« LES PEUPLES MÉRITENT LEURS DIRIGEANTS », est une vieille vérité selon laquelle la grandeur ou la petitesse du leadership d’une nation donnée est à l’aune de l’envergure morale et mentale de ses masses populaires. Ainsi, la déchéance politique découle de la déchéance sociale. Autrement dit, la GANGRÈNE POLITIQUE pousse sur le FUMIER SOCIAL…
Le JEU POLITIQUE s’accommode des défaillances sociales pour avoir droit de cité. Et l’effritement des mœurs sociales est une brèche salutaire par laquelle s’infiltre le MARGOUILLAT POLITIQUE. Le Mali « démocratique » se débat dans les maremmes de cette inexorable LOI SOCIOPOLITIQUE, notamment à cause de sa soumission aux injonctions de l’Argent-Dieu. C’est si vrai que le corollaire politique du refrain social (mentionné dans le précédent article) est ainsi formulé: « TU NE FERAS POINT DE POLITIQUE AU MALI SI TU N’ES PAS SATURÉ D’ARGENT ! » UN LEIT-MOTIV qui a acquis force de loi, sous le label de « RÉALISME POLITIQUE » — dans un pays pourtant classé parmi les plus pauvres au monde! Ce NOUVEAU CONTRAT SOCIAL donne lieu à un véritable FESTIN PUBLIC où l’excès côtoie le néant, où le tragique le dispute au ridicule, en temps et lieu…
UN MARCHÉ DE MENDIANTS
Dans ce contexte où foisonnent les partis politiques tous plus ou moins semblables par leurs objectifs, tenter de convaincre un électeur désabusé serait comme prêcher dans le désert. La misère morale généralisée — prenant prétexte de la pauvreté matérielle— s’avère une AUBAINE pour le politicien sans idéal, sans envergure, sans scrupules et sans programme social qui y voit son Eldorado électoral : le moyen tout rêvé pour lui d’ACHETER des ÉLECTEURS OCCASIONNELS qu’il ne pourrait avoir autrement.
La période électorale donne lieu à des scènes surréalistes de MENDICITÉ À DOUBLE SENS, avec le MENDIANT POLITIQUE (en quête de voix) s’en allant à la rencontre du MENDIANT SOCIAL (en quête d’aumône) qui l’aide à s’installer au pouvoir. Le paysage se mue en un LUPANAR À CIEL OUVERT où, en échange de broutilles (T-shirts, thé, sucre ou un billet de 5000, voire 1000 FCFA), le mendiant social s’en va s’acquitter de son devoir d’électeur vis-à-vis de son semblable politicard. Et une fois élu, celui-là l’oublie définitivement, avec la conscience tranquille de s’être acquitté de son contrat, en achetant son vote. « Il ne se sent pas obligé vis-à-vis de son électeur, puisqu’il l’a déjà payé. Et il a raison !», confie un ancien prétendant à la mairie…
Cet insolite commerce a commencé au Mali avec le parti politique ADEMA du président ALPHA OUMAR KONARÉ qui n’a ménagé aucun effort pour obtenir un 2e mandat qui lui échappait. Entre autres extravagances, lui et son état-major n’ont pas hésité à dépouiller les familles et la jeunesse de leur restant d’honneur… Ce fléau a atteint son point culminant avec le règne du président AMADOU TOUMANI TOURÉ qui y a ajouté sa touche personnelle, avec cette formule devenue maintenant célèbre : « Au lieu de m’attaquer, viens me voir pour que je te nomme à un poste ! » (Sic)
LES MENDIANTS DE GROS CALIBRE
Ce troc prend d’autres dimensions en dehors de la période électorale, transformant la vie quotidienne en un théâtre où, à travers moult anecdotes, se produisent des mendiants de plus gros calibre. COURTISANS par définition, ils sont INTELLECTUELS ou HOMMES D’AFFAIRES. Rares sont les Maliens qui ne connaissent pas un ou plusieurs de ces MENDIANTS DE LUXE dans leur entourage. Parlant d’eux, un initié du milieu rapporte que chaque matin, « tous les petits et grands escrocs de la ville » se retrouvent sur la colline de Koulouba dans un grand salon du palais présidentiel (aménagé pour la circonstance), discutaillant entre eux, en attendant leur audience avec le Président ATT. Et après ce rituel quotidien, ils descendent en ville, s’adonnant au TRAFIC D’INFLUENCE, disant à qui veut l’entendre : « Je viens de chez le Président de ce pas », l’appelant familièrement par son prénom Amadou.
Cela constitue l’un des multiples procédés par lesquels se font leurs TRACTATIONS DIVERSES : acquisitions de marchés publics, de subventions, de postes alléchants, de terrains et de fortunes diverses. Et aussi pour obtenir l’IMPUNITĖ pour leurs multiples félonies. Cette RACE DE RAPACES, impliquée dans tous les coups foireux, est aussi associée au PROCESSUS de DEMANTÈLEMENT et D’ALIÉNATION du PATRIMOINE NATIONAL, au profit des entités étrangères. On en compte beaucoup dans la CLASSE POLITIQUE, d’où la QUASI-ABSENCE DE TOUTE OPPOSITION dans un régime supposément démocratique. Leur rôle consiste à ÉLUDER le DÉBAT SOCIAL, pourvu que leurs affaires personnelles roulent.
Bien conscient de cette CORRUPTION GÉNÉRALISÉE et ORGANISÉE par ses soins, le Président AMADOU TOUMANI TOURÉ — qui, en privé, a des propos méprisants à leur égard— voulait en tirer un BÉNÉFICE SUPPLÉMENTAIRE, en cherchant à briguer un TROISIÈME MANDAT. Galvanisé par le mauvais conseil de ces mendiants de luxe qui lui chantent à l’oreille qu’il est « le meilleur des hommes, dans le meilleur des mondes ». Jouant le jeu jusqu’au bout, il a même voulu SUBORNER LES DÉPUTÉS, avec une proposition de PROLONGATION DE LEUR MANDAT, sous le prétexte de faire coïncider les élections législatives avec l’élection présidentielle. C’est finalement le récent COUP D’ÉTAT AU NIGER qui a mis un FREIN à ce PROJET INSENSÉ …
LE PARADOXE
Ce mythe de POLITIQUE-PACTOLE, se voulant un « RÉALISME POLITIQUE » fondé sur les caisses électorales pleines, est d’autant plus DÉPLACÉ et PARADOXAL qu’il est professé dans un pays n’ayant AUCUNE TRADITION en la matière. Du premier président Modibo Keita à Amadou Toumani Touré, tous les chefs d’État du Mali sont de MODESTE EXTRACTION SOCIALE. Ils n’étaient point riches avant de faire la politique.
Venus au pouvoir par des voies plus ou moins miraculeuses, deux d’entre eux (Konaré et Touré) se sont fortement enrichis. Des DIGNITAIRES des régimes successifs eux-mêmes n’ont fait fortune qu’en faisant la politique. Ce n’est point l’argent qui les a menés au pouvoir. Et ce sont ces NOUVEAUX RICHES et leurs affidés qui érigent maintenant en LOI DIVINE cette forme de PROSTITUTION SOCIOPOLITIQUE. Ainsi, avec l’ARGENT DÉROBÉ au TRÉSOR PUBLIC ou obtenu par des MOYENS MAFIEUX, ces incurables MYOPES veulent davantage enfoncer le pays dans le gouffre, en le privant d’un LEADERSHIP ÉCLAIRÉ et DÉVOUÉ…
Qu’est-ce qui peut donc INVERSER cette TENDANCE et NOUS AFFRANCHIR de cette NOUVELLE FORME D’ESCLAVAGE ? Une question qui ne manquera pas d’alimenter nos réflexions et nos actions…
(À SUIVRE)
MF Kantéka