Il s’agit du petit ouvrage – SOUNDIATA, FILS DU MANDÉ – signé par le jeune écervelé BOUBOU DOUCOURÉ, publié par les ÉDITIONS BAUDELAIRE (Lyon, France). Un ouvrage téléguidé par les forces de l’arriération et de l’impérialisme, jurant à la fois avec la tradition et l’histoire, méconnaissant les détails les plus élémentaires du vécu manding, versant dans l’injure, la grossièreté, la diffamation, la calomnie, l’ostracisme. Et ce, avec la prétention d’être un « mélange de sources d’inspirations variées comme la tradition orale ou les écrits de grands écrivains africains soucieux d’immortaliser leur histoire, leur culture et leurs valeurs » et ouvrant « une toute nouvelle voie à la littérature africaine » (sic).
On le sait, le ridicule ne tue pas ! Et l’éditeur français de ce jeune prétentieux et arriviste n’a même pas le cran de signaler le profil de l’auteur sur la 4e de couverture ! Comme pour démentir les prétentions affichées au départ, il s’empresse d’apporter la précision que ce sont « les notes publiées de Amadou Diadié » qui ont permis au petit farceur Boubou Doucouré de « donner une autre dimension au personnage de Soundiata ». Je vous laisse apprécier la contradiction ! Et il a encore le toupet de reconnaître « la part de romance qui y a été intégrée ». C’est assez extraordinaire !
Son préambule même, censé « fixer une chronologie dans un contexte historique apparemment plein d’anachronismes et de contradictions, mais aussi de mieux comprendre l’environnement socioculturel de l’époque », est le lieu d’intolérables contre-vérités historiques que nous examinerons en temps utile. Il n’y a pas à dire, ce petit ouvrage est un recul par apport à la légende elle-même.
Mais venons-en aux faits qui nous intéressent.
INJURE, CALOMNIE, DIFFAMATION ET OSTRACISME
Il y a certainement une multitude de remarques offensantes à retenir de ce scandaleux et imprudent ouvrage, ne reposant que sur des affirmations gratuites. Je n’y ai cependant retenu que deux points qui vaillent le coup que je perde mon temps à les relever :
I- LES PROPOS INFAMANTS SUR SOUMANGOUROU (SOUMAHORO) ET LES « HOMMES DE CASTES »
Dès le préambule de ce paquet de déchets, le ton est donné en présentant le Roi-Forgeron sous les traits de « Soumangourou, le sanguinaire ». Cela pouvait encore passer ! Mais pas ce passage où il fait dire au soi-disant « roi de Sibi, Sayon Konaté », s’adressant aux émissaires de Soumangourou : « Allez dire à ce BILAKORO de Soumangourou que s’il ne connaît pas ses origines, nous, nous connaissons les nôtres et nous respectons nos valeurs. Pour qui se prend-il ? Comment ce FILS DE FORGERON peut-il prétendre nous mener à la guerre au nom des HOMMES DE CASTES ? Allez dire à ce PETIT INSOLENT que sa place est dans une forge au milieu du brasier à fondre les métaux pour NOUS, LES NOBLES… et que je n’entende plus parler de lui. » (page 20).
Je vois bien de Maliens frissonner d’indignation et de dépassement devant la gravité et surtout la gratuité de tels propos ! Surtout s’agissant des injures qu’on ne rencontre pas même dans les légendes les plus infamantes ! Cependant, ce ne sont pas seulement les injures, la calomnie et l’ostracisme qui me choquent dans ces propos. C’est surtout leur rupture à la fois avec la légende et l’histoire. Parce qu’en aucun cas un quelconque « roi de Sibi » ne peut tenir ce discours, pour la simple raison que Sibi a toujours été un fief forgeron, dirigé par des Kamara. Aujourd’hui encore, dans les chansons traditionnelles relatives à l’épopée mandingue, on les célèbre par la formule : « Tabon Kamara, Sibi Kamara ». Les Kamara de Tabon et les Kamara de Sibi. Même l’Albinos-chanteur Salif Keita, ambassadeur de la légende de Sonjata dont il se réclame, ne déroge pas à cette coutume.
Et ce scénario est d’autant plus improbable quand on sait que, derrière la légende, tous les personnages historiques du Mandé ont en commun le titre de Kamara et de Tarawélé ou Tara Oulé. Et ils sont tous des Forgerons. Et c’étaient eux et leurs descendants les nobles du Mandé que la tradition nomment sous le titre de MAMOUROU-SI KÈ DOUROU (cinq fils de la lignée de Mamourou, dont Sonjata). Ce Mamourou n’étant autre que Niani Mamourou Kamara alias Niani Massa Kara Kamara à qui la légende fait porter le masque de Soma Horo ou Soma Gourou Kan-Tié ou Kan-Kè ou Kan-Tigui (qui est plus un titre d’empereur qu’un nom de personne). A ces nobles s’ajoutaient les Manden Mori (marabouts du Manden) eux-mêmes issus de cette lignée de Forgerons. Et les griots étant partie intégrante de l’aristocratie.
DEUXIÈME REMARQUE : le fait de désigner les Forgerons et autres comme « HOMMES DE CASTES » est un abus de langage, parce que dans une société stratifiée en « castes », tout le monde est « homme de caste », chacun appartenant à une « caste » avec ses contraintes et/ou ses privilèges. Ceux qui s’autoproclament aujourd’hui « nobles » en usant du mot höron, appartenaient à la « CASTE » DES PAYSANS assujettis au servage et à l’endogamie, enrôlés en temps de guerre sous le règne des Boula ou Bila (les Fakoli alias Sonjata), comme je l’ai démontré dans Odyssées noires (dans le chapitre intitulé : L’esclavage institutionnalisé par Sonjata) et comme je le démontrerai davantage dans mon prochain ouvrage en phase de publication : Kamara Fanka, l’histoire occultée des Rois-Forgerons du Manden.
Ce mot HÖRON, abusivement traduit par « noble », découle du terme arabe AL HOR OU AL HOUR (« homme libre ») galvaudé par les griots et élargi à des fins opportunistes à d’autres groupes comme les bergers. Dans le contexte manding, il s’agit plutôt d’ESCLAVES AFFRANCHIS, paysans soumis au servage en temps de paix, et soldats en tant de guerre. La tradition les désigne sous le titre de TONTAJON TANI WÖRO (16 clans d’esclaves-porteurs de carquois)…
II- AFFIRMATIONS CALOMNIEUSES SUR LE BALAFON DE SOUMANGOUROU (SOUMAHORO)
Sur ce 2e point, on n’est plus dans l’excuse de l’ignorance, mais dans l’intention délibérée et manifeste de causer du tort à un groupe social par le biais de son Ancêtre mythique. Tout le monde sait aujourd’hui que le Soso Bala, le balafon que la tradition attribue à Soumahoro, est classé PATRIMOINE NATIONAL et UNIVERSEL. Et tout le monde, s’il le souhaite, peut aller le contempler à Niagassola où il est conservé auprès de la famille Kouyatè.
Pourtant, le petit écervelé Boubou Doucouré et son éditeur français – qui prétendent édifier les gens– n’ont pas manqué de s’attaquer à ce vestige de l’histoire mandingue, avec une sauvagerie propre à la barbarie impérialiste. Je rapporte les propos outrageants : « Quand Soumangourou fait irruption dans la case, il y trouve Balla Fasséké en compagnie de Nana Triban. D’un simple geste, il soulève Balla Fasséké du sol sans même le toucher… En même temps, il pointe du doigt son balafon et Balla Fasséké se rend compte que les retours du BALAFON (habituellement constitués de CALEBASSES) sont constitués de CRANES HUMAINS et d’animaux et que les planchettes sont sculptées dans des OSSEMENTS HUMAINS. C’est un BALAFON MACABRE, CYNIQUE que Soumangourou avait l’habitude d’ARROSER avec du SANG HUMAIN. » (page 126)
Je vous laisse apprécier ces propos infamants venant d’un JEUNE MALIEN, se définissant comme un « PATRIOTE » et ayant comme SLOGAN « NOTRE HISTOIRE, NOTRE CULTURE ». Inutile de vous dire, pour l’instant, les renversants DESSOUS de cette affaire, impliquant des personnalités au « dessus » de tout soupçon !
Et, vous n’allez pas le croire, c’est ce petit attardé lui-même qui est VENU À MOI, CHEZ MOI, À MON DOMICILE, pour que je l’aide à… faire le LANCEMENT de cet OUVRAGE MAUDIT qui ne peut être que source de CONFLIT SOCIAL, comme le souhaitent ses commanditaires!
INCROYABLE, MAIS VRAI ! Vous parlez de PROVOCATION ! Devinez-donc ma réaction ! J’ai décidé purement et simplement de les POURSUIVRE EN JUSTICE ! Et comble de malheur pour eux, ils versent aussi dans le PLAGIAT ou la CONTREFAÇON !
AFFAIRE A SUIVRE.
NB: Je viens de me rendre compte que ces imposteurs ont poussé le bouchon jusqu'à faire de leur torchon un film de dessins animés destiné à intoxiquer les enfants. Comme quoi cette bande de scélérats mercantiles ne reculent devant aucune horreur. Ils devront en répondre devant la justice.
Mountaga Fané Kantéka
Écrivain-poète, juriste et journaliste d’investigation
mountaga40@hotmail.com