mercredi 15 juillet 2020

TROIS ARTICLES PRÉMONITOIRES SUR LA FIN DU PRÉSIDENT MALIEN IBK


Comme ça avait été le cas avec ATT (Amadou Toumani Touré), j'avais prédit la fin de règne du président IBK (Ibrahim Boubacar Keita). Et ce, dès la désignation de son premier gouvernement. Voici trois articles que j'avais écrits et publiés sur mon blog, à l'époque:
PREMIER ARTICLE:
LUNDI 9 SEPTEMBRE 2013
Mali : Le GOUVERNEMENT DU SABORDAGE POLITIQUE

« Rarement sous la IIIe République malienne, un homme aura réussi à engranger un si enviable capital de sympathie politique. Mais, il a réussi à tout dilapider par ses maladresses… », disait-on d’IBK quand il était encore Premier Ministre sous Alpha O Konaré ! Et c’est au Palais présidentiel même que se faisaient ces confidences !
Comme pour donner raison à ses détracteurs, IBK vient encore de précipiter sa mort politique en installant un Gouvernement de compromis (pour ne pas dire de « compromission »)! Un acte vivement ressenti par une partie de l’opinion publique malienne, dont son électorat, comme une trahison, vu le discours d’espoir et de renouveau qu’IBK n’a cessé de tenir le long de sa campagne !
Des flots de protestations venant de partout
L’annonce de la liste du Gouvernement fut comme un coup de foudre qui vint calciner les espoirs fondés sur « l’homme-providence », surnommé Kankelen Tigui ou Celui-qui-n’a-qu’une-parole. La déception est à son comble ! Dans les « grins » (groupes de rencontre), les récriminations se font de plus en plus vives. Des flots de protestations se poursuivent très vite sur le site d’informations et de débats Maliweb qui, dans la nuit d’hier, recensait 175 réactions dont 99% étaient contre le choix de ce Gouvernement.
L’enthousiasme de la veille, suite à la nomination du jeune Premier Ministre Oumar Tatam Ly, s’est vite mué en cauchemar, donnant des envies de « suicide » ou de « vomir » à certains internautes se demandant ce qu’IBK a fait de sa promesse de mobiliser les ressources humaines de ce pays, sans partisannerie aucune!
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La trahison
Suite à son élection, IBK avait martelé « Il n’y aura pas de partage de gâteau ! » Un animateur radio de la place avait déjà pressenti dans ces propos du Président fraîchement élu un aveu ! En parlant de « gâteau », IBK sous-entendait qu’il y en avait un ! Et dès lors qu’il existe un gâteau, avait renchéri l’animateur, il sera forcément mangé par quelques uns ! Et c’est cela qui est arrivé avec la reconduction de certains caciques comme Soumeylou Boubèye Maïga (Défense), le Colonel Sada Samaké (Sécurité), Dr Bocary Téréta (Développement rural), des anciennes têtes du temps de l’ADEMA quand IBK était Premier Ministre.
Du coup, celui qui se présentait naguère comme un « homme de rassemblement et de renouveau », se révèle brusquement un classique homme de clan, affilié à de vieux roublards opiniâtrement accrochés au pouvoir depuis une vingtaine d’années ! Ainsi, d’un revers de la main, IBK balayait le grand espoir suscité par la nomination de son tout jeune Premier Ministre Oumar Tatam Ly !
A cela s’ajoute la reconduction de Moustapha Dicko (au Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique), perçu comme étant l’auteur de la déliquescence du système éducatif malien ! Plus grave encore pour l’opinion publique, est la nomination de Zaraby Sidi Ould Mohamed (aux Affaires étrangères), connu pour être la tête pensante d’une rébellion touareg des années 90, ayant eu son lot de massacres !
On n’hésite donc pas à évoquer un pacte entre IBK et des parrains occidentaux, ayant favorisé son élection pour qu’il trahisse le Mali au profit du MNLA ! On lui impute aussi un élan affectif, du fait de l’appartenance de son épouse (une Maiga comme Boubèye) au Nord du pays !
Un amalgame incomestible
Les griefs sont aussi dirigés contre la reconduction de certains ministres de la Transition, dont des éléments de l’ex junte militaire comme le Général Moussa Sinko Coulibaly, maintenu à son poste de Ministre de l’administration territoriale. Un signe qu’IBK continue de se reposer sur le soutien des militaires !
Le maintien de Tiéman Hubert Coulibaly, qualifié de « tonneau vide » (pour de multiples raisons) et très proche du cacique Boubèye Maiga, est aussi très mal accueilli ! De même que le remplacement par Mohamed Aly Bathily au poste de Garde des Sceaux du Jeune Malick Coulibaly, très apprécié pour son travail et son intransigeance !
C’est la taille même du Gouvernement, 34 ministres et délégués au lieu de 20 à 25, qui révolte l’opinion, y voyant un artifice pour justement aboutir à ce « partage de gâteau » dont se défendait le Président-pirouette !
En résumé, on reproche à IBK, en lieu et place du changement promis, d’avoir remis le Mali dans l’impasse en conciliant les tares de 3 règnes successifs, à savoir celui d’Alpha Oumar Konaré, d’ATT et de la Transition. Les nouveaux venus n’étant là que pour faire diversion ! A commencer par son jeune Premier Ministre qui, en aucun cas, ne saurait en imposer à des caciques comme Boubèye Maiga!
Est-il besoin d’être prophète pour augurer de la fin politique d’IBK ? Est-il excessif de dire qu'il vient de se saborder politiquement, par son manque d'inspiration et d'imagination? Le temps nous le dira !
DEUXIÈME ARTICLE:
JEUDI 28 NOVEMBRE 2013
Mali: IBK, LE TRIBALISTE
« Si tes propos divergent de tes actes, on te jugera sur tes actes ! », dit le dicton. Appliqué au président malien Ibrahim Boubacar Keita dit IBK, cette vérité le révèle sous les traits d’un tribaliste qui se donne des accents de nationaliste rassembleur !
Nous ne reviendrons pas sur sa trahison, relativement aux espoirs de changement qu’il avait suscités chez les masses qui avaient fait un large consensus autour de lui ! Retenons simplement que le slogan « Le Mali d’abord ! » qu’il avait brandi, s’est vite mué en « Mon clan politique et ma famille d’abord ! », traduit par des nominations népotistes au Gouvernement qu’il a composé !
Ce penchant népotiste ou tribaliste est couronné par la volonté d’IBK d’imposer son fils comme député à l’Assemblée nationale.
Un Karim qui en rappelle un autre
Un Karim que son père-président voulait imposer à ses gouvernés ! C’était au Sénégal, avec la dynastie Wade. L’Histoire se répète, en un très court laps de temps ! Et cette fois-ci, dans l’État voisin du Mali, avec le clan Keita. Très curieux et très révélateur de la conception patrimoniale du pouvoir qui prévaut encore chez nous !
En effet, Karim Keita, fils d’IBK, sitôt son père élu, a cru bon d’en imposer aux Maliens, en se présentant comme candidat aux législatives, lui qui jusqu’alors ne se mêlait pas de politique ! Dans la Commune II où il est candidat, le « prince » Karim Keita distribue de l’argent comme des feuilles d’arbre aux électeurs! Il se livre aux achats de vote, au vu et au su de tous !
Certains vont jusqu’à dire que Karim Keita serait encore plus riche que son père milliardaire! On peut se demander comment Karim Keita, naguère étudiant au Canada, a fait pour amasser une telle fortune, en si peu de temps
Poussant l’arrogance et l’indécence au bout, le « prince » mandenka Karim Keita s’est associé à un homme d’affaire du nom d’Hadi Niangadou, surnommé Joe Walaki, propriétaire d’une agence immobilière, pour ne pas dire un spéculateur foncier.
Dans son édition du 15 novembre, l’hebdomadaire Le Sphinx faisait état d’une tentative de lynchage à leur endroit, de la part des habitants de la Commune. On espérait donc que son fils ne passerait pas. Ce qui aurait pour effet de calmer la grogne populaire. Cependant, Karim Keita et ses colistiers sont en tête au premier tour et compte l’emporter le 15 décembre prochain.
Une affaire qui sent le souffre
Tout se passe comme si IBK, au mépris des conseils qui lui ont été prodigués, nostalgique de la légende tissée autour du fictif ancêtre Son-Djata, se croit investi d’une royauté qui lui reviendrait de droit ! Surtout quand on sait que le Ministre délégué auprès du ministre de l’économie et des finances, chargé de la promotion de l’investissement et de l’initiative privée, Moustapha Ben Barka, est aussi le neveu direct de sa femme !
En ce moment où l’épopée du Capitaine-Général Sanogo vire au vinaigre, à cause notamment du courroux créé au sein de son propre corps des Bérets verts qu’il a trahis par ses excès, cet écart d’IBK risque d’avoir des répercussions insoupçonnées…
Cette affaire ne présage rien de bon et IBK et son fils ne pourront que s'en mordre le doigt! Comme si IBK, par masochisme, utilisait son fils comme la flèche qui l'atteindra en plein cœur et le fera dégringoler de son trône ancestral! Mais, comme le dit un proverbe malien, "celui dont la fin est imminente, n'écoute pas de conseils!"
Dans le meilleur des cas, Karim Keita du Mali, finira comme son homonyme Karim Wade du Sénégal que son père voulait imposer aux Sénégalais!
TROISIÈME ARTICLE:
MARDI 1 AVRIL 2014
Mali : La FIN DU PRÉSIDENT IBK
Je commençais à désespérer de la clarté de ma vision, car je craignais que le mois fatidique de mars laisse IBK indemne au pouvoir. Or, ceux qui me suivent sur Twitter, savent que je ne lui donnais pas plus de six mois de survie politique. Et alors que je commençais à me résigner à la boucler pour de bon, voilà que le dernier vendredi de ce mois butoir, le coup vient du pays même de son ami Hollande. Plus mortel qu’un coup d’Etat ou un assassinat politique.
Mort de sa belle mort !
En l’an 2000, alors qu’il venait d’être démis de ses fonctions de premier ministre d’AOK et que tout le monde le donnait fini, j’ai écrit dans Le Malien un billet titré « Attention, IBK n’est pas mort », m’ayant valu quelques railleries... On connait la suite. Il a été élu deux fois président de la République. D’abord en 2002 où sa victoire lui a été volée par le déchu ATT. Ensuite, six mois plus tôt à la suite d’un quasi-plébiscite.
Et aujourd’hui, quatorze ans plus tard, alors qu’il est encore au sommet du pouvoir, j’affirme haut et fort : « IBK est mort ! Irrémédiable mort ! Mort de sa belle mort ! » Et dans les tous sens de ce mot, car il n’en survivra pas physiquement. Et je voyais cela sur sa face défaite le 26 mars dernier quand je le surpris à la télé, lors d’une cérémonie militaire. C’était un cadavre que je voyais. Il avait déjà le regard plongé dans l’Au-delà.
IBK est mort, car tous ses masques tombent avec cette affaire de mafiosi. L’ange de la mort s’est présenté à lui sous les traits du parrain corse Michel Tomi. Son vernis de musulman s’effrite radicalement, après celui de démocrate qu’il a fortement écorné avec son népotisme criard. Il ne pourra plus l’ouvrir dans ce pays où l’on connait son penchant pour la grande vie. Voulant être le champion de tout, IBK s’avère finalement en deçà de toutes les prétentions qu’il a affichées. Et personne n’est plus dupe.
Un homme sentant sa mort
J’avais écrit sur Twitter qu’IBK « agit comme quelqu’un qui sait qu’il va mourir au pouvoir ». C’était par rapport à son acharnement à mettre ses proches, dont son fils Karim et son gendre Isaac Sidibé, à des postes stratégiques, dans le but évident de conserver le pouvoir dans la famille, en cas de déboires personnels. Et c’est ce scénario qui se profile à l’horizon avec une éventuelle démission d’IBK ou une mort brutale…
Je ne m’étalerai pas davantage là-dessus. Je me contenterai de dire que quel que soit celui qui lui succédera au pouvoir, qu’il sache que c’est le même sort qui l’attend, s’il n’a pas l’étoffe d’un héros. Car, au stade où l’on en est, Il faudrait un héros pour sortir le Mali de l’ornière dans laquelle vingt ans de « démocratie » l’ont plongé.
Mountaga Fané Kantéka