François Hollande s’est taillé un Jardin d’Eden en se posant comme le messie, volant au secours d’un Mali balloté entre la panique et le désarroi. Floués par la psychose orchestrée par une géniale mise en scène, les Maliens ne s’interrogent pas encore sur les véritables enjeux de cette troublante guerre. On ne veut pas comprendre la supercherie consistant à substituer une invasion à une autre.
En clair, sitôt «sauvé» des islamistes enturbannés, nous voilà à plat ventre devant une France prête à monnayer au prix fort son intervention messianique. RFI, la caisse de résonance des politiques françafricaines, a déjà donné le ton en évaluant le «coût de la guerre», ce mercredi 23 janvier. Au minimum un million d’euros par jour! (sic)
A ce prix-là, la France gagnerait fort à se poser souvent en sauveur tous azimuts. Comment compte-t-elle donc rentrer dans ses frais? Qui va en faire les frais?
Parlons-en de cette étrange « guerre » inventée de toutes pièces à partir du printemps libyen. En armant sciemment des Touaregs, en leur parachutant des armes et en organisant leur retour vers le Mali, avec la complicité de certains de nos dirigeants. Ensuite, le ballet des comiques sur la scène septentrionale entre les illuminés du Mnla, d’Ansar Eddine, du Mujao, d’Aqmi, de Boko Haram etc., le but étant de brouiller les cartes, en faisant croire que tous ces pantins agissent séparément.
Et pendant que la « Communauté internationale » et la Cedeao s’embourbent dans des réunions et des tentatives de négociations à n’en pas finir, voilà que brusquement on nous annonce la présence d’islamistes aux portes de Bamako. Dans des localités, Kona et Diabali, dont on apprend l’existence avec ces événements. Et depuis, nous sommes bombardés d’informations contradictoires et abracadabrantes en provenance de la France. Et pour parfaire ce tableau, on décrète l’état d’urgence visant notamment à restreindre le champ d’investigation des journalistes maliens, condamnés à relayer la désinformation distillée par les médias français.
Réfléchissons calmement ensemble! Que dire de l’étonnante rapidité avec laquelle les troupes françaises ont été déployées sur le terrain? Comment comprendre aussi qu’on nous torture avec les images d’un seul pilote français mort, quand nous ne connaissons ni le nombre exact, ni l’identité des militaires maliens morts sur le champ? Quid de cette époustouflante information faisant état de cent islamistes tués à Kona dont les corps ont été ensuite récupérés dans un camion Benz par leurs compagnons dans une zone ployant supposément sous les bombes? Pourquoi ne nous montre-on pas les cadavres des islamistes? Et surtout, comment se fait-il que les sarkozistes et les socialistes français soient parfaitement d’accord aussi bien sur l’intervention française en Libye (l’amont) qu’au Mali (l’aval)?
Ce tableau n’est-il pas révélateur d’un machiavélique montage qui rappelle les sinistres incidents du 26 mars 1991 attribuant la mort des dizaines de Maliens aux «militaires maliens»? On a fini par apprendre que les tueurs étaient des mercenaires commandités par le socialiste François Mitterrand.
Quand la poussière retombera, la vérité éclatera au grand jour. Les baïonnettes n’ont jamais pu bâillonner la réalité! Entretemps, qui va nous sauver de la horde de moutons de Panurge, prompte à occire quiconque ose éventer les secrets de polichinelle du «sauveur français»? Et tous ces espions gravitant autour de nous, comme si nous étions en exil dans notre propre pays?
Nous en appelons aux journalistes d’investigation du monde entier.
Mountaga Fané Kantéka
Directeur de publication Le Filon