Le Niger sous la menace d’un nouveau coup d’Etat pour l’intérêt étranger ?
Le 27 mai 2013
L’évolution
politique et administrative du Niger depuis son
indépendance en novembre 1960, sous la présidence d’alors d'Hamani
Diori, victime d’un cinglant coup d’Etat, est depuis rythmée par le feu
des armes au gré de la survenance d’intérêts dits supérieurs de l’Etat.
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L’intérêt
supérieur gouvernant et divisant le
microcosme
politique local, depuis plus d’un cinquantenaire, se délite autour de
l’exploitation de la plus en vue de ses richesses naturelles :
l’Uranium.
Principale
matière première utilisée par l’industrie nucléaire (Uranium), cet
élément naturel est plus abondant que l’argent. Et le sous-sol nigérien à
lui seul
fournirait pour l’heure pas moins de 30% de la production
mondiale. Chiffre qui est en passe d’être porté à 40 à 50% de la
production mondiale, sitôt l’achèvement de diverses négociations entre
le gouvernement nigérien et l’exploitant détenant l’exclusivité qu’est
le groupe français Areva. La région D’arlit, devrait voire sa capacité
d’exploitation s’accroître à la suite de nouveaux investissements
sous le contrôle de Areva. Région d’Arlit, qui n’est en autre qu’une
des zones de localisation géographique des populations Touaregs.
Populations qui portent la contestation avec radicalisation par la voie
des armes, et l’émanation de nombres de rebellions sévissant tout aussi
par l’enlèvement des personnels liés à l’activité extractive de
l’uranium.
L’Uranium
au cœur des récentes crises politiques du pays
L’actuel président Mahamadou Issoufou, arrivé au pouvoir le 7 avril 2011, l’est à la faveur
d’une nouvelle crise débutée en 2009 avec l’Etat
français sous la présidence de
Sarkozy et l’ex président nigérien le général d’armée
Mamadou Tandja. La crise se cristallisera sur la répartition des
bénéfices de l’exploitation du minerai phare qu’est l’Uranium. L’ex
président Tandja, imposant à l’agenda de l’ex président Sarkozy, un
déplacement le 27 mars 2009, à Niamey. Au cours duquel le président
Sarkozy, dû accepter sous d’indicibles contraintes que masquèrent
difficilement son mal être devant les médias, un
partage équitable (50-50) sur les bénéfices d’exploitations de
l’uranium au lieu des 13 à 20% revenant jusque là selon la quotité
déclaré au Niger par l’exploitant français. Le président
Tandja entendait alors, selon lui, inscrire cet acquis de négociation
dans le
futur…sujet minimum à toute forme
d’exploitation nouvelle et future de l’uranium du pays. Le pays étant
en passe d’en accroître sa capacité de production au travers de nouveaux
investissements du Groupe Areva. Ce sur quoi l’ex président Tandja
entendait en avoir plus grand contrôle pour mieux protéger ses
intérêts économiques tout en imposant un cahier des charges plus
rigoureux et soucieux de l’environnement : des divergences
d’interprétations de partenariat virent le jour.
Faisant
face à des tensions d’ordre interne articulées sur des tenants de
constitutionnalité, le président Tandja va à son tour subir les affres
du coup d’Etat. Action putschiste sous l’invocation de la
restauration de la démocratie, que dirigea d’alors le Colonel
(Commandant d’exercice) Djibo Salou. Ce dernier, étant tout aussi sortie
des formations militaires françaises, se positionna pour un statut quo
sur la question de la répartition des bénéfices nées de l’exploitation
de l’uranium et indirectement sous le prétexte de n’être un civil formé
aux questions de la gestion
publique : favorisa un retour à la situation d’avant. Dans l’attente
de retransmission du pouvoir au civil.
Ce qui aboutira par ce que tout observateur avisé puisse nommer de
simulacre électoral. Non seulement l’élection présidentielle qui s’en
suivie au bout d’un année de transition sans courage politique sur la
question de l’uranium, organisée et validée avec taux de participation
de 48% du corps électoral, mais aussi à la surprise l’aboutissement
électoral qui sanctionnera une victoire à 53% de Mahamadou Issoufou, qui
avait obtenu au premier tour n’avait que 36% et affrontait au second
tour l’ancien premier ministre Séini Oumara (24%) qui bénéficiait du
soutien l’ensemble des autres formations politiques.
L’actuel
président, ingénieur des mines, membre de l’ethnie Haoussa (la plus
nombreuse) de Tahoua (Ouest), Mahamadou Issoufou, fut installé le 7
avril 2011 avec la bénédiction d’alors de son grand ami Sarkozy.
L’Uranium magistral intérêt pour la France
La
fission de l’uranium libérant plus
d’un million de fois d’énergie supérieure à celle des combustibles
fossiles pour
une masse équivalente, ce minerai s’est positionné comme le fer de
lance de la production en énergie électrique. La France y produit
grâce à la fission de l’uranium plus de la moitié de sa consommation en
électricité. Et entend du fait de l’augmentation en capacité
d’extraction tirée du nouveau site (pas encore en service mais
opérationnel) au Niger, se repositionner dans la revente du minerai et
de l’énergie qui s’en extrait via sa technologie nucléaire. Ceci étant
porté par les centrales nucléaires dit de troisième génération dont la
France éprouve pour l’heure bien des difficultés à vendre sur le marché
international.
Imaginez
l’ombre d’un instant les répercutions sur l’économie chancelante et
fort mal en point de la France , si elle ne pouvait pas ou plus
s’alimenter ne serait-ce qu’une semaine en électricité… ! Et que dire du
ressentit et actions des populations françaises !?
Incroyable
serait donc qu’elle (France) s’hasarde à laisser geindre toutes formes
de menaces sur l’exploitation de vital minerai. D’où le syncrétisme de
connexité par la France d’entente d’avec les rebellions Touaregs.
Entente dont s’accommode la France et qui de toute évidence sous le
couperet stratégique de la sécurisation de l’exploitation de l’uranium
en territoire Touareg. Ce qui se
dévoile élogieusement actuellement au Mali. Mali où les forces
françaises, de leur prétendument intervention salutaire sans être
éloignée de protection de l’industrie autour de l’uranium (extraction,
conditionnement, acheminent, etc.), n’ont pas entendu livrer bataille
aux éléments essentiellement Touaregs du Mouvement National de
Libération de l’Azawad (MNLA). MNLA qui s’est pourtant associé aux
forces dites hostiles avec d’être mis en déroute par leurs anciens
alliés d’infortunes.
Il
est à noter que depuis l’intervention française, qui au demeurant à
favorisé la réimplantation du MNLA au mali, ce mouvement s’arroge le
droit de l’administration dans le ressort et giron de la ville de Kidal
(Nord). Le président Français soutenant même devant les dirigeants
Africains, le 25 mai 2013, à Addis-Abeba, au cours des festivités du
cinquantenaire de l’entente africaine que la souveraineté de l’Etat
malien sur ce territoire (Kidal) devrait se faire par étapes :
l’administration civile d’abord, puis ultérieurement sans pour autant
arrêter un calendrier celle militaire.
Mahamadou Issoufou et la question de l’exploitation de l’uranium
À
peine le président Issoufou pris ses fonctions que sa plus
retentissante mesure fut de lancée un programme bénéfique à l’entreprise
française dénommée électricité de France (EDF) ; pour la
rénovation et investissement aux besoins en énergie local. Se détournant
ainsi de ses fournisseurs africains et en occurrence son premier
partenaire en l’espèce qu’était alors le Nigeria. Une fois le président
Sarkozy, chassé du pouvoir par l’expression assurément réelle du
suffrage électoral, le
président Issoufou, a entendu rouvrir le brûlot de la répartition des
bénéfices liés à l’extraction de l’uranium. Souhaitant à nouveau
en reprenant à son
compte le succès d’alors
arraché par le président Tandja à Sarkozy, que soit appliqué un partage
d’au minimum égalitaire (50-50) sur les bénéfices liées à la nouvelle
exploitation dont Areva n’entend l’achèvement des discussions pour
débuter fortune.
Le
nouveau président français, issu de l’élection de mai 2012, François
Hollande, saisi des réalités triturant l’existence
de la France , lui qui s’auréola de différence dans ses relations
d’avec l’Afrique et des Africains, s’empressa de recevoir officiellement
à deux reprises en moins d’un an le président Issoufou. Quel
privilège ! Tout habitué des rencontres élyséennes, pourrait soutenir
«d’étonnement» du différentiel de traitement attribué au président
Issoufou à ces convocations/réceptions. Sans oublier de pratique : que
l’on choie pour mieux assoire la trahison !
Mahamadou Issoufou sous épée Damoclès
Le
Niger grand d’une superficie de 1 267 000 Km², et qui déteint le plus
fort taux de
croissance démographique en Afrique (2.9 % l’an), passé de 2
millions d’habitants en 1950 à 16 millions de nos jours avec
probablement 55 millions au environ de 2050, dispose, pour la défense de
cet immense territoire dont une partie désertique, d’une force
militaire de 12000 Hommes. Il faut toutefois relativiser les capacités
d’actions de ces soldats. Comme il est de coutume en Afrique, tout
changement politique colporte avec lui un séisme dans les rangs du
commandement et haute hiérarchie militaire, ce dont l’onde de choc ou
les ondulations se ressentent dans la composition des troupes. Les
nouvelles recrues étant pour majorité issues de l’environnement ethnique
présidentiel, et le commandement militaire remanié en fonction de même
considération et dévolu en appui des clivages d’amitiés et d’allégeance
première à la personne avant l’institution. De sorte qu’entrée en
fonction en avril 2011, le président Issoufou ne saurait prétendre avoir
une réelle prise de contrôle sur
son armée actuelle.
Armée
qui au demeurant se retrouve éclatée en raison des événements au Mali.
Le pays y a envoyé à la disposition de la France dans son épopée, pas
moins de 650 soldats et certainement les meilleurs dans un accent de la
gloire de l’armée et l’honneur national. Puis à la suite de
l’enlisement de cette guerre et des contentions aux frontières
nationales du Niger, le gouvernement a déployé pas moins de 6000 soldats
aux frontières. D’un rapide calcul, les institutions de la république
et la capitale ne sont donc plus que défendues par moins de 4000 Hommes
(opérationnels ?) et desquels bons nombres ne peuvent être de véritable
soutien au président Issoufou…car si envoyés aux frontières et ailleurs,
peu auraient pris à cœur la mesure des attentes à eux consenties et
accepteraient ainsi combat et le risque de mort pour Issoufou !
Les tentacules de l’éviction du président Issoufou, se déploieraient-elles ?
Ainsi
donc, à la suite des récentes attaques du jeudi 23 mai 2013, à
Agadez, contre une garnison militaire, et à Arlit, contre des
installations de Areva, le président Issoufou s’est vu contraint
d’annuler son déplacement du 25 mai 2013 à Addis-Abeba aux festivités du
cinquantenaire de l’entente africaine. En aurait-il pu y en revenir
sous la qualité de chef de l’Etat…rien n’est moins sur. Ses fidèles
étant bien au loin de la capitale. Et cette perception ne saurait être
battue d’un revers de la main, de l’observation qu’au lendemain des
attaques, ces les forces françaises (invitées comme au Mali, mais par
qui et dans qu’elle déclaration ?) qui seraient intervenues de riposte
et aussi en vue de libérer des élèves officiers nigériens pris en otage à
Agadez, selon Jean-Yves le Drian, ministre français de la Défense.
L’uranium
serait vital pour l’économie mondiale et française indiscutablement,
mais alors maléfique pour la sérénité sociopolitique des nigériens ! Il
ressort que, comme dans bien d’autres immodestes sous l’égérie française
ailleurs en Afrique, c’est encore une richesse naturelle, ici
l’uranium, qui au gré d’exploitation envenime en interne les discordes
ethniques et politiques.
Le
président Issoufou, dans sa quête de revoir le partenariat d’avec
l’exploitant minier Areva et partant là ternir l’image international de
la bienveillante et bienfaitrice France, devra t-il plier l’échine à
Hollande comme à Sarkozy en guise de remerciement d’être avant tout
encore à la tête de l’Etat nigérien ?
Joseph TAPA