Voici un récital poétique qui raconte une histoire dont
la fin et le début s’entremêlent dans la spirale de l’immortalité.
C’est
le périple d’un poète qui, pour s’affranchir de la douleur du désir dérisoire,
paie cher pour sortir de l’univers vermoulu.
Adolescent,
préférant la chimère au réel, il court derrière le vent et en devient un
marchand de rêves, accumulant des richesses inestimables.
La
nature l’a béni de toutes les richesses de la création quand la société l’a
affligé de toutes les misères de la condamnation.
Dans
leur malvoyance, les hommes ont voulu faire de sa chance une malchance. Et de
son bonheur un malheur.
En
proie au drame pécuniaire, pour se nourrir, il trame des vers qui font sourire
les cœurs et mûrir les esprits.
Les
affres de l’esseulement le conduisent dans les délices de la solitude. Son
refus du suivisme en fait un adepte de la splendeur.
Ne
voulant pas souffrir les manigances, ni mourir dans la disgrâce, dans l’ermitage
il s’enferme.
Le
désamour du prochain lui insuffle l’amour du lointain. Il en devient un
aventurier sillonnant les mers inconnues.
Ivre
de douleur, pour survivre il va vivre son malheur ailleurs, dans l’espoir du
bonheur dont les lueurs se font entrapercevoir dans ses rêves.
Héros
réduit en paria, il erre dans les méandres de l’Histoire pour retrouver le sens
perdu des mots et des choses.
Son
filet et son harpon sur les bras, il part à la pêche des mots perdus dans les torrents
des dérives sémantiques.
Entrapercevant
à travers l’éclat de l’aurore l’aura de l’or ancestral parsemé aux quatre
coins de l’univers, il nourrit le désir de le reconquérir.
Pérégrinant
de contrée en contrée, il finit par assouvir le rêve qu’il a bercé tant d’années
durant.
Revenu
au bercail dans ses vieux jours, il meurt dans les bras de l’amour de sa vie
qu’il a ramenée de ses aventures rocambolesques.
Lors
de son oraison funèbre on orchestra un montage de ses vers dorés qui le firent
revivre éternellement dans les cœurs.
Plus
vivant mort qu’il ne l’était lors de son vivant, ses œuvres sont les souvenirs
qui se sont substitués à sa personne.
De
son vivant les sombres cabales avaient éclipsé son éclat. A sa mort, la magie
des souvenirs lui a restitué son aura.
Ainsi
finit et recommence l’existence du mentor, créateur insoumis au monde des
compromis, trouvant reconnaissance et immortalité dans la mort.
Mountaga
Fané Kantéka