NB :
Cette enquête a été publiée en deux volets dans l’heddomadaire malien Le
Sphinx, les vendredi 27 mai et 3 juin 2011. Le commerçant en question, Babou
Yara, entretient des liens très intimes avec le président IBK . Certains
disent que c’est l’homme chargé de blanchir son argent…
La convoitise de la terre constitue
aujourd’hui l’une des principales sources de tensions au Mali, au point d’être
une cause potentielle de révolution sociale dans ce pays. L’appétit de grandeur
de certains de nos concitoyens se manifeste notamment par le besoin
irrépressible de prendre plus d’espace au détriment du voisinage. Quitte à
sacrifier l’harmonie sociale et environnementale. Souvent avec la complicité
d’un Etat laxiste et gangréné par la corruption de ses agents. Cela débouche
inévitablement sur des situations explosives aux conséquences imprévisibles. C’est
le cas avec cette affaire mettant en joute le riche commerçant Babou Yara et la
jeunesse de Badala Sema, révoltée et décidée à ne pas se laisser étouffer.
Voilà une histoire qui risque de faire tomber beaucoup de têtes…
Il n’y a
pas si longtemps, juste en face du Palais de la Culture (rebaptisée Centre
Amadou Hampaté Ba) s’étalait un rectangle boisé, parsemé de flamboyants
cinquantenaires, abritant un vieux fleuriste du nom de N’Diaye, installé là
depuis belle lurette. Un ombrageux et paisible jardin offrant une vue aussi
romanesque que romantique…
Hélas,
cette vision paradisiaque a fait long feu ! Quand vous passez maintenant
au même endroit, c’est tout un spectacle insolite qui vous frappe. Le choc
devant la sinistre métamorphose ! La petite forêt de flamboyants
cinquantenaires, comme dans un cauchemar, s’est miraculeusement transformée en un
vaste cimetière d’arbres ensanglantés. Plus de cents pieds fauchés en l’espace
de quelques jours de ce mois de mai. Des géants gisent là, découpés en petits
morceaux, suscitant une immense et pénible sensation de désertification. Une
véritable hécatombe ! En toile de fond de ce tableau de désolation se
dresse une blanche et imposante maison en étages. (voir la photo)
BABOU YARA VOUÉ AUX GÉMONIES
Il n’en a
pas fallu longtemps pour que ce mini scandale écologique provoque une levée de
boucliers au niveau des jeunes du quartier. Un tollé dont les échos se sont
très vite propagés, poussant les plus vieux à se rallier à la cause. Ainsi,
deux assemblées, regroupant une centaine de personnes, se sont tenues à
l’endroit du désastre, le mardi 17 et mercredi 18 mai derniers.
Alertés par
le voisinage, nous nous sommes rendus avec notre équipe sur le lieu du crime.
Plus d’une vingtaine de témoins interrogés et sur toutes les lèvres, un
nom : Babou Yara ! Et comme pour rendre la nouvelle plus officielle,
des affiches étaient collées un peu partout avec cette mention :
« La jeunesse de Badala dit non à la
spéculation et à l’anarchie foncières.
Babou
Yara : un démon contre la jeunesse de Badala.
Nous
disons non à l’occupation illicite de nos espaces verts.» (voir la photo)
Spéculation
et anarchie foncières, occupation illicite ! En plein dans le mille !
Tout est dit ici ! Et Babou Yara, c’est le nom de l’auteur de ces fléaux,
suivis de massacre écologique. Il est très riche et il a une réputation qui ne plaide pas en sa faveur,
comme nous l’apprendra la suite de notre enquête dans le quartier et en dehors.
Un unanime jugement l’accable d’être un « prédateur » qui ne peut
voir un morceau de terrain sans le convoiter. On l’accuse d’avoir jeté son
dévolu sur nombre d’espaces vitaux du quartier. Notamment les allées longeant
l’Avenue de l’OUA, en face de la pâtisserie ‘’Amandines’’ et le terrain de
football du marché de Badala. Et à tous les coups, il s’en est suivi des levées
de boucliers, ayant donné lieu à une intervention au plus haut niveau, pour
stopper l’hémorragie.
« Encore
lui !», c’est l’exclamation qui nous accueillait chaque fois que nous
cherchions la confirmation de nos informations. Cette fois-ci, la situation
semble avoir atteint le seuil critique avec cette agression sauvage sur la
nature. Une agression déplorée en des termes comme : « S’il
commence maintenant à couper nos arbres, comment va-t-on respirer? »,
ou : « Des organismes investissent des millions pour le reboisement
du pays, et lui vient les couper… » ou encore : « Si on le
laisse faire, il finira par revendiquer le toit de nos maisons. », etc.
A ces graves accusations,
vient s’ajouter un incident, donnant à l’affaire une tournure de Far-West…
POURSUITE DANS LA NUIT ET MENACE DE MORT
Dans la ferveur
du deuxième rassemblement du mercredi 18 mai, l’un des jeunes leaders du
mouvement de protestations, Oumar Barou Diallo, a eu la frayeur de sa vie. En
effet, en quittant la maison paternelle de Badala (tout près du lieu litigieux)
pour se rendre chez lui à Magnambougou en moto, une bien désagréable
surprise l’attendait. C’était aux alentours de minuit.
Quatre
jeunes gens, enfourchant des motos Djakarta,
l’ont suivi et encerclé au niveau du tournoi de Daoudabougou, l’apostrophant en
ces termes : « Fils de grande
gueule, si tu n’arrêtes pas d’exhorter les jeunes avec tes harangues, nous
allons te… tuer. Nous connaissons les lieux où tu opères. Demande-donc à ton père combien
coûte la maison qu’il occupe et Babou Yara va l’acheter pour l’ajouter à sa
cour. » (Sic)
De quoi
vous donner la chair de poule ! Le jeune homme se tira de ce guêpier,
grâce à la providence qui plaça sur sa route un auto-stoppeur de sa connaissance
qu’il s’empressa de prendre à sa croupe. Le lendemain, accompagné de trois
témoins, il se rendit au commissariat du 4e arrondissement pour
porter plainte. L’agent en poste lui conseilla de saisir directement le
procureur du Tribunal de la Commune V. Le lundi 23 mai, il vint nous informer
que sa plainte a été enregistrée le jour même.
Pourquoi tant de ferveur
autour de cette bande de terre ?
VANITÉ OU MERCANTILISME ?
Il faut le
rappeler, Babou Yara est aussi le propriétaire de la grande maison blanche dont
la vision a surgi sur les décombres des flamboyants phagocytés. La grande
maison blanche sans laquelle le problème n’aurait peut-être pas existé… Les
spéculations vont bon train sur les mobiles du riche homme d’affaires. Tantôt,
on lui attribue l’intention d’avoir voulu mettre en valeur sa luxueuse demeure,
naguère cachée par la forêt de flamboyants et d’aménager à leur place un espace
vert plus compatible avec le faste de son palace. Tantôt, on lui prête des
désirs mercantiles visant à construire sur les lieux du désastre des magasins à
usage commercial, un parking pour auto, ou une station d’essence…
Qu’en
est-il réellement? Et surtout à quel titre Babou Yara s’est-il arrogé le droit
de décimer le jardin ? Qui lui a attribué ou lui a fait croire qu’il avait ce
titre? Pourquoi? Autant de questions qui ont guidé nos investigations auprès
des protagonistes de cet imbroglio et dont les réponses—très déroutantes—
feront l’objet d’une prochaine publication.
C’est sûr, beaucoup de têtes vont tomber. À moins que ce pays n’éprouve
un plaisir masochiste à demeurer une éternelle jungle…
À suivre
Mountaga Fané Kantéka (collaboration spéciale)
Enquête : Affaire Babou Yara (suite) : un scandale à rebondissements causé par la sema-sa
Muni d’une décision judiciaire et d’une
sommation de déguerpissement, le riche commerçant Babou Yara est venu saccager
le jardin sis en face du Palais de la Culture à Badala. De quel titre se
prévaut-il ? Qui lui a transmis ce titre ? A quelles conditions ? L’autorité
qui lui a accordé ce privilège est-elle habilitée à le faire? Dans la négative,
comment un tel scénario peut-il se produire au Mali ? Qui sont les
protagonistes de cette rocambolesque affaire ?
Autant d’interrogations se situant au cœur
de cette enquête, démontrant avec quelle légèreté on commet les actes les plus
répréhensibles dans ce pays, sans scrupules
Quand le
vendredi 20 mai (2011), notre quatuor d’investigateurs écumait Badala-Sema en
quête d ‘informations sur cette scabreuse affaire, les jeunes du quartier avait
déjà fait la moitié du boulot. Ils savaient déjà que c’était un employé de la
SEMA (Société d’Equipement du Mali) qui avait accordé un contrat
d’exploitation à monsieur Babou Yara, pour une période de dix ou vingt ans,
moyennant la modique somme de trois millions de francs CFA.
Ils
savaient par ailleurs que ce contrat était « nul et non avenu ».
Pourquoi? Pour la simple raison que la SEMA ne peut ni disposer ni consentir
une quelconque transaction sur un espace que ne lui appartient ni d’Ève ni
d’Adan. Parce que cette société, qui était une société d’Etat, avait reçu le
mandat de construire pour les cadres maliens de l’époque des indépendances, sur
la base d’une location-vente s’échelonnant sur vingt ans, au bout desquels ils
devenaient propriétaires. Et ces vingt ans se sont écoulés
depuis Mathusalem, tout le monde ayant acquis la propriété de sa maison.
Par voie de
conséquence, les espaces publics devenaient leur propriété commune, sous
réserve des prérogatives municipales.
Nous
n’avions plus qu’à effectuer un travail de vérification et d’approfondissement.
Prise dans une impasse juridique
Nous nous
sommes donc livrés à un travail de vérification et d’approfondissement. Ainsi,
nous sommes allés voir monsieur Moussa Balla Coulibaly qui a, évidemment,
confirmé l’absence de tout droit de propriété de la SEMA sur la parcelle
litigieuse. Il a par ailleurs rappelé un détail qui pourrait avoir son
importance : la SEMA n’est même plus une société d’Etat, mais privée. Une
société anonyme, d’où son actuelle appellation SEMA-SA. Déplorant la perte des
flamboyants qui, d’après lui ont été plantés en 1962 par ses soins notamment,
il a ajouté : « Si le
fleuriste était venu me voir, je lui aurais conseillé de ne pas quitter les
lieux. » On ne peut être plus clair.
Il fallait
maintenant confronter l’employé de la SEMA-SA qui, aux dires des jeunes, aurait
cédé la parcelle à monsieur Dionké Yaranangoré
alias Babou Yara. Ce fut chose faite le mardi 24 mai dernier. Vu son rôle très
limité dans cette affaire, il n’est pas nécessaire de dévoiler son identité.
Nous le désignerons sous le titre de « sous-chef » de la boîte. Lors
de notre entretien, le « sous-chef », visiblement très mal à l’aise,
sur la défensive, et très pressé d’en finir avec nous, s’est lancé dans des
explications aussi sommaires que bancales. Tout en endossant la responsabilité
d’avoir conclu le contrat avec Babou Yara, il refusa catégoriquement de nous
montrer l’acte de la transaction, au motif que « c’est un document
interne ». A quel titre s’est-il autorisé cette transaction au nom de sa
boite ? Il répond : « c’est
la SEMA qui est propriétaire de tous les titres fonciers de Badala-Sema »(Sic).
Incroyable !
« Concrètement qu’est-ce que cela
signifie ? » A cette question, le « sous-chef » perdit totalement pied. Il perdit pied parce
qu’il venait de réaliser que son affirmation est dépourvue de tout sens
concret. Parce que si c’était vrai ce qu’il avançait, cela voudrait dire que la
SEMA, devenue SEMA-SA, peut céder les logements dont la propriété a été acquise
par les cadres au bout de vingt ans de location-vente. Ce serait une situation
anarchique de tous les diables. Il aurait dû dire que la SEMA
« était » propriétaire de tous les titres fonciers de
Badala-Sema « avant leur acquisition par les cadres »…
Face à
cette impasse juridique, le « sous-chef » s’empressa de faire un repli stratégique en
disant : « Si vous voulez
discuter de ces détails juridiques, ce n’est pas avec moi. Je ne suis pas un
juriste, c’est vous le juriste. Et puis attendez le retour du Directeur Général
pour lui poser la question… » Le Directeur Général ! Le nom est
lâché !
Des documents accablants
Le lendemain
de cet entretien déterminant, nous allions comprendre pourquoi le
« sous-chef » ne voulait pas
nous montrer le document de la transaction avec Babou Yara. Parce qu’il met
directement en cause son supérieur hiérarchique, le Directeur Général de la SEMA-SA, monsieur Alassane Seydou Traoré. Malheureusement pour lui, ce papier est
finalement tombé entre nos mains, par l’entremise des jeunes révoltés. Et voilà
résumé son contenu :
« PARDEVANT
Maître Amadou TOURE, Notaire à la Résidence de BAMAKO, soussigné,
ONT COMPARU
1ent-/ La Société d’Equipement du Mali
(SEMA), Société Anonyme au capital actuel de UN MILLIARD VINGT MILLE (1000
000 020 000) FRANCS CFA… représentée par Monsieur Alassane Seydou
Traoré, Directeur Général de la SEMA … En vertu des pouvoirs qui
résultent de ses fonctions de Directeur Général de ladite société ;
Ci-après dénommée dans le corps de l’acte « Le cédant »
2ent-/
MONSIEUR DIONKE YARANANGORE, Commerçant
de nationalité malienne… Ci-après dénommé dans le corps de l’acte « LE BENEFICIAIRE »
Lesquels, préalablement à l’acte de concession, objet des présentes,
ont exposé ce qui suit :
La SEMA-SA est propriétaire d’une parcelle de terrain sise à Bamako,
quartier BADALA SEMA I. Etant vierge de toute construction, Monsieur
Dionké YARANANGORE a sollicité et obtenu de la SEMA-SA la mise à sa disposition
de ladite parcelle en vue de son aménagement en espace vert. Cet accord
intervenu entre eux a fait l’objet de la présente convention d’usufruit dont
les termes suivent : ... » (voir fac similé)
Cet acte
notarié, daté du 03 décembre 2008, est accompagné d’autres documents, à
savoir une assignation en référé d’heure
en heure aux fins d’expulsion du 17 janvier 2011 et le procès-verbal d’expulsion, daté du 18 avril 2011, émanant du cabinet de l’huissier de
Justice maître Chiaka Boiré, invoquant une grosse
en forme exécutoire de l’Ordonnance de référé no 118 en date du 21 février
2011 de Monsieur le Président du
Tribunal de Première Instance de la Commune V de Bamako, le tout adressé au
fleuriste Oumar N’Diaye pour le faire déguerpir.
Que faut-il
retenir de toutes ces démarches légales?
Une escroquerie juridico-judiciaire
C’est
certain, c’est un VRAI scandale juridico-judiciaire! Une gigantesque
escroquerie, masquée par la couverture de la légalité ! Du début à la fin,
les dés sont pipés. On a mobilisé la force publique et les moyens de l’État
pour servir les intérêts d’un particulier aux dépens d’une communauté, sur la
base d’un acte illégal. C’est d’une tristesse à vous fendre le cœur. Et, à
l’occasion, la police, fidèle à sa triste réputation, s’est encore adonnée à
des exactions, notamment en confisquant la caméra d’un jeune qui filmait la
scène et en lui disant : « Tu
vas récupérer ta caméra chez Babou Yara ! » Incroyable, mais
vrai !
Tous les
officiers ou auxiliaires de justice impliqués dans cette affaire n’avaient-ils
pas l’OBLIGATION DE VÉRIFIER la réalité du titre de propriété de la
SEMA-SA ? À commencer par le notaire, Maître Amadou TOURE, qui devait
s’assurer de la légitimité du titre de propriété exhibée par la SEMA-SA. Et
aussi le juge des référés, le Président du Tribunal de Première Instance
de la Commune V, qui ne peut en aucun cas ignorer l’adage juridique selon
lequel « Nul ne donne ce qu’il n’a pas » ou cet autre adage :
« Nul ne peut transférer plus de droits qu’il n’en a lui-même ».
C’est une
FAUTE PROFESSIONNELLE d’une exceptionnelle gravité qu’ils ont commise et dont
ils devraient répondre. Dans le jargon technique, c’est une FAUTE LOURDE
assimilable au DOL (manœuvres frauduleuses destinées à tromper l’autre
partie). Même pour quelqu’un qui n’est
ni juriste de formation ni de métier, n’est-il pas flagrant qu’en aucun cas la SEMA-SA (une
entreprise privée de surcroit) ne saurait être propriétaire d’un espace public
relevant du ressort de la collectivité, voire de la municipalité ?
« FAUX
ET USAGE DE FAUX », invoquent les jeunes de Badala Sema qui, à l’occasion
se sont entourés des conseils d’un avocat issu du quartier pour défendre leurs
intérêts. « FAUSSE REPRÉSENTATION », « CONCERT
FRAUDULEUX », « DÉTOURNEMENT DE POUVOIR », « ABUS DE
POUVOIR », etc., sont aussi d’autres qualifications juridiques appropriées
en l’espèce.
Le tout est
de savoir si le Mali a une vocation d’État de droit.
Tentative de rachat et de réparation
Devant la
gravité de la situation, la SEMA-SA, consciente de sa lourde
responsabilité, pour se racheter, s’est empressée de résilier le contrat
qui la liait au problématique Babou Yara. L’information nous a été d’abord
fournie par les jeunes de Badala, puis confirmée par le « sous-chef »
de la SEMA-SA qui affirme avoir notifié par exploit d’huissier à monsieur
Babou Yara la résiliation de la transaction qui les liait. Il a encore refusé
de nous montrer ce document, au même motif que « c’est un document
interne ».
Résiliation
pour quel motif ? C’est ici que les réponses du « sous-chef »
commencent à être sensées. Écoutons-le donc : «Babou Yara nous avait dit qu’il voulait en faire un espace vert, comme
il en existe dans le quartier ACI 2000. À notre grand étonnement, il s’est mis
à couper les arbres. Il a détruit un espace qui était déjà à moitié vert. Il
aurait pu se contenter d’aménager sous les arbres. » C’est effectivement paradoxal de prétendre
faire un espace vert en détruisant ce qui fait justement la verdeur : les
arbres. D’où l’incontournable question de savoir si l’intention réelle de
monsieur Yaranangoré alias Babou Yara est de faire un espace vert. Quoi qu’il
en soit, le mal est déjà fait. Les arbres ont été coupés. Que faire pour
réparer ces dégâts ? Le « sous-chef » assure : « On va gérer ça. »
Trois jours
après cet entretien, il y eut un meeting sur le lieu du désastre, à l’initiative
des jeunes de Badala qui se sont organisés en association. C’était le vendredi 27 mai (le jour même de la parution
du 1er volet de cette enquête) et ce fut l’occasion de réunir des
notables du quartier et aussi d’en savoir un peu plus. Un autre « sous
chef » de la SEMA-SA, tremblant de tous ses membres, est venu lire en
public les « documents internes » que son alter ego avait refusé de
nous montrer. Ainsi, nous apprenions avec lui que le 18 mai dernier, la SEMA-SA
a envoyé l’huissier maitre Amidou Coulibaly, domicilié à Kati, pour constater
les dégâts, photos à l’appui. À la suite de quoi, une lettre de résiliation fut
adressée à monsieur Yaranangoré. On y parle de violation des termes du contrat, de mépris des engagements, d’abus de
jouissance, de détérioration d’immeuble, etc., et de procédure en
réparation.
En clair,
la SEMA-SA, acculée, cherche à se décharger sur Babou Yara pour une faute dont
elle est à l’origine. Comment va-t-on d’ailleurs réparer les dommages ? En
replantant les arbres ? Faut-il alors combien d’années pour que ces
nouvelles pousses atteignent la taille et la grosseur des flamboyants abattus?
Cette exigence de réparation, à bien y regarder, n’est-elle pas une mascarade
favorisant encore Babou Yara ? Parce que, au cas où son intention
véritable était de faire un espace vert pour mettre en valeur sa luxueuse
demeure, il aura gagné son pari…
C’est
pourtant cette issue qui se dessine à l’horizon, puisque, prenant le train en
marche, la municipalité de la Commune V a organisé une rencontre entre les
différentes parties, le lundi 30 mai. Ils sont arrivés à une
entente voulant que toutes les parties (y compris la Mairie) s’accordent
pour fournir un plan d’aménagement. Qui sera exécuté aux frais de qui ?
Incertitude totale! Babou Yara aura donc doublement gagné son pari,
puisqu’il ne sera peut-être pas tenu de réparer son gâchis… Ah ! Quel
curieux tour de passe-passe !
Questions à un million de dollars
Lors du meeting du vendredi 27
mai devant le Palais de la Culture, des élus municipaux ainsi que des
politiciens en précampagnes électorales sont venus s’illustrer, qui par sa
présence remarquée, qui par ses discours aussi éloquents que démagogiques, avec
un indécent étalage de leurs titres ou privilèges. Où se trouvaient donc ces
élus municipaux et ces politicards verbeux et mégalos quand on massacrait les
arbres? Pour quel mandat sont-ils élus ou comptent-ils se faire élire ? Si
la jeunesse de Badala n’avait pas vigoureusement réagi, où en
serions-nous ?
Et maintenant, la question-qui-tue :
qui se cache derrière Babou Yara ? Pour formuler la question
autrement : qui est le véritable propriétaire de la luxueuse et imposante
maison blanche – un vrai Palais – au nom de laquelle ce scandale à
rebondissements a été commis ?
C’est l’objet d’une autre
enquête qui sera peut-être divulguée un jour !
Cette affaire est loin d’’être finie. Comme le dit si bien un jeune de
Badala : « Ça n’a même pas
commencé encore ! »
NB: Deux ans après, la question est plus que d'actualité quant à l'identité du véritable propriétaire de la luxueuse demeure blanche et les motifs du scandale écologique. Surtout quand on sait que cette demeure fait face au Palais de Koulouba dont elle est la réplique...
NB: Deux ans après, la question est plus que d'actualité quant à l'identité du véritable propriétaire de la luxueuse demeure blanche et les motifs du scandale écologique. Surtout quand on sait que cette demeure fait face au Palais de Koulouba dont elle est la réplique...
Mountaga Fané Kantéka