Avertissement : Les cœurs fragiles sont priés de s’abstenir de lire cet article qui pourrait leur être fatal.
Voici un sujet délicat qui aborde un aspect fondamental du SOUS-DÉVELOPPEMENT et qui, en cette période de précampagnes électorales, devrait inspirer des politiciens maliens en mal de propositions. En particulier ceux qui font du changement (yèlèma) leur cheval de bataille. Parce que pour faire le changement, on le fait avec des hommes sains d’esprit et de corps.
Or, Bamako, la capitale et le théâtre des enjeux, n’est pas propice à la santé du corps et de l’esprit. Surtout en cette période hivernale où la FIÈVRE TYPHOÏDE fait des ravages. Fièvre typhoïde ou MALADIE DE LA SALETÉ. Une maladie des MAINS SALES et d’un ENVIRONNEMENT INSALUBRE, affaiblissant les citoyens et les vouant à une MORT PRÉMATURÉE.
URBANISATION SAUVAGE ET CULTURE DE LA MALPROPRETÉ
Les Bamakois s’enorgueillissent de la rapide mutation physique de cette ville, avec l’accroissement des routes goudronnées et l’émergence de beaux quartiers périphériques, où fleurissent de cossues villas. De luxueuses demeures construites sur des terrains viabilisés par l’Agence de Cession Immobilière (ACI) qui, à l’occasion, s’en est mis plein les poches. Sans toujours se soucier des questions environnementales. Transformant du coup des visions paradisiaques en MARES DE DÉGOÛT. Surtout quand vient la saison des pluies.
L’Hivernage à Bamako vaut tous les détours du monde. Aussi bien par la douceur qu’elle procure que l’atmosphère musicale qu’elle dégage— propice à la rêverie et à la création. Un Éden de fraîcheur, fait d’odeurs d’eau et de feuilles vertes, agrémenté par le concert des colibris, des mange-mil, des tourterelles et autres passereaux, relayés nuitamment par les crapauds-chantres. Une saison de bonheur faisant oublier qu’on est dans un pays de canicule et de poussière. Cette symphonie naturelle est, hélas, gâchée par l’œuvre de l’homme : la saleté. Une malpropreté, digne des périodes les plus sombres de la PRÉHISTOIRE…
Malheur à vous si vos pas vous conduisent à certains endroits en temps de pluie. Une fois qu’on quitte les routes goudronnées ou pavées et qu’on se hasarde dans certaines rues boueuses, tout notre corps est saisi d’urticaire au contact de ces INNOMMABLES VISIONS DE POURRITURE qui s’étalent tout alentours et qui vous poursuivent jusque dans votre lit et vous empêchent de fermer l’œil. Tous nos sens sont traqués par ce décor répugnant, au point qu’on a l’impression d’y baigner dans son sommeil. On en développe des allergies et des maladies psychosomatiques. Rien que d’en parler, j’en suis malade.
Comment décrire ces STAGNATIONS D’HORREUR qui ne se rencontrent que dans les pires cauchemars romanesques ? Un survol panoramique laisse voir des fosses septiques et des caniveaux à ciel ouvert obstrués par des immondices, des eaux usagées qu’on jette dans les rues, venant s’ajouter aux ordures ménagères et aux excréments divers. Un MAGMA DE DÉCOMPOSITIONS qui finit par transformer la terre rouge, tantôt en natte gluante de couleur indéfinissable, tantôt en une espèce de bouillie mi-verdâtre, mi-noirâtre, tantôt en une substance échappant au vocabulaire et insoutenable au regard. Toute une panoplie de TABLEAUX DE LA PUTRÉFACTION, ornés de mauvaises herbes et de poubelles débordantes, infligeant à l’âme les pires tortures. Et dont les MIASMES pourraient être fatals à un cœur sensible. Un cocktail d’odeurs aussi TOXIQUES que les émanations d’une bombe atomique.
La pluie, censée nettoyer cet immense merdier, ne fait que l’exacerber, puisqu’il n’y a pas assez de canaux d’écoulement, les rares étant obstrués. Ce sont surtout les chaussures des piétons et les roues des voitures qui pataugent dans cet ETANG DE MICROBES qui sont ainsi emportés et propagés dans les quatre coins des demeures cossues. Et je ne parle pas encore des MOUCHES qui y trempent et viennent ensuite se poser dans les plats. Ni de la prolifération de CAFARDS et de MOUSTIQUES qui en découle…
LA COUTUME DES MAINS SALES
À ce scandale environnemental vient s’ajouter celui des VENDEURS DE NOURRITURE PRÉPARÉE qui semblent avoir fait le vœu et le serment d’EMPOISONNER leurs clients avec leur saleté. Il y a effectivement dans cette ville une pratique courante dont tout le monde semble s’accommoder. Elle consiste pour les vendeurs de nourriture à servir les clients avec leur MAIN NUE avec laquelle ils prennent l’ARGENT SALE. Tout le monde sait pourtant qu’un billet de banque ou une pièce de monnaie passe par toutes les mains et tous les endroits. Et dans le cas particulier de Bamako, vu l’état lamentable des billets de banque et des pièces de monnaie, et l’environnement insalubre dans lequel ils circulent, ce problème est centuplé.
Chaque fois qu’on prend de l’argent dans sa main, c’est toute une colonie de microbes qu’on saisit et l’on devrait avoir la présence d’esprit de se laver abondamment les mains avec du savon. Or les marchands de nourriture n’en ont cure. Du petit boutiquier du coin au boulanger, de la vendeuse de beignet à la restauratrice, on n’y échappe pas. Manger du pain ou une nourriture quelconque achetée dehors, à Bamako, relève d’un pari avec la mort.
Et pourvu que l’on réagisse, on est accueilli par des gestes d’humeur ou de PETITS RIRES MOQUEURS, histoire de dire : « Celui-ci se prend-il pour un Toubab ou quoi ? » Comme pour dire que l’hygiène est l’apanage de l’homme blanc, le Nègre étant « naturellement immunisé contre les microbes ». Et ce sont ces mêmes individus qui sont accrocs des cellulaires et des séries télévisées occidentales, qui fondent en larmes devant des scènes d’amour à l’eau de rose, qui rêvent de s’exiler en France, aux États-Unis, au Canada, etc. Et qui sont prêts à investir des millions pour un visa…
Qui va donc leur faire comprendre qu’on ne sert pas de la nourriture avec les mains nues? Qui va leur apprendre l’usage des GANTS ou des USTENSILES selon les circonstances ?
AU LIEU DE FAIRE de la PUBLICITÉ autour des MOUSTIQUAIRES IMPRÉGNÉES, on ferait mieux de s’attaquer à cette situation inacceptable qui fait fuir les visiteurs et incitent les nationaux à l’exil. Parce que dans un environnement aussi malsain que le nôtre, on a mille chances d’attraper toutes les maladies mortelles, y compris le paludisme, avant même d’avoir eu le temps de s’installer sous une moustiquaire imprégnée. Dans un environnement sain, l’argent qu’on investit dans les moustiquaires imprégnées servira à d’autres besoins aussi vitaux. Pas besoin de moustiquaires imprégnées.
L’homme politique qui fera de ce grave problème social son cheval de bataille, sera assuré de l'adhésion totale des nombreux abstentionnistes. Et les médias qui s’attelleront à la dénonciation de ce fléau et la sensibilisation des populations se démarqueront de leurs concurrents qui ne savent parler que de politique politicienne ou de vétilles.
PS : Au moment même où je clos cet article, on m’apprend que le Mali est classé parmi les 3 pays les plus sales au monde, après la Guinée et le Niger. Est-ce étonnant?
MOUNTAGA FANÉ KANTÉKA
mountaga40@hotmail.com