, certains s'empressent déjà d'exiger des nouveaux « maîtres » du pays qu'ils fassent leur déclaration de biens personnels, afin de prémunir le pays contre les inévitables détournements de fonds qui vont survenir pendant cette transition politique.

Comment Assimi Goïta — vraisemblablement un homme de paille — et sa troupe peuvent faire preuve d'autant d'indélicatesse et de manque de jugement en poussant l'outrecuidance jusqu'à revendiquer la paternité d'un enfant dont ils ne connaissent même pas la mère?

 

MF Kantéka

lundi 28 septembre 2020

LE MALI FACE AU SPECTRE DE L'ÉTERNEL ÉCHEC POLITIQUE

 

La crainte que nourrissaient beaucoup de Maliens est devenue réalité avec les choix du Président et du Premier ministre de la transition politique. Le premier, Bah N'Daw, militaire à la retraite, est un septuagénaire qui a servi notamment sous le régime militaire de Moussa Traoré et celui d'IBK (Ibrahim Boubacar Keita). Malgré son intégrité affirmée, il n'en demeure pas moins un serviteur des régimes décriés et combattus avec rigueur. Le second, Moctar Ouane, âgé de 65 ans, est lui aussi un ancien ministre d'ATT (Amadou Toumani Touré). Perçu comme un pion de la France, certains se sont empressés de l'accuser — à tort?— de traîner derrière lui une casserole de près de 65 milliards de francs CFA. Ceci pour dire que ces choix sont discutables et jurent avec la volonté de changement affichée par les contestataires de l'ancien régime. Pourtant, il y avait bien des Maliens, à l'intérieur comme à l'extérieur, qui pouvaient être choisis pour remplir ces fonctions. Et parmi eux, il y a des jeunes qui n'ont trempé dans aucun de ces régimes honnis. Ajoutons à ces désagréments, la présence du jeune et ambitieux militaire Assimi Goïta (aspirant au messianisme) qui s'incruste, en s'octroyant le poste de vice-président de la transition, comme pour revendiquer la paternité du mouvement populaire qui a conduit au départ du Président IBK. Confirmant la confiscation que nous avons évoquée dans notre dernier article ("LA RÉCUPÉRATION DE LA LUTTE POPULAIRE PAR LES MILITAIRES"). Du coup, l'euphorie révolutionnaire a viré au cauchemar. Le rêve éphémère d'un « Mali nouveau » semble s'être envolé! Le branle-bas d'une nouvelle révolte est déjà en marche du côté du MDP (Mouvement Démocratique et Populaire), dirigé par le jeune Adama Ben Diarra alias Ben Le cerveau, ayant pris ses distances par rapport au M5-RFP qui est sur le point de voler en éclats (si ce n'est déjà fait). On y crie à la « trahison ». Une « trahison » imputable tant aux militaires du CNSP (Comité National pour le Salut Public) qu'au guide Mahmoud Dicko, voué aux gémonies, qualifié de « traître ». Des partisans de l'ancien Président IBK y vont aussi de leurs critiques et de leurs exigences. On se dirige droit vers de nouvelles alliances visant à combattre l'imposture des nouveaux maîtres du pays. 

 

 LA RÉPÉTITION DU MÊME SCÉNARIO 

 La fâcheuse situation, à laquelle on assiste aujourd'hui, n'est que la réplique de ce qui s'est passé huit ans auparavant, suite au coup d'État perpétré contre ATT par la troupe du capitaine Amadou Haya Sanogo. Et cela nous avait inspiré un édito dans "Le Filon", en date du 7 janvier 2013 ("LE CERCLE VICIEUX DU POUVOIR") dans lequel nous disions: « Acclamés et affichant au départ des idéaux rénovateurs, nos jeunes putschistes du 22 mars 2012 ont été vite rattrapés par la funeste réalité de la politique malienne qui, depuis 1960, n'est qu'une suite de reconductions des mêmes personnes au pouvoir! Cela se confirme avec la nomination du septuagénaire Django Sissoko au poste de Premier ministre, succédant à Cheick Modibo Diarra — lui-même gendre de l'ex-Président Moussa Traoré sous lequel Django Sissoko a aussi servi. « Si certains approuvent ce choix, au nom de l'expérience et de la continuité, d'autres le voient comme une poursuite des politiques antérieures tant décriées, ayant justement servi de justification au putsch. du 22 mars. " À quoi bon chasser ATT si c'est pour reconduire l'homme qui lui servait de cheville ouvrière?", s'interrogent-ils. Pourquoi en effet parler de continuité quand on s'inscrit dans la logique de la rupture? Ce paradoxe est inhérent à la sociologie politique d'un Mali enferré dans un fixisme nourri par des légendes moyenâgeuses, hostile au progrès, réfractaire à tout vent nouveau. C'est le drame d'une société réactionnaire, mystifiée par une Tradition ancrée, ayant une curieuse lecture de l'histoire. Le pouvoir politique a du mal à s'évader de ce cercle vicieux. Dans ce contexte de tribalisme politique, le coup d'État se réduit à un simple moyen d'accéder au cercle restreint des privilégiés. Et non un mode de transformation des moeurs politiques. Les grandes déclarations sont vite contredites dans la pratique, semant encore plus de désarroi au sein de ceux qui aspirent à une société plus ouverte et plus égalitaire... » 

 

 LA QUESTION DE LA RELÈVE

Dans cet article, nous n'avons pas manqué d'aborder la question de la relève politique. À savoir « l'incapacité de la jeune génération à se démarquer de ses devanciers et à revendiquer et obtenir son droit à la reconnaissance.» Et nous indexions l'absence de formation idéologique, l'incapacité « de s'affranchir et de transcender le chimérique discours passéiste », de remettre en cause les jalons préétablis, de se passer du parrainage des caciques du milieu politique, de se mettre à l'abri des démons de l'arrivisme, le manque de vision et de projet collectif, le goût du lucre et du luxe, le culte de la personnalité, la paresse intellectuelle, la fausseté et la division. Toutes ces tares qui font que les vieux continuent à faire la pluie et le beau temps, avec la complicité de leurs jeunes protégés. Donnant au Mali l'image du chien qui se mord la queue. Cependant, nous avons pu observer, tout le long de la lutte du M5-RFP, des jeunes prometteurs comme maître Demba Traoré, Clément Dembélé, Nouhoum Sarr, Adama Ben Diarra et bien d'autres qui, à défaut du poste de Président, auraient mérité celui de Premier ministre de la transition. Mais, pour cela, il aurait fallu qu'ils ne se laissent pas abuser par toutes ces histoires d'expériences politiques, de carnet d'adresses et de CV. Car, l'histoire nous l'apprend, des révolutionnaires comme Thomas Sankara ou Jerry Rawlings ne sont pas venus au pouvoir avec des expériences politiques, des carnets d'adresses ou des CV kilométriques et ronflants. Ils y sont venus avec leur amour du pays, leur loyauté et l'esprit de sacrifice. 

 

 LA MAIN DE LA FRANCE ET SES FRANCS-MAÇONS MALIENS 

Pour finir avec cette succincte analyse, nous attirons l'attention sur des mouvements de revendications visant au retrait des soldats français du Mali, ayant eu lieu le 22 septembre à La Place de l'indépendance. Et aussi les allusions aux francs-maçons tout le long de la lutte pour le changement. C'est l'occasion pour nous de mettre en garde la France et ses serviteurs de la franc-maçonnerie locale qu'on soupçonne d'oeuvrer en coulisses pour bloquer les efforts de libération nationale. Le Mali est à la croisée des chemins, comme l'a constaté Nicolas Normand, l'ancien ambassadeur de France (au Mali). Il y a un décalage, pour ne pas dire un fossé infranchissable, entre la servilité des Maliens (francs-maçons) qui servent la France et et la hardiesse de ceux qui veulent en finir avec cette servitude déshumanisante. Le temps n'est plus aux tentatives consistant à étouffer les voix (notamment la nôtre) qui s'élevaient contre les pratiques rétrogrades. Maintenant, les populations sont averties sur les moeurs des gens des sectes. Qu'ils prennent garde à ne pas trop tirer sur la corde et de ne pas déclencher une chasse aux francs-maçons au Mali et dans toute l'Afrique. Les gens sont fatigués de leurs pratiques surannées. Alors francs-maçons, en toute cordialité, soyez attentifs à ce message: « Faites profil bas et laissez le Mali suivre le cours de son évolution historique!».

MF Kantéka.

lundi 14 septembre 2020

MALI: LA RÉCUPÉRATION DE LA LUTTE POPULAIRE PAR LES MILITAIRES

 

Un mois, moins six jours, après le départ du président malien IBK (Ibrahim Boubacar Keita), les tractations au niveau des concertations pour la future transition politique nous confortent dans l'analyse que nous avions faite de ce coup de théâtre ("DÉPART DU PRÉSIDENT MALIEN IBK: COUP D'ÉTAT OU MISE EN SCÈNE?"). En effet, tout semble indiquer que les jeunes militaires du CNSP (Comité National pour le Salut du Peuple), manipulés par des mains supérieures, n'ont fait irruption sur la scène politique que pour décanter la situation et, d'une pierre deux coups, court-circuiter les politiciens de la vieille garde qui ont dirigé la grogne populaire du M5-RFP. 

Outre les accrochages du début des concertations et les incitations des populations à réclamer un leadership militaire (ayant conduit notamment à la création d'un autre mouvement, M4, constitué en partie des partisans du président sortant IBK), nous sommes aujourd'hui devant le fait accompli, avec le refus du M5-RFP d'accepter les conclusions des concertations, au motif qu'elles ne reflètent pas la volonté du peuple malien. Dans un communiqué en date du 12 septembre, on dénonce la non-conformité du rapport final aux délibérations des groupes de travaux sur plusieurs points ainsi que des « intimidations [et] pratiques antidémocratiques et déloyales dignes d'une autre époque » qui ont justement servi d'arguments pour déboulonner le président démissionnaire IBK. D'où le constat de « la volonté d'accaparement et de confiscation du pouvoir au profit du CNSP ». 

Autrement dit, nous risquons de nous retrouver à la case de départ, à la seule différence qu'IBK et son problématique fils, Karim Keita, ont réussi à tirer leur épingle du jeu, en se mettant à l'abri, hors du pays. Et en laissant les affaires aux militaires qui leur doivent leurs promotions aux grades de colonel et de général, sans jamais avoir eu à commander, si l'on se réfère aux commentaires d'un membre influent du M5-RFP, NouhoumTogo, qui ne s'est pas gêné pour étaler, au micro de Kati 24, les carences des jeunes militaires, naguère acclamés comme des héros-libérateurs. En insistant au passage sur les tares des militaires, en général. Comme pour rappeler que la corruption n'est pas seulement une affaire de civils… Le pire dans tout cet embrouillamini est que nous n'avons jamais encore entendu, de part et d'autre, des propositions visant à sortir le Mali de ce schéma de gouvernance calqué sur celui de la France. Et nous n'avons eu aucun écho à l'appel que nous avons lancé au lendemain du « coup d'État ». Notre appel à une "RÉFLEXION SUR UN AUTRE MODÈLE DE GOUVERNANCE" au Mali. Nous nous demandons parfois à quoi sert-il de nourrir de nobles ambitions pour ce pays… 

 

MF Kantéka

vendredi 28 août 2020

MALI: LA RAISON D'ÉTAT CONTRE L'ÉTAT DE DROIT


Nous avons récemment entendu des débats dans lesquels on disait que, malgré le déroulement paisible de l'action concertée pour faire démissionner le président malien IBK, elle n'en demeure pas moins un coup d'État (qu'on estime condamnable). Pour cela, les débatteurs, dont des orateurs hors-pairs et des spécialistes du retournement de veste, avançaient des arguments juridiques, invoquant la Constitution et autres arguments techniques. Comme s'ils se voulaient plus légalistes que tous les autres juristes du Mali qui ont vu dans cette opération une façon de préserver l'intérêt supérieur du Mali, en le débarrassant d'un homme qui mettait sa survie en cause.
C'est pourquoi nous avons pensé à leur rappeler une règle qui transcende la Constitution. C'est la raison d'État! Et voici une des définitions qu'on donne de ce concept:
« La raison d'État est un principe d'action politique selon lequel l'intérêt ou la sauvegarde de l'État prime toutes les autres considérations, notamment les normes de l'organisation sociale, y compris celles de la morale et du droit. Ainsi, la raison d'État est invoquée par les gouvernants pour justifier une action illégale ou inconstitutionnelle au nom de l'intérêt public. Elle s'oppose aux notions de droit et d'État de droit.» (source: La Toupie)
Sur la base de la même définition, on peut aussi concevoir que cette raison d'État soit invoquée par une partie de la population, voire des militaires, pour écarter du pouvoir un danger potentiel pour le pays. Dans tous les cas, la Constitution ne saurait être une fin en soi (elle est même très souvent violée par ceux qui s'en servent pour accéder au pouvoir et s'y maintenir). La fin en soi est la survie de l'État.
On peut se servir des arguments de droit pour dire ce qu'on veut bien dire. N'empêche que la France elle-même, dont on singe les pratiques politiques, a donné sa bénédiction à ce changement de régime. Le ministre français Jean Yves Le Drian affirmait sur RTL que le président Macron a tenté en vain d'avertir IBK sur les dangers des pratiques consistant à truquer les élections. Et qu'en définitive, même si « il y a eu un coup d'État, il y a eu aussi la démission d'IBK.» Et que la France se met aux côtés du peuple malien.
Donc, insister là-dessus, comme le font les débatteurs-avocats du diable, c'est vouloir être plus royalistes que le roi. Y compris IBK lui-même qui affirme ne jamais vouloir retourner au pouvoir, même pour une seconde. Pas même pour tout l'or du monde! Alors, c'est quoi leur problème?

MF Kantéka

samedi 22 août 2020

MALI: RÉFLEXION SUR UN AUTRE MODÈLE DE GOUVERNANCE DÉMOCRATIQUE


« Le temps des sauveurs suprêmes est révolu! Il n'y a pas de sauveur suprême! Malheur au sauveur suprême!», aimait clamer l'ancien président Alpha Oumar Konaré, pour exorciser les bruits de bottes qui résonnaient à ses oreilles dans les couloirs de Koulouba, annonciateurs d'un hypothétique coup d'État contre son régime vacillant.

Nous n'allons pas aller jusqu'à reproduire la baveuse rhétorique d'un homme d'État en proie à la frayeur. Cependant, nous convenons que le temps des hommes-providence n'est plus. À supposer que ce temps ait un jour existé. En moins d'une décennie, de 2012 à 2020, le Mali a connu quatre chefs d'État: Amadou Toumani Touré, Amadou Haya Sanogo, Dioncounda Traoré, Ibrahim Boubacar Keita. Aucun de ces quatre chefs d'État ne connut un sort heureux. Et celui qui viendra après IBK subira certainement le même sort, les mêmes facteurs conduisant aux mêmes conséquences. Puisque ce n'est pas uniquement une question de personne, mais de pratiques politiques.

C'est donc le temps de s'arrêter un peu et de réfléchir davantage à un autre mode de gouvernance qui se démarque de ce copier/coller de la démocratie occidentale avec des schémas qui n'ont été que cause de désastres dans notre pays. Comme le dit un adage malien: « Kalan koun yé ko don yé ». Ce qui veut dire que le but des études est l'acquisition de la connaissance. Nous avons beaucoup de gens instruits dans la classe politique malienne et en dehors, s'exprimant bien dans diverses langues ou faisant preuve d'une grande expertise en matière de droit, de science politique ou d'autres disciplines. Pourtant, tous demeurent servilement accrochés au système de gouvernance de l'ancienne puissance coloniale qui a encore le contrôle total sur notre politique interne. Sachant fort bien que ce qui marche en France ne marchera pas forcément chez nous.

Pourquoi ne pas profitez de l'engouement créé autour de la répudiation du président IBK pour amorcer un virage décisif qui concrétisera l'avènement du « Mali Nouveau » que tout ce beau monde semble appeler de son voeu? Les leaders du M5-RFP n'ont-ils pas dit que l'un des buts de leur combat est d'en faire un exemple pour toute l'Afrique? Peut-on espérer être un exemple quand notre action consiste seulement à faire tomber un régime pour le remplacer par un autre qui va reconduire le même schéma de gouvernance? N'est-il pas possible d'opter pour une autre forme de gouvernance qui correspond au type de société dans laquelle nous vivons?

Oui, c'est possible et même assez simple d'opter pour une autre façon de gouverner le pays. Pourvu qu'on y mette de la volonté et autant d'ardeur que celle déployée pour chasser un président du pouvoir. Et la transition politique, qui se profile à l'horizon, devrait servir à élaborer une nouvelle constitution qui s'inspirerait des propositions auxquelles nous avons pensé et qui offre une autre alternative de gouvernance qui se démarque de la partitocratie qui prévaut en ce moment au Mali, comme dans bon nombre de pays africains. Et nous aimerons en discuter avec les autorités qui seront mises en place pour la transition politique. L'appel est lancé!

MF Kantéka

mercredi 19 août 2020

DÉPART DU PRÉSIDENT MALIEN IBK: COUP D'ÉTAT OU MISE EN SCÈNE?


Tuons tout de suite le suspense en disant que la question n'est que pure figure de rhétorique. Car, en l'occurrence, il n'y a point de coup d'État. Certes, l'arrestation du président malien Ibrahim Boubacar Keita, le mardi 18 août 2020, avec tambour et trompettes, avait toutes les allures d'un coup d'État aux yeux d'observateurs non avertis. Mais, en s'y attardant un tant soit peu, on se rend compte que c'était une solution bien concertée pour décanter une situation intenable et contenter tout le monde. Y compris le principal intéressé IBK, empêtré dans un piège politique dont il voulait se soustraire, en sauvant la face et les meubles. Comme on peut le constater dans son discours de démission dans lequel il disait: « Si aujourd'hui il a plu à certains éléments des nos forces armées de conclure que cela devait se terminer par leur intervention, ai-je réellement le choix ? Je ne peux que m'y soumettre, car je ne souhaite qu'aucun sang soit versé pour mon maintien aux affaires.» Autrement dit, comme l'armée s'y est mêlée, je n'ai d'autre choix que de partir, en évitant un autre bain de sang.
Bien avant ce discours de circonstance du président déchu, certains internautes maliens affirmaient que ce « coup d'État » a été orchestré par IBK lui-même, pour ne pas perdre la face devant la CÉDÉAO (Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest). Ce n'est pas entièrement faux. Cependant, l'idée vient de plus haut qu'IBK. Nous ne doutons pas qu'elle vient de la France. On pouvait déjà la pressentir dans un précédent article ("POURQUOI MAINTENIR IBK ALORS QU'IL EST DANS L'INCAPACITÉ MANIFESTE D'EXERCER LE POUVOIR?" ) dans lequel nous faisions référence à un article de "Monde Afrique" (" AU MALI, L'AVENIR INCERTAIN DU PRÉSIDENT IBRAHIM BOUBACAR KEITA") faisant état de la défiance des « partenaires occidentaux» vis à vis du président sortant, à cause de sa versatilité. Mieux que cela, l'ancien ambassadeur de France au Mali, Nicolas Normand, dans une entrevue accordée à "Mali Actu", en date du 7 août 2020, affirmait sans ambages qu'on est « à la croisée des chemins » et que « si la situation se dégradait, peut être que des militaires essaieraient d’assurer une certaine continuité de l’État devant le chaos qui s’instaurerait.» Le diplomate français ne pouvait être plus explicite. Et, surtout, il parlait en connaissance de cause.

En un mot, compte tenu de la crispation de la situation, ce « coup d'État », qui n'en est pas vraiment un, faisait partie des options pour sortir de la crise. Il est bienvenu et a été concocté pour aboutir à une sorte de catharsis sociale. Des militaires improvisés en acteurs de cinéma qui jouent leur rôle à la perfection, en tirant des coups de feu à Kati (faisant penser à une mutinerie), puis se mettant à défiler dans la ville, au milieu de manifestants avec lesquels ils sympathisaient, en échangeant sourires, tapes et poing levés. Avant d'aller cueillir IBK et son Premier ministre Boubou Cissé qui les attendaient sagement à la résidence présidentielle. Puis les emportant au camp militaire de Kati, sans grabuge, dans une ambiance plutôt bon enfant. Rien qu'à voir les photos des protagonistes à leur arrivée à Kati, on se rend compte qu'il n'y avait pas péril en la demeure. Et pour clore ce scénario, merveilleusement ficelé, le discours émouvant d'un IBK qui fait peine à voir, compte tenu de sa vieillesse et de sa faiblesse. De quoi faire taire, pendant un temps, toute rancoeur qu'on pouvait nourrir à son égard. Et susciter la pitié ou la compassion dans les coeurs les plus endurcis!

Il n'y a pas à dire, ceux qui ont élaboré ce scénario de putsch ont fait preuve d'un génie à saluer. Parce qu'au delà de la résolution de la crise politique, ils ont réussi à réconcilier un peuple avec son armée, en perte de vitesse face aux terroristes qui écument le septentrion et le centre du pays, en y semant dégâts et désolation. L'armée malienne, tous corps confondus, est peut-être la grande gagnante de cette opération de charme. En ralliant le combat du M5-RFP, elle redore son blason en apportant l'accalmie et l'espoir dans les coeurs. Et le nom de Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP) que s'est donné la junte militaire n'est pas usurpé, car elle s'est mise du bon côté de l'histoire en reprenant dans son discours la liste des calamités qui accablent le Mali en ces temps de turbulences.

Et si jamais vous doutez de la réalité de cette mise en scène, reportez-vous au coup d'État, qui était un vrai, perpétré contre ATT (Amadou Toumani Touré) en 2012. Ce n'étaient point des coups de sommation pour distraire le public, c'étaient des coups de canon qui ont été tirés sur le palais présidentiel, fracassant des blocs de béton, obligeant le locataire de Koulouba à fuir sur le dos de son garde de corps, en dégringolant de la colline du pouvoir. C'étaient des barrières militaires qui étaient parsemées un peu partout aux alentours de l'ORTM (Office de Radio-Télévision du Mali). C'étaient des gens qui fuyaient en traversant le Pont des Martyrs. C'étaient toutes les radios de la capitale qui ne pouvaient plus retransmettre. Et la télévision nationale sous silence radio jusqu'à une heure très tardive de la nuit. C'étaient des militaires ivres, torses nus, qui, dans la chaleur de la nuit, tiraient en l'air et projetaient d'aller prendre des hommes politiques (dont Soumaïla Cissé) et de venir les traîner sur le goudron…

Si vous en doutez encore, sachez que quand il y a coup d'État, il n'y a pas besoin de démission du président déchu. Dans le cas d'ATT, la lettre de démission a été exigée par la Cédéao, bien longtemps après le putsch. Rien que pour sauver la face. Et exorciser les démons du pronunciamiento qui guettent les présidents illégitimes d'Afrique.

Toujours est-il que le départ d'IBK est la réalisation d'un rêve prémonitoire que j'avais fait en 2013, avant son investiture, comme je le rapportai dans un précédent article: "ANALYSES ET VOYANCE POLITIQUES (2e Partie): LA FAILLITE D'IBK". Pour finir, je fais un petit clin d'oeil complice, pouce levé, au président français Emmanuel Macron, sans doute le dénommé "Manuel" de mon rêve prémonitoire qui aurait neutralisé IBK, habillé de blanc, en l'emportant dans une voiture blanche. Mystères de la nature!
MF Kantéka

mardi 11 août 2020

MANIFESTATIONS AU MALI: LE DOUBLE LANGAGE DE MAHMOUD DICKO


Parmi les revendications du mouvement de protestation M5-RFP, la seule qui n'arrive pas vraiment à faire le consensus est la démission du président malien IBK (Ibrahim Boubacar Keita). D'abord pour ses partisans qui assurent l'avoir élu démocratiquement. Mais aussi au sein du mouvement M5-RFP dont l'autorité morale est l'iman Mahmoud Dicko.

En effet, d'après nos observations, plusieurs sources font état de la volonté de l'iman d'épargner IBK. Le hic est qu'il ne le dit pas ouvertement. On perçoit le problème à travers d'autres sources. D'abord, au niveau de son porte-parole Kaou Djim qui donne parfois l'impression d'être une girouette, au point que certains l'ont accusé un moment de traîtrise.
On se souvient d'ailleurs d'un débat dans lequel Cheick Oumar Sissoko disait que Kaou Djim parle au nom de la CMAS, et pas au nom du M5-RFP, et disait même que la CMAS pouvait se retirer de leur mouvement si elle ne s'alignait pas à leur niveau.

Ensuite au niveau d'autres proches de l'iman qui, excédés, lui ont reproché de ne pas dire clairement qu'il exige le départ d'IBK. La confirmation de cette réalité nous a été rapportée dans une entrevue accordée par le très influent prédicateur Chérif Ousmane Madane Haïdara le 10 aout 2020, à la veille de la dernière sortie du M5-RFP. La veille, l'iman Dicko, dans une communication, avait lancé un appel au prédicateur Haïdara et à ses disciples. Cependant, Haïdara affirme que Dicko s'est entretenu avec lui au téléphone, mais ne lui a jamais parlé de cela et qu'il ne peut pas s'inviter tout seul, tout en reprochant au régime d'IBK certains de ses déboires. Il a même envoyé un avertissement, en rappelant que « Bamako ne pourrait pas contenir ses hommes.» Une façon de dire que quand il va entrer dans la danse, IBK n'aura plus d'autre choix que de partir.

La question qui préoccupe ici est de savoir ce que veut au juste l'iman Dicko. Est-il seulement préoccupé par le départ du Premier ministre Boubou Cissé, afin de le remplacer par un autre, choisi au sein du M5-RFP, doté de pleins pouvoirs? Poser la question, c'est comme y répondre. Mais, l'iman Dicko se trouve piégé par les circonstances. D'abord, il est tenu à l'égard des jeunes qui sont morts dans ce combat dont certains dans sa mosquée. Dire ouvertement qu'il ne souhaite pas le départ d'IBK serait comme un affront à leur mémoire. Ensuite, à l'égard des autres composantes du M5-RFP qui réclament purement et simplement le retrait du Président de la république. Et surtout la base même du mouvement, c'est à dire les masses populaires que les leaders mobilisent. Et ces dernières y verraient une trahison impardonnable.

Cette ambiguité de l'iman Dicko a pour résultat d'affaiblir le mouvement, voire de faire avorter le combat. À quoi cela sert-il de faire durer le suspense? Que craint en vérité l'iman Dicko?

MF Kantéka

jeudi 6 août 2020

ANALYSES ET VOYANCE POLITIQUES (2e Partie): LA FAILLITE D'IBK



Vingt et un ans plus tôt, après le pamphlet décoché contre IBK (article "IBK se trompe-t-il d'époque?"), qui fit pâlir son étoile, je revenais un mois et un jour plus tard avec un autre article moins centré sur sa personne et plus axé sur sa gouvernance, en tant que Premier ministre d'AOK (Alpha Oumar Konaré). Après quelques tergiversations, le journal a jugé que cet article, moins virulent que le premier, mais non moins critique , était « publiable », sans qu'il y ait lieu de crier au scandale. Peut-être que son propriétaire Tiébilé Dramé s'est fait tordre le bras au niveau de la présidence, pour qu'il m'accorde plus de latitude pour faire descendre de son piédestal IBK qui n'était plus en odeur de sainteté sur la colline du pouvoir dont le principal locataire (lui aussi « victime » de ma plume par le passé) voulait le démettre de ses fonctions. Ou peut-être que le directeur de publication, Ibrahim Traoré, voulait en découdre avec son employeur (Tièbilé Dramé) qui ne cessait de l'humilier, en lui imposant la présence de son ami (le confrère ami d'IBK) et en s'attaquant à lui devant les autres journalistes. Toujours est-il que mon 2e article anti-IBK se fraya un passage dans les annales du Mali, en proie aux turbulences sociales et aux intrigues politiques.
Comme vous pourrez le constater, il n'y a pas une grande différence entre le Premier ministre IBK d'hier et le Président IBK d'aujourd'hui. Le Mali continue à tournoyer dans la spirale du même cycle infernal.

L'ÉCHEC DU « GOUVERNEMENT D'EXCELLENCE»

(publié le lundi 28 juin 1999 dans "Le Républicain", à Bamako)

Le triomphalisme est un péché en politique. Car, en la matière, les choses vont vite. Très vite. Si vite que l'espace d'un temps, on peut dégringoler. Héros d'hier, on se retrouve paria d'aujourd'hui, conspué par ceux-là mêmes qui nous acclamaient. Pour l'avoir oublié, IBK, avec son gouvernement autoproclamé « d'excellence », se trouve pris dans la nasse.


« Vous êtes excellent! » Ces mots résonnent encore dans mes oreilles. C'était il n'y a pas deux ans encore. Et ils émanaient de députés fraîchement élus pour qualifier le Premier ministre IBK, lorsque ce dernier procéda à la présentation, devant l'Assemblée nationale, de la politique générale du gouvernement. Un gouvernement qu'IBK lui-même n'hésitait pas à appeler « gouvernement d'excellence ». C'était le bon temps. IBK, le vent en poupe, claironnait urbi et orbi: « Je ne suis pas le chef d'un gouvernement fantoche.» ou encore: « Je ne suis pas le chef de gouvernement d'une démocratie bananière… Maintenant, ce pays a rompu avec les pratiques ayant cours en son sein par le passé. » C'était du beau IBK, ça! Maniant à merveille la langue de Molière, pour ne pas dire de Cicéron. Un IBK grandiloquent à souhait et triomphaliste sur les bords. Aussi bien dans les propos que dans la gesticulation. Tirant gloire d'une politique tape-à-l'oeil, plus soucieuse d'impressionner que de résoudre les questions de fond. Les vraies questions!
   
    En effet, si le gouvernement d'IBK pouvait se targuer de certaines réalisations en matière d'infrastructures (salles de classes, hôpitaux, routes, maisons à usage d'habitation…), certaines questions demeuraient plus que jamais posées. C'était l'emploi des jeunes. C'était l'administration de la justice, pilier de la démocratie. C'était la bonne répartition des ressources nationales. Car la corruption n'avait jamais été aussi criarde, notamment dans l'attribution des marchés publics. Et, malgré la construction d'hôpitaux, les soins restaient encore inaccessibles au plus grand nombre de citoyens. Soit parce que ces hôpitaux étaient sous-équipés, soit parce que les médicaments étaient trop chers, soit parce que ceux qui prodiguent les soins demeuraient corrompus et à la solde des riches. Et, malgré la construction des salles de classe, les années scolaires demeuraient encore perturbées par les incessantes grèves que le gouvernement d'IBK matait à coups de gaz lacrymogène. Avec sa politique plus basée sur les muscles que sur le dialogue.  C'est d'ailleurs cette politique musclée qui fut à la base de sa gloire éphémère. Certains voyaient en lui le sauveur du régime d'Alpha Oumar Konaré. Sans voir, qu'en fait, l'homme ne faisait qu'une gestion ponctuelle de la crise scolaire au lieu d'un règlement durable du problème.
La nomination d'IBK, au poste de Premier ministre, faisait suite à celle de deux autres. Le premier, Younous Touré, avait été nommé pour sa formation d'économiste afin de rassurer les institutions financières internationales et les encourager à investir dans notre pays fraîchement démocratisé. Le second, Abdoulaye Sékou Sow, l'avait été pour sa neutre coloration politique et son tempérament de conciliateur afin d'apaiser la tension politique dans le pays. Et IBK, qui venait en troisième position dans un contexte social surchauffé par les incessants mouvements estudiantins, n'avait guère le choix. Il devait sévir. Et fort. Puisqu'il avait été nommé pour cela.
   
    Mais, balayant du revers de la main toutes ces considérations, IBK se voyait comme étant le sauveur de la République. D'ailleurs ne lui ronronnait-on pas à l'oreille qu'il était le messie? Et puisqu'en plus de cela, tous les indicateurs étaient au vert. Les chiffres ne plaidaient-ils pas pour lui? Cité bon bon élève du FMI (Fonds Monétaire International), le pays affichait une croissance (selon les chiffres) qui le faisait envier par les voisins. Alors même que la pauvreté continuait à ronger les populations. Alors même que les denrées de première nécessité devenaient de plus en plus coûteuses. Alors même que de jeunes cadres dynamiques et talentueux sillonnaient les rues en quête d'emplois introuvables. Dans un pays où tout reste pourtant à faire. Un pays en friches!

    Eh bien, la vérité finit toujours par montrer son nez. Très vite, on se rendit compte que l'homme, bourgeois autoproclamé,  ne dédaigne pas le confort, multipliant à souhait les dépenses d'apparat et de prestige. Dans un pays aussi pauvre! On a parlé de la somme vertigineuse de 800 millions investis dans la seule réfection de sa maison. De 700 millions de facture de téléphone, etc. Et l'homme traînait derrière lui des élections bâclées qui ont englouti 15 milliards et plongé le pays dans des contestations qui ont failli le déstabiliser. Mais, c'est surtout la crise énergétique, que le pays connaît depuis plusieurs années déjà et qui a atteint son acuité cette année, qui a définitivement entamé le prestige éphémère d'un IBK plus seul que jamais. Comme l'écrivait si bien un confrère de la place, « l'excellence ne se décrète pas ». Mieux, on ne peut pas exorciser les rudes réalités par les mots. Et ce n'est pas avec la rhétorique qu'on fait la « politique d'excellence ». L'histoire nous apprend que Cicéron lui-même, qui a porté l'éloquence latine à son apogée dans ses plaidoyers, se révéla un médiocre politicien. Vaniteux à l'excès et toujours à la remorque d'un homme politique.

    IBK a tout simplement oublié que la politique est une question de prévention et non de gestion ponctuelle. Une affaire de prospective et non de bricolage. Sa politique n'aura finalement été qu'une construction de maison en banco où l'on colmate les brèches au fur et à mesure qu'elles se présentent. Et recommencer la même besogne à la moindre pluie. La « politique d'excellence » n'a pas besoin d'être clamée sur les toits. On la voit tout de suite. On l'a vue au Burkina-Faso avec Thomas Sankara qui, en quatre ans de règne, a fait subir une métamorphose à ce pays, tant au niveau des infrastructures qu'au niveau de la qualité de vie des citoyens. Surtout au niveau de la mentalité du Burkinabé qui a une conscience aigüe de la chose publique. Lui avait compris que la politique dans un pays pauvre n'est pas une sinécure, qu'il fallait être un apôtre de l'abnégation. Accepter de suer avec le peuple. Et ne pas surtout avoir une conception jouisseuse du pouvoir.

    L'humilité recommande en ce moment à IBK de faire son mea culpa et de tirer sa révérence.

Signé: Mountaga Fané

Vous remarquerez que, mis à part certains détails, ce portrait de la situation, fait 21 ans auparavant, correspond point par point à celui d'aujourd'hui, après 7 ans de règne du Président IBK. Avec en prime, l'hécatombe enregistrée par l'armée malienne, l'essor du grand banditisme, la corruption encore plus galopante, le népotisme comme on en n'a jamais vu au Mali, les grèves à répétition, les tueries de manifestants politiques et de simples citoyens. Bref, la faillite totale du pays. Avec à la clé la même question finale: le départ réclamé d'IBK.
Cependant, avant d'en arriver là, j'avais aussi prédit qu'IBK serait Président du Mali, malgré sa disgrâce auprès du président Alpha Oumar Konaré. Officiellement, il démissionnait en février 2000. Officieusement, il était poussé à la porte par les intrigues machiavéliques du Chef d'orchestre de Koulouba, le prince AOK, héritier de Nicolas Machiavel. Celui que j'avais surnommé Le Florentin. Et j'avais quitté Le Républicain dans des conditions assez cocasses, au grand dam de Tièbilé Dramé (pris à son propre piège) qui s'était débarrassé du directeur de publication, Ibrahim Traoré, pour le remplacer par un sous-fifre, avec la consigne de bloquer mes articles problématiques. Et je les donnais au journal Le Malien qui les publiait et les mettait à la UNE. C'est ainsi que je retournai à ce journal de mes débuts où j'avais une totale liberté de manoeuvre, sans même me donner la peine de présenter ma démission à Tièbilé Dramé. Je lui dis seulement d'en tirer les conséquences, quand j'étais allé le trouver au siège de son parti politique (PARENA) pour exiger le paiement de mes arriérés de salaire, en présence de Djiguiba Keita dit PPR. Et ma réclamation était assortie d'ultimatum. Heureusement qu'il s'est exécuté…

    Revenu au bercail avec Le Malien, je donnai libre cours aux articles les plus inspirés contre le régime en place. Pour en revenir à IBK, un mois et un jour avant sa « démission », dans un article d’analyse à la UNE, daté du 13 janvier 2000, intitulé "QUI APRÈS ALPHA ?", j'explorai les pistes au sujet de la succession du président en exercice Alpha Oumar Konaré. Et j'écrivis: « IBK ou ATT ! Voilà la seule alternative qui revient dans les causeries de salon. Comme si nulle autre possibilité n’était envisageable. Or ni l’une, ni l’autre solution ne nous paraissent être l’idéal pour ce pays… Eh, oui ! Rien ne sert de se leurrer. Si jamais aucune autre piste n’est explorée hormis l’équation IBK-ATT, LES MALIENS S’EN MORDRONT LONGTEMPS LES DOIGTS. » Et plus loin, après avoir invité la classe politique à puiser dans les forces vives du pays, je conclus : « Et nous espérons qu’il en sera ainsi. Sans quoi, l’unique alternative IBK-ATT, serait DRAMATIQUE pour ce pays.»
Je revins encore là-dessus dans un billet satirique daté du 27 MARS 2000, intitulé "Y A-T-IL ENCORE UN HOMME D’ETAT AU MALI ?" pour tirer sur la sonnette d'alerte.

    Ensuite, j'aperçus IBK un dimanche après-midi du côté de la cité du Niger, alors que je me faisais remorquer par un voisin et un grand fan de mes articles. Ce dernier s'empressa d'aller rejoindre le potentat déchu et lui dit qui je suis. On eut alors l'occasion d'échanger une poignée de mains. Et je sentis sa main fraîche et douce comme celle d'un nourrisson, attestant de sa bonne santé physique et mentale qu'on pouvait déjà voir sur sa mine radieuse. Cela me donna encore l'occasion d'écrire un billet, intitulé "ATTENTION! IBK N'EST PAS ENCORE MORT!", dans lequel je fis le compte rendu de ma rencontre avec lui, ajouté à d'autres informations que j'avais sur lui. Et j'affirmai que le fait de ne plus être au pouvoir lui a été très bénéfique, en lui donnant la chance de se régénérer. Et qu'il est maintenant prêt à prendre le pouvoir. Un lecteur du journal dit au directeur de publication, Cheick Fanta Mady Keita (paix à son âme), que je ne connais pas la politique, vu que la relégation d'IBK par AOK l'avait définitivement écarté du chemin du pouvoir. Il n'était pas le seul à penser ainsi. Je dis à Cheick Fanta Mady: « C'est simple! Le temps nous le dira.» Mais, Cheick Fanta Mady est, hélas, mort la même année, dans des circonstances nébuleuses, dans la fleur de l'âge, sans avoir l'occasion d'entendre le verdict du temps. IBK, écarté de la présidence en 2002 par la fraude au profit d'ATT, est plébiscité en 2013 (suite au putsch perpétré contre le même ATT), puis reconduit frauduleusement en 2018, aux dépens de Soumaïla Cissé (porté disparu en ce moment). Et rattrapé par son destin d'homme calamiteux, constamment contesté. Et, c'est le Mali et les Maliens qui en font les frais aujourd'hui.

    Je finirai par une révélation qui m'a été faite dans un rêve en 2013, avant l'investiture d'IBK. Dans mon rêve, on est venu me dire qu'IBK a été neutralisé par un certain MANUEL. Et je le voyais embarquer dans une camionnette dans laquelle on l'emportait sur le Pont des Martyrs. Trois ans et poussière après, la France élit EMMANUEL MACRON comme président. Et j'espère bien qu'il est le MANUEL de mon rêve qui va décider IBK à quitter le pouvoir. Sinon, comme j'ai eu à l'écrire sur Twitter ou sur Facebook, IBK et sa famille risquent de subir le même sort que ROBERT GUÉI de la Côte-d'Ivoire. Et je ne le souhaite pas. Vivement que le jeune Manuel Macron convainque son vieux « compatriote » IBK de s'éloigner du Mali, en prenant le chemin de l'exil, ne serait-ce que pour un temps. Le temps de laisser les sentiments de colère et de frustration s'assoupir. C'est le moindre mal pour lui et pour les Maliens.

mardi 4 août 2020

ANALYSES ET VOYANCE POLITIQUES: QUAND LE TEMPS DONNE RAISON À MES ÉCRITS SUR IBK ET CONSORTS (I)



Le 15 juillet dernier, soit un peu plus de deux semaines auparavant, je rafraichissais les mémoires en faisant ressortir des articles datant du début de règne du président malien d'IBK (Ibrahim Boubacar Keita), prédisant sa fin. Aujourd'hui, je remonte plus de vingt ans en arrière, en faisant sortir de mes archives des articles que j'avais écrits sur lui quand il était encore le Premier ministre d'AOK (Alpha Oumar Konaré) et après sa disgrâce. Et pour cela, j'ai pris la peine de recopier ces articles qui sont sur support papier, mêlant le pamphlet, l'analyse et la prospective politique. L'exercice en vaut la peine, car il m'offre l'occasion de numériser certains de mes écrits dans le but d'en faire un recueil de textes, destiné à l'enseignement dans les écoles de journalisme et de sciences politiques.

Premier article: IBK SE TROMPE-T-IL D'ÉPOQUE?
(publié le jeudi 27 mai 1999 dans "Le Républicain", à Bamako)


« Vous devez coopérer avec nous. Nul ne doit chercher à déstabiliser le Mali. Ne gérez pas la rumeur. Venez chercher l'information. Nous avons créé la cellule gouvernementale d'information pour cela…»

Ainsi s'adressait à la presse réunie, à l'occasion de la journée de restitution de la Table ronde de Genève, Le Premier ministre IBK, pointant l'index et sur un ton comminatoire.
C'était du IBK tout craché. Les propos dérangeants, le ton et la gestuelle agressifs, le regard furieux. Tout y était. En effet, l'homme, tout en s'attribuant les vertus d'un démocrate, cache mal son goût du commandement. D'aucuns disent qu'il ressemble étrangement au dictateur déchu, le Général Moussa Traoré. Mis à part son « latin de foire » (car l'homme aime à s'exprimer dans un vocabulaire suranné et emphatique) et sa petite taille. Ce qui n'est pas d'ailleurs faux. Car, IBK a l'art de donner la chair de poule quand il s'exprime. À croire qu'il a une matraque à la place du verbe. Ses balourdises verbales ont fortement contribué à le rendre impopulaire jusque dans l'entourage du Président de la République dont certains proches collaborateurs ne font pas mystère de leur hostilité à son égard. Nous avons pu entendre des propos comme: « Rarement au Mali, sous la IIIe République, un homme avait réussi à réunir un tel consensus autour de sa personne. Mais, il a réussi à gâcher tout le capital de confiance et de sympathie accumulé en sa faveur par ses sorties malheureuses.» Ceux-ci n'hésitent pas d'ailleurs à affirmer que « si jamais le Président AOK s'avisait d'ouvrir la voie de la présidence à ce monsieur, c'en est fini du Mali!» Nous n'insisterons pas d'ailleurs sur la nuée de propos crus de ce genre, tenus à son égard. Ces mêmes sources nous apprennent que le Président AOK aurait laissé entendre que « le pouvoir lui est monté à la tête », quand on lui a apporté que le Premier ministre bourgeois a l'habitude de « couper la route » aux passants, même pendant le mois de ramadan, lors de ses déplacements.

Tout ceci, en définitive, pour dire qu'IBK se trompe d'époque. Ayant un goût morbide de la puissance, il confond la conception totalitaire et la conception démocratique du pouvoir. Premier ministre, nommé par simple décret, n'ayant aucune légitimité populaire et révocable à souhait, il agit déjà comme un seigneur sur ses terres. Qu'adviendra-t-il le jour où il siégera à Koulouba? S'interrogent bon nombre de citoyens avec angoisse. Certains confrères, à cette idée, pensent s'exiler, car, pensent-ils: « celui-là va tous nous foutre en taule.» Ce naturel autoritaire serait plus compréhensible si IBK avait conquis le pouvoir par les armes. Et seulement dans ce cas, il pourrait à sa guise proférer des menaces, en agitant l'index contre les journalistes et la nation entière. Mais, de grâce, dans le contexte actuel où les gouvernants sont censés émaner du choix du peuple, qu'il mette de l'eau dans son vin.

Un journaliste n'est nullement tenu de se fier uniquement aux sources institutionnelles. Mieux, il doit même s'en méfier, car les sources proches du pouvoir ont des experts en communication dont la tâche consiste à orienter le journaliste, dans le but d'occulter les erreurs du gouvernement. Aucun État au monde n'est prompt à se mettre à nu devant un journaliste. Le confrère qui se bornera à consulter exclusivement les sources étatiques devra se contenter de faire un journalisme de promotion de l'État. Pourra-t-il alors se considérer comme un vrai journaliste?

Signé: Mountaga Fané

NB: Quand je vins présenter cet article au directeur de publication, Ibrahim Traoré, je n'étais pas sûr qu'il allait le publier, compte tenu de sa tendance à censurer mes papiers. Mais, à ma grande surprise, après lecture du texte, il s'est écrié: « Je prends l'article. Je le prends. Je le prends.» Et il l'a mis à la UNE du Républicain, à ses risques et péril. Le propriétaire du journal, Tièbilé Dramé (actuel ministre des Affaires étrangères d'IBK), l'a vivement critiqué. Tièbilé, qui me snobait, a même jugé nécessaire de m'adresser la parole, pour la première fois, dans un mélange de fureur et d'admiration. Il craignait qu'on dise que c'est lui qui a commandité l'article. Cependant, il insista pour qu'on mette mon nom dans l'ours du journal où j'étais considéré un peu comme un « étranger», vu que ma plume ne correspondait pas à sa ligne éditoriale, très proche du pouvoir. Tièbilé Dramé était pris dans un sacré dilemme, vu qu'au niveau de Koulouba, mon article fut vivement apprécié, selon les échos que j'en ai eus de la part de mes « amis », collaborateurs du Président AOK. Son attaché de presse de l'époque (que j'ai connu en France et qui est un diplomate aujourd'hui) m'a dit qu'il a passé la journée à faire des photocopies de l'article pour les distribuer au personnel de la présidence qui faisait la queue pour s'en procurer. Un autre proche collaborateur d'AOK, un poète (paix à son âme) et un ami, malgré la différence d'âge, d'habitude très réservé, a trouvé que l'article était trop court et qu'il aurait voulu que je consacre plus de longueur sur les dérives d'IBK, dans le même style. Au niveau des confrères d'autres journaux, je reçus aussi de vives félicitations. J'appris aussi d'un confrère, ami de Tièbilé et d'IBK (dont il est un proche collaborateur aujourd'hui) que ce dernier faillit tomber en syncope à la lecture de l'article et s'écria: « Qu'est-ce que j'ai encore fait?» Et un médecin serait venu pour l'ausculter. La femme d'IBK aurait dit à ce confrère: « Comment peux-tu laisser publier un tel article, alors que tu travailles dans le journal?» Ce confrère s'évertua à me sermonner, en essayant d'y mettre des caresses… Un autre confrère d'un autre journal me dit, avec un accent prémonitoire, que je ne pourrai plus rester au Mali, après un tel affront à l'homme fort du pays. Il a eu raison, car un an et demi après, je prenais le chemin de l'exil. Mais, lui-même est en exil aujourd'hui, à cause du régime d'IBK qui a attenté à sa vie pour une tragique affaire que je ne mentionnerai pas ici. Au niveau de ma famille, j'ai eu quelques soucis… J'ai aussi passé des nuits à sortir avec une carabine à plomb dans ma voiture, lors de mes promenades, dans le but de faire peur à d'éventuels agresseurs et enleveurs de journalistes…
Je reviendrai pour la suite dans le 2e volet...

samedi 1 août 2020

MALI: QUI A DIT QU'UN PRÉSIDENT ÉLU NE PEUT PAS PARTIR AVANT LA FIN DE SON MANDAT?



Pour maintenir au pouvoir le contesté et contestable président malien IBK (Ibrahim Boubacar Keita), malgré sa faillite avérée et les tueries perpétrées sur des manifestants et sur des paisibles citoyens nuitamment, on avance l'argument-massue selon lequel il est indéboulonnable, vu que son mandat n'a pas encore expiré. Et, parmi ceux qui invoquent ce prétexte « démocratique», figurent les grands décideurs de l'Occident. Qu'en est-il dans la pratique?

Sans aller par quatre chemins et sans m'encombrer de détails superfétatoires, je citerai seulement deux exemples qui enlèvent toute crédibilité à cet argument farfelu. Je citerai d'abord le cas haïtien avec le président Jean-Bertrand Aristide qui, en plein mandat, a été enlevé du pouvoir manu militari par les Américains, avec la bénédiction du Canada et une partie de la « communauté internationale », et conduit en exil à bord d'un avion américain. C'était en 2004, suite à des affrontements entre opposition et majorité, ayant débouché sur des tueries. Aristide lui-même a parlé d'enlèvement. Et la Communauté caribéenne a elle aussi déploré cette ingérence.

Le deuxième exemple est plus récent et s'est déroulé en Bolivie avec le président Evo Morales qui, réélu officiellement en 2019, a dû céder devant la pression populaire, suite à des manifestations de masse ayant donné lieu à des violences. Lui aussi prit le chemin de l'exil. Et le New York Times avait approuvé ce départ en ces termes: « Lorsqu’un dirigeant abuse aussi effrontément du pouvoir et des institutions qui lui sont confiées par le suffrage, comme l’a fait le président Evo Morales en Bolivie, il perd sa légitimité. Et le forcer à partir devient souvent la seule option qui lui reste. C’est ce qu’ont fait les Boliviens. » Comme le rapporte Le Monde diplomatique dans un récent article intitulé " Coup d'État médiatique".

Et pourquoi le président malien IBK devrait-il être épargné? Qu'a t-il fait pour Dieu pour mériter ce privilège? Pire que cela, n'a-t-il pas tripatouillé la Constitution malienne pour briguer un 2e mandat alors qu'il avait atteint la limite d'âge? Et sa réélection n'a t-il pas été entachée de fraudes massives ayant mis le pays en ébullition? Et n'a t-il pas du sang sur les mains? N'est-il pas encore en train de brandir des menaces à l'encontre des manifestants? Pourquoi refuser aux Maliens d'user de leur droit de démettre un mauvais président, dans tous les sens du terme? Sans compter son inaptitude à gouverner, pour raison de santé mentale, comme je le rapportai dans mon dernier article.


LA RESPONSABILITÉ DE LA FRANCE ET DES ÉTATS-UNIS


Nous savons de source sûre que, en plus de l'Union européenne, la France et les États-Unis ont assuré le président IBK de leur soutien. On nous dit même que la France a dit à IBK de « s'assumer ». Un mot qu'il a répété lors de son discours comminatoire du 31 juillet. En définitive, toutes les tueries de masse qui vont survenir au Mali, dans les jours à venir, seront imputables aussi à la France et aux États-Unis, entre autres. Et s'il y a poursuite devant la Cour pénale internationale, Macron et Trump seront eux aussi appelés à la Barre. En voulant, comme à leur habitude, continuer avec leur politique de deux poids, deux mesures, ils devront s'attendre à rendre des comptes. Surtout quand il y a mort d'hommes. À un moment donné, la décence doit primer sur la cupidité et cet atavique réflexe de colon.

MF Kantéka

mardi 28 juillet 2020

LA SITUATION AU MALI VUE PAR UNE DIPLOMATE CANADIENNE


PAR LOUISE OUIMET
Après avoir travaillé au Mali sur 8 ans, durant la période 1989-1993 et 2001-2005 et continué à suivre l’évolution du pays, je ne peux que constater aujourd’hui à quel point la démocratie, qui était pourtant porteuse d’espoir lors des premières élections pluralistes en 1992, s’est avérée être un gouffre pour ce pays. A l’indépendance les Maliens et Maliennes ont calqué les institutions françaises au lieu de prendre le temps de développer des mécanismes de gouvernance et des institutions qui leur soient propres. Au début de la soi-disant démocratisation, encore une fois on copie l’Occident et on ouvre les vannes au multipartisme. Il arrive quoi? Plus de 200 partis politiques sont créés – en fait des agglomérations de personnes autour de personnalités appréciées, avec lesquelles on a des liens familiaux, amicaux, ou autres. Fort heureusement, il n’y a pas de partis ethniques au Mali.
Et il arrive quoi? L’exercice du pouvoir politique étant essentiellement un exercice d’enrichissement personnel pour sa famille et pour son clan, sachant que sa durée est d’un maximum de deux mandats de 5 ans et qu’il faut financer les campagnes électorales, la corruption n’a cessé de croître depuis l’arrivée du multipartisme. Ce multipartisme basé sur les relations a un autre effet pervers : l’absence de renouvellement à la tête des partis. Plusieurs se sont scindés, mais aucun n’a remis en cause son chef parce qu’il n’avait pas gagné l’élection. Alors on retrouve aujourd’hui en grande partie les mêmes joueurs politiques qu’il y a près de 30 ans. Il faut dire qu’ils étaient jeunes à l’époque, voués à un bel avenir. Lorsqu’il y a des partis politiques bien structurés, ils s’empressent de virer leur chef après un échec électoral. Pas au Mali, le parti est le chef.
Les élections se sont succédées entre 1992 et 2020 avec un taux de participation des électeurs famélique. On a souvent attribué ce manque de démocratie au manque d’éducation. Il faut regarder de plus près. C’est à Bamako, où la proportion d’alphabétisés est la plus importante où on vote le moins.
Le Président Keita (IBK) a bien été élu en 2013, suscitant beaucoup d’espoir auprès de la population aux prises avec la montée du terrorisme. Dès 2014 on me disait qu’il était mal entouré, s’appuyant trop sur sa famille. En 2017 on me disait que le pays était gouverné par une mafia et que le seul espoir était qu’IBK ne se représente pas en 2018. La liste de ce qu’on lui reprochait était longue, se résumant à ne pas se soucier du Mali, mais uniquement de ses voyages à l’étranger, à ne pas renforcer l’armée dont on avait pourtant grand besoin et qui avait été dépouillée par ses prédécesseurs, et surtout à dilapider les fonds dont le Mali avait tant besoin pour fournir un minimum de services aux citoyens et citoyennes. Il se représente et gagne les élections en 2018, élections à nouveau décriées comme étant frauduleuses. L’opposition proteste, puis tout rentre dans l’ordre. Rien ne change. Toujours pas de paix en vue, au contraire, un conflit qui s’est étendu au centre du pays ne s’essoufle pas. L’école est aux abonnés disparus comme cela a souvent été le cas depuis 1992. L’Accord de paix d’Alger de 2015 n’est ni appliqué, ni amélioré. Et la corruption continue joyeusement. Arrive le Dialogue National Inclusif fin 2019 qui donne une certaine légitimité au pouvoir en place, sans offrir de nouvelles pistes de sortie de crise. Arrive les élections législatives en mars et avril 2020. Reportées plusieurs fois en raison de l’insécurité et la nécessité de modifier le code électoral et de tenir compte d’un nouveau découpage électoral en respect de l’Accord d’Alger. Alors qu’aucune de ces conditions ne soit réunie et que la COVID-19 pointe son nez, branle-bas de combat, les élections législatives sont programmées. Nous connaissons tous ce qui est arrivé à la fin du deuxième tour, alors que la Cour constitutionnelle a invalidé et d’office changé les résultats pour faire élire 31 députés qui étaient recalés selon les urnes. L’un d’eux devient même Président de l’Assemblée nationale. En fait IBK s’est servi des mêmes tactiques qui avaient prévalues contre lui au deuxième tour de l’élection présidentielle de 2002. Bon prince, il avait calmé ses troupes et accepté qu’un bon nombre de ses votes soient annulés par la Cour Constitutionnelle. En 2020 c’est la revanche.
Où en sommes-nous en juillet 2020? Il arrive un moment où trop c’est trop comme on dit. L’invalidation des plusieurs résultats électoraux par la Cour Constitutionnelle a fait déborder le vase et le mouvement M5-RFP avec l’appui moral de l’iman Mahmoud Dicko est né pour demander au Président IBK de démissionner, d’abroger l’Assemblée nationale et la Cour Constitutionnelle et de repartir sur de nouvelles bases en mettant en place une transition. Ce mouvement avait donné la possibilité au Président IBK de rester en place, tout en déléguant son pouvoir à un Premier ministre choisi par l’ensemble des acteurs politiques. Le refus d’IBK à se soustraire du pouvoir et la mobilisation de la force anti-terroriste FORCAT qui a tiré à balles réelles contre des manifestants non armés, en tuant plusieurs, a conduit au durcissement des positions du M5-RFP. Il est aussi inexcusable que le mouvement de désobéissance civile se fasse dans la violence. Un changement s’impose et pacifiquement. Souhaitons que les multiples médiations finissent par fonctionner.
Que peut ou doit faire la communauté internationale? Il ne sert à rien de se cacher derrière une Constitution qui a été bafouée tellement de fois. D’abord admettre que nous nous sommes enrichis sur le dos du Mali, du moins le Canada avec l’exploitation aurifère et certainement la France, malgré le lourd tribut payé par ce pays avec la force Barkhane. Deuxièmement, dialoguer avec tous les acteurs politiques et les encourager à trouver une solution paisible. Mon pays, le Canada semble absent des discussions à Bamako, du moins les médias ne le rapportent pas, alors que le Mali est un pays important de coopération internationale depuis plus de 40 ans. Troisièmement, suspendre l’aide budgétaire à un régime aussi corrompu et revoir les mécanismes d’appui lorsqu’un gouvernement de transition sérieux sera mis en place.
Louise Ouimet
ancienne ambassadeure du Canada au Mali (2001-05)
et au Burkina Faso (1995-97)
21 juillet 2020.

vendredi 24 juillet 2020

MALI: POURQUOI MAINTENIR IBK ALORS QU'IL EST DANS L'INCAPACITÉ MANIFESTE D'EXERCER LE POUVOIR?



Ce n'est qu'un secret de polichinelle, le président malien IBK (Ibrahim Boubacar Keita) est malade. Depuis belle lurette! Ses absences répétées pour soins médicaux en France ont alimenté plusieurs fois la chronique. Et la maladie dont il souffre est en soi une cause de vacance du pouvoir. En effet, une source bien informée nous dit qu'IBK souffre de maladie d'Alzheimer. Si bien qu'il ne se souvient pas toujours des événements de la veille. On nous rapporte qu'il lui arrive de discuter avec quelqu'un au téléphone et ne plus s'en rappeler, au point de lui dire le lendemain: « Ça fait longtemps qu'on n'a pas parlé.» On nous rapporte aussi qu'il a pratiquement perdu l'usage de la main droite, au point que certains décrets de nomination (qui relèvent de son attribution) ont été signés par son fils Karim Keita.

En vérité, ces faits sont connus de beaucoup de monde, y compris les parrains français qui se décarcassent pour le maintenir au pouvoir, comme le rapporte un article de "Monde Afrique" selon lequel les: « partenaires occidentaux ne manquent pas une occasion de dénoncer le caractère velléitaire du président Ibrahim Boubacar Keïta, qui « change d’avis plusieurs fois par jour », selon un officiel français.» (https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/07/21/au-mali-l-avenir-incertain-du-president-ibrahim-boubacar-keita_6046830_3212.html?fbclid=IwAR3auEwFqjEDNh_McYladhsRARCtHkytirkilRNHePtkVUSBV9GzIyR36EI). C'est une façon à peine voilée de parler de l'absence de lucidité ou la sénilité qui prive le président malien de la faculté de gouverner.

En d'autres termes, l'une des revendications du mouvement de contestation M5-RFP est mal formulée. Il ne s'agit pas en réalité de forcer IBK à démissionner. Il s'agit plutôt de constater la vacance du pouvoir et d'en tirer toutes les conséquences. D'autant plus que la plupart des institutions du pays sont paralysées en ce moment, comme le déclarait l'ancien  Premier ministre Moussa Mara sur sa page Facebook:

« Présidence de la République contestée;
Gouvernement inexistant;
Assemblée Nationale inopérante;
Haute cour de justice non fonctionnelle;
Conseil économique et social sans mandat;
Cour constitutionnelle inexistante;
Haut conseil des collectivités sans mandat;
Cour suprême ébranlée;
Aucune des huit Institutions Constitutionnelles n’est intacte au Mali.
Et nous continuons à parler comme si tout est normal ?» 

Et moi, je vous demande: faut-il aller jusqu'à exiger du médecin traitant du président IBK de communiquer son dossier médical pour qu'il se décide à présenter sa démission?

MF Kantéka


mercredi 15 juillet 2020

TROIS ARTICLES PRÉMONITOIRES SUR LA FIN DU PRÉSIDENT MALIEN IBK


Comme ça avait été le cas avec ATT (Amadou Toumani Touré), j'avais prédit la fin de règne du président IBK (Ibrahim Boubacar Keita). Et ce, dès la désignation de son premier gouvernement. Voici trois articles que j'avais écrits et publiés sur mon blog, à l'époque:
PREMIER ARTICLE:
LUNDI 9 SEPTEMBRE 2013
Mali : Le GOUVERNEMENT DU SABORDAGE POLITIQUE

« Rarement sous la IIIe République malienne, un homme aura réussi à engranger un si enviable capital de sympathie politique. Mais, il a réussi à tout dilapider par ses maladresses… », disait-on d’IBK quand il était encore Premier Ministre sous Alpha O Konaré ! Et c’est au Palais présidentiel même que se faisaient ces confidences !
Comme pour donner raison à ses détracteurs, IBK vient encore de précipiter sa mort politique en installant un Gouvernement de compromis (pour ne pas dire de « compromission »)! Un acte vivement ressenti par une partie de l’opinion publique malienne, dont son électorat, comme une trahison, vu le discours d’espoir et de renouveau qu’IBK n’a cessé de tenir le long de sa campagne !
Des flots de protestations venant de partout
L’annonce de la liste du Gouvernement fut comme un coup de foudre qui vint calciner les espoirs fondés sur « l’homme-providence », surnommé Kankelen Tigui ou Celui-qui-n’a-qu’une-parole. La déception est à son comble ! Dans les « grins » (groupes de rencontre), les récriminations se font de plus en plus vives. Des flots de protestations se poursuivent très vite sur le site d’informations et de débats Maliweb qui, dans la nuit d’hier, recensait 175 réactions dont 99% étaient contre le choix de ce Gouvernement.
L’enthousiasme de la veille, suite à la nomination du jeune Premier Ministre Oumar Tatam Ly, s’est vite mué en cauchemar, donnant des envies de « suicide » ou de « vomir » à certains internautes se demandant ce qu’IBK a fait de sa promesse de mobiliser les ressources humaines de ce pays, sans partisannerie aucune!
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La trahison
Suite à son élection, IBK avait martelé « Il n’y aura pas de partage de gâteau ! » Un animateur radio de la place avait déjà pressenti dans ces propos du Président fraîchement élu un aveu ! En parlant de « gâteau », IBK sous-entendait qu’il y en avait un ! Et dès lors qu’il existe un gâteau, avait renchéri l’animateur, il sera forcément mangé par quelques uns ! Et c’est cela qui est arrivé avec la reconduction de certains caciques comme Soumeylou Boubèye Maïga (Défense), le Colonel Sada Samaké (Sécurité), Dr Bocary Téréta (Développement rural), des anciennes têtes du temps de l’ADEMA quand IBK était Premier Ministre.
Du coup, celui qui se présentait naguère comme un « homme de rassemblement et de renouveau », se révèle brusquement un classique homme de clan, affilié à de vieux roublards opiniâtrement accrochés au pouvoir depuis une vingtaine d’années ! Ainsi, d’un revers de la main, IBK balayait le grand espoir suscité par la nomination de son tout jeune Premier Ministre Oumar Tatam Ly !
A cela s’ajoute la reconduction de Moustapha Dicko (au Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique), perçu comme étant l’auteur de la déliquescence du système éducatif malien ! Plus grave encore pour l’opinion publique, est la nomination de Zaraby Sidi Ould Mohamed (aux Affaires étrangères), connu pour être la tête pensante d’une rébellion touareg des années 90, ayant eu son lot de massacres !
On n’hésite donc pas à évoquer un pacte entre IBK et des parrains occidentaux, ayant favorisé son élection pour qu’il trahisse le Mali au profit du MNLA ! On lui impute aussi un élan affectif, du fait de l’appartenance de son épouse (une Maiga comme Boubèye) au Nord du pays !
Un amalgame incomestible
Les griefs sont aussi dirigés contre la reconduction de certains ministres de la Transition, dont des éléments de l’ex junte militaire comme le Général Moussa Sinko Coulibaly, maintenu à son poste de Ministre de l’administration territoriale. Un signe qu’IBK continue de se reposer sur le soutien des militaires !
Le maintien de Tiéman Hubert Coulibaly, qualifié de « tonneau vide » (pour de multiples raisons) et très proche du cacique Boubèye Maiga, est aussi très mal accueilli ! De même que le remplacement par Mohamed Aly Bathily au poste de Garde des Sceaux du Jeune Malick Coulibaly, très apprécié pour son travail et son intransigeance !
C’est la taille même du Gouvernement, 34 ministres et délégués au lieu de 20 à 25, qui révolte l’opinion, y voyant un artifice pour justement aboutir à ce « partage de gâteau » dont se défendait le Président-pirouette !
En résumé, on reproche à IBK, en lieu et place du changement promis, d’avoir remis le Mali dans l’impasse en conciliant les tares de 3 règnes successifs, à savoir celui d’Alpha Oumar Konaré, d’ATT et de la Transition. Les nouveaux venus n’étant là que pour faire diversion ! A commencer par son jeune Premier Ministre qui, en aucun cas, ne saurait en imposer à des caciques comme Boubèye Maiga!
Est-il besoin d’être prophète pour augurer de la fin politique d’IBK ? Est-il excessif de dire qu'il vient de se saborder politiquement, par son manque d'inspiration et d'imagination? Le temps nous le dira !
DEUXIÈME ARTICLE:
JEUDI 28 NOVEMBRE 2013
Mali: IBK, LE TRIBALISTE
« Si tes propos divergent de tes actes, on te jugera sur tes actes ! », dit le dicton. Appliqué au président malien Ibrahim Boubacar Keita dit IBK, cette vérité le révèle sous les traits d’un tribaliste qui se donne des accents de nationaliste rassembleur !
Nous ne reviendrons pas sur sa trahison, relativement aux espoirs de changement qu’il avait suscités chez les masses qui avaient fait un large consensus autour de lui ! Retenons simplement que le slogan « Le Mali d’abord ! » qu’il avait brandi, s’est vite mué en « Mon clan politique et ma famille d’abord ! », traduit par des nominations népotistes au Gouvernement qu’il a composé !
Ce penchant népotiste ou tribaliste est couronné par la volonté d’IBK d’imposer son fils comme député à l’Assemblée nationale.
Un Karim qui en rappelle un autre
Un Karim que son père-président voulait imposer à ses gouvernés ! C’était au Sénégal, avec la dynastie Wade. L’Histoire se répète, en un très court laps de temps ! Et cette fois-ci, dans l’État voisin du Mali, avec le clan Keita. Très curieux et très révélateur de la conception patrimoniale du pouvoir qui prévaut encore chez nous !
En effet, Karim Keita, fils d’IBK, sitôt son père élu, a cru bon d’en imposer aux Maliens, en se présentant comme candidat aux législatives, lui qui jusqu’alors ne se mêlait pas de politique ! Dans la Commune II où il est candidat, le « prince » Karim Keita distribue de l’argent comme des feuilles d’arbre aux électeurs! Il se livre aux achats de vote, au vu et au su de tous !
Certains vont jusqu’à dire que Karim Keita serait encore plus riche que son père milliardaire! On peut se demander comment Karim Keita, naguère étudiant au Canada, a fait pour amasser une telle fortune, en si peu de temps
Poussant l’arrogance et l’indécence au bout, le « prince » mandenka Karim Keita s’est associé à un homme d’affaire du nom d’Hadi Niangadou, surnommé Joe Walaki, propriétaire d’une agence immobilière, pour ne pas dire un spéculateur foncier.
Dans son édition du 15 novembre, l’hebdomadaire Le Sphinx faisait état d’une tentative de lynchage à leur endroit, de la part des habitants de la Commune. On espérait donc que son fils ne passerait pas. Ce qui aurait pour effet de calmer la grogne populaire. Cependant, Karim Keita et ses colistiers sont en tête au premier tour et compte l’emporter le 15 décembre prochain.
Une affaire qui sent le souffre
Tout se passe comme si IBK, au mépris des conseils qui lui ont été prodigués, nostalgique de la légende tissée autour du fictif ancêtre Son-Djata, se croit investi d’une royauté qui lui reviendrait de droit ! Surtout quand on sait que le Ministre délégué auprès du ministre de l’économie et des finances, chargé de la promotion de l’investissement et de l’initiative privée, Moustapha Ben Barka, est aussi le neveu direct de sa femme !
En ce moment où l’épopée du Capitaine-Général Sanogo vire au vinaigre, à cause notamment du courroux créé au sein de son propre corps des Bérets verts qu’il a trahis par ses excès, cet écart d’IBK risque d’avoir des répercussions insoupçonnées…
Cette affaire ne présage rien de bon et IBK et son fils ne pourront que s'en mordre le doigt! Comme si IBK, par masochisme, utilisait son fils comme la flèche qui l'atteindra en plein cœur et le fera dégringoler de son trône ancestral! Mais, comme le dit un proverbe malien, "celui dont la fin est imminente, n'écoute pas de conseils!"
Dans le meilleur des cas, Karim Keita du Mali, finira comme son homonyme Karim Wade du Sénégal que son père voulait imposer aux Sénégalais!
TROISIÈME ARTICLE:
MARDI 1 AVRIL 2014
Mali : La FIN DU PRÉSIDENT IBK
Je commençais à désespérer de la clarté de ma vision, car je craignais que le mois fatidique de mars laisse IBK indemne au pouvoir. Or, ceux qui me suivent sur Twitter, savent que je ne lui donnais pas plus de six mois de survie politique. Et alors que je commençais à me résigner à la boucler pour de bon, voilà que le dernier vendredi de ce mois butoir, le coup vient du pays même de son ami Hollande. Plus mortel qu’un coup d’Etat ou un assassinat politique.
Mort de sa belle mort !
En l’an 2000, alors qu’il venait d’être démis de ses fonctions de premier ministre d’AOK et que tout le monde le donnait fini, j’ai écrit dans Le Malien un billet titré « Attention, IBK n’est pas mort », m’ayant valu quelques railleries... On connait la suite. Il a été élu deux fois président de la République. D’abord en 2002 où sa victoire lui a été volée par le déchu ATT. Ensuite, six mois plus tôt à la suite d’un quasi-plébiscite.
Et aujourd’hui, quatorze ans plus tard, alors qu’il est encore au sommet du pouvoir, j’affirme haut et fort : « IBK est mort ! Irrémédiable mort ! Mort de sa belle mort ! » Et dans les tous sens de ce mot, car il n’en survivra pas physiquement. Et je voyais cela sur sa face défaite le 26 mars dernier quand je le surpris à la télé, lors d’une cérémonie militaire. C’était un cadavre que je voyais. Il avait déjà le regard plongé dans l’Au-delà.
IBK est mort, car tous ses masques tombent avec cette affaire de mafiosi. L’ange de la mort s’est présenté à lui sous les traits du parrain corse Michel Tomi. Son vernis de musulman s’effrite radicalement, après celui de démocrate qu’il a fortement écorné avec son népotisme criard. Il ne pourra plus l’ouvrir dans ce pays où l’on connait son penchant pour la grande vie. Voulant être le champion de tout, IBK s’avère finalement en deçà de toutes les prétentions qu’il a affichées. Et personne n’est plus dupe.
Un homme sentant sa mort
J’avais écrit sur Twitter qu’IBK « agit comme quelqu’un qui sait qu’il va mourir au pouvoir ». C’était par rapport à son acharnement à mettre ses proches, dont son fils Karim et son gendre Isaac Sidibé, à des postes stratégiques, dans le but évident de conserver le pouvoir dans la famille, en cas de déboires personnels. Et c’est ce scénario qui se profile à l’horizon avec une éventuelle démission d’IBK ou une mort brutale…
Je ne m’étalerai pas davantage là-dessus. Je me contenterai de dire que quel que soit celui qui lui succédera au pouvoir, qu’il sache que c’est le même sort qui l’attend, s’il n’a pas l’étoffe d’un héros. Car, au stade où l’on en est, Il faudrait un héros pour sortir le Mali de l’ornière dans laquelle vingt ans de « démocratie » l’ont plongé.
Mountaga Fané Kantéka