À l’instar des individus, les sociétés sont aussi sujettes à la folie. Folie collective ou la somme des folies individuelles, l’important réside dans ce mal palpable qui se manifeste par mille symptômes. S’agissant du MALI, un professionnel de la santé mentale fit ce DIAGNOSTIC sans appel: « Ce pays doit être soumis à une ÉVALUATION PSYCHIATRIQUE ».
On trouverait peu à redire à propos de cet IMPLACABLE CONSTAT. Les mœurs se sont à ce point effritées au Mali que celui qui le revisite, après une longue absence, se croirait dans un autre pays. Et l’exilé qui y revient aura le sentiment de vivre un deuxième exil dans sa terre natale. Parmi les manifestations de ce MAL SOCIAL, l’attrait de l’ARGENT occupe une place privilégiée. Le nouveau venu est très vite frappé par la récurrente référence au billet de banque dans tous les compartiments de la vie sociale. Dans les rapports de famille, d’amitié, de voisinage, de travail ou de simples circonstances, au détour d’une quelconque conversation jaillit fatalement le maître mot : l’argent. « Si tu n’as pas d’argent ici, tu ne peux pas faire ceci, si tu n’as pas d’argent ici, tu ne peux dire cela, sinon on te fera ceci, sinon on te dira cela, etc. », est devenu un refrain auquel n’échappe nulle oreille, aussi sourde soit-elle.
« NOTHING FOR NOTHING ! RIEN POUR RIEN ! » est aujourd’hui une réalité beaucoup plus malienne qu’américaine. Le problème est aussi présent chez les pauvres que chez les riches. On a parfois l’impression que les plus nantis sont aussi les plus atteints par le virus. Cette ÉPIDÉMIE à l’échelle nationale a comme corollaire la FAUSSETÉ qui entache les faits et gestes du Malien actuel…
UNE « NOBLESSE » EN TOTALE MUTATION
VALEUR RÉFÉRENTIELLE par excellence, l’aura de l’argent a totalement occulté tous les mythes de grandeur sur lesquels est bâtie cette société. Les légendaires « DIGNITÉ ET FIERTÉ MALIENNES » ne sont plus aujourd’hui qu’une vague réminiscence perdue dans quelque zone brumeuse de la mémoire collective. Les notions de « HONTE » et d’« HONNEUR » elles-mêmes ne s’apprécient plus que par rapport à l’argent. Ce n’est plus le fait de VOLER ou d’ESCROQUER qui sont causes de honte ou d’atteinte à l’honneur au Mali d’aujourd’hui. C’est plutôt le fait d’être privé d’argent qui est cause de honte et de manque d’honneur au Mali d’aujourd’hui. Quand on dit que « L’ARGENT N’A PAS D’ODEUR », c’est une réalité encore plus vérifiable que jamais au Mali d’aujourd’hui.
L’artificielle et artificieuse stratification sociale en « NOBLES » et « GENS DE CASTE »— ne reposant sur AUCUNE RÉALITÉ HISTORIQUE ou SOCIOLOGIQUE— s’est piteusement effondrée face à cette nouvelle donne. Le PRÉTENDU « NOBLE » est bien plus VÉNAL aujourd’hui que le GRIOT DE CÉRÉMONIE qui, au fond, ne fait que pratiquer son métier, comme le fait une certaine catégorie de journalistes. (Cette question est plus amplement abordée dans mes ouvrages.)
UNE NOUVELLE RELIGION
Bien plus que le naturel reflexe du nécessiteux ou le pathologique vice du déviant, ce VIRULENT ACCЀS DE MERCANTILISME a quelque chose de profondément RELIGIEUX. Il fait penser à la vénération du VEAU D’OR par le peuple hébreu qu’évoque la MYTHOLOGIE BIBLIQUE. Sans exagérer, la MONNAIE D'ÉCHANGE, au Mali, fait véritablement office de DIVINITÉ dans les cœurs et dans les esprits. En dépit des sermons prodigués quotidiennement sur les ondes par les prêcheurs de la bonne parole ! Et de l’aveu même de certains de ces hommes de culte — qui, eux-mêmes ne sont pas épargnés par le mal —, bien de PRIЀRES cesseraient au Mali si elles n’étaient motivées par des PRÉOCCUPATIONS PÉCUNIAIRES.
Le CULTE DU BAKCHICH, au Mali, est le seul culte qui n’a besoin ni de sermons ni de prosélytisme pour engranger des fidèles. À brève échéance, prophétisent certains, il va falloir MONNAYER les SALUTATIONS D’USAGE, c'est-à-dire payer le citoyen malien pour qu’il réponde à ton « BONJOUR ! ». De plus fins observateurs vont jusqu’à faire la remarque qu’autrefois le PREMIER MOT que l’ENFANT malien prononçait était : « MAH ! MЀRE ! », et qu’aujourd’hui ce vocable sacré est remplacé par : « WARI ! L’ARGENT ! »…
Le mal, à vrai dire, n’est pas nouveau ! Il a simplement empiré en l’espace d’un TROP COURT LAPS DE TEMPS. Nouvelles réalités, nouvelles mœurs, le Malien, en plus de ses travers, est devenu aujourd’hui un CONSOMMATEUR PRIVILÉGIÉ du surplus du CAPITALISME SAUVAGE. Abonnés compulsifs des TÉLÉSÉRIES AMÉRICAINES, les Maliens, toutes catégories confondues, utilisent plus le TÉLÉPHONE CELLULAIRE que les Canadiens. Et quand on s’amuse à comparer les pouvoirs d’achats respectifs (du Canada et du Mali), on évalue toute l’ampleur de la démesure. Les RECETTES journalières des compagnies privées commercialisant au Mali les cartes de crédit téléphoniques(’’MALITEL’’ et ’’ORANGE’’ ) dépassent largement le budget national…
On pourrait épiloguer longtemps sur les causes exactes d’une telle déchéance. Toujours est-il que, le malheur des uns faisant le bonheur des autres, les politiciens maliens en ont fait leur ELDORADO ÉLECTORAL, comme nous le verrons dans le second volet…
À suivre
MF KANTÉKA
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