samedi 1 août 2020
MALI: QUI A DIT QU'UN PRÉSIDENT ÉLU NE PEUT PAS PARTIR AVANT LA FIN DE SON MANDAT?
Pour maintenir au pouvoir le contesté et contestable président malien IBK (Ibrahim Boubacar Keita), malgré sa faillite avérée et les tueries perpétrées sur des manifestants et sur des paisibles citoyens nuitamment, on avance l'argument-massue selon lequel il est indéboulonnable, vu que son mandat n'a pas encore expiré. Et, parmi ceux qui invoquent ce prétexte « démocratique», figurent les grands décideurs de l'Occident. Qu'en est-il dans la pratique?
Sans aller par quatre chemins et sans m'encombrer de détails superfétatoires, je citerai seulement deux exemples qui enlèvent toute crédibilité à cet argument farfelu. Je citerai d'abord le cas haïtien avec le président Jean-Bertrand Aristide qui, en plein mandat, a été enlevé du pouvoir manu militari par les Américains, avec la bénédiction du Canada et une partie de la « communauté internationale », et conduit en exil à bord d'un avion américain. C'était en 2004, suite à des affrontements entre opposition et majorité, ayant débouché sur des tueries. Aristide lui-même a parlé d'enlèvement. Et la Communauté caribéenne a elle aussi déploré cette ingérence.
Le deuxième exemple est plus récent et s'est déroulé en Bolivie avec le président Evo Morales qui, réélu officiellement en 2019, a dû céder devant la pression populaire, suite à des manifestations de masse ayant donné lieu à des violences. Lui aussi prit le chemin de l'exil. Et le New York Times avait approuvé ce départ en ces termes: « Lorsqu’un dirigeant abuse aussi effrontément du pouvoir et des institutions qui lui sont confiées par le suffrage, comme l’a fait le président Evo Morales en Bolivie, il perd sa légitimité. Et le forcer à partir devient souvent la seule option qui lui reste. C’est ce qu’ont fait les Boliviens. » Comme le rapporte Le Monde diplomatique dans un récent article intitulé " Coup d'État médiatique".
Et pourquoi le président malien IBK devrait-il être épargné? Qu'a t-il fait pour Dieu pour mériter ce privilège? Pire que cela, n'a-t-il pas tripatouillé la Constitution malienne pour briguer un 2e mandat alors qu'il avait atteint la limite d'âge? Et sa réélection n'a t-il pas été entachée de fraudes massives ayant mis le pays en ébullition? Et n'a t-il pas du sang sur les mains? N'est-il pas encore en train de brandir des menaces à l'encontre des manifestants? Pourquoi refuser aux Maliens d'user de leur droit de démettre un mauvais président, dans tous les sens du terme? Sans compter son inaptitude à gouverner, pour raison de santé mentale, comme je le rapportai dans mon dernier article.
LA RESPONSABILITÉ DE LA FRANCE ET DES ÉTATS-UNIS
Nous savons de source sûre que, en plus de l'Union européenne, la France et les États-Unis ont assuré le président IBK de leur soutien. On nous dit même que la France a dit à IBK de « s'assumer ». Un mot qu'il a répété lors de son discours comminatoire du 31 juillet. En définitive, toutes les tueries de masse qui vont survenir au Mali, dans les jours à venir, seront imputables aussi à la France et aux États-Unis, entre autres. Et s'il y a poursuite devant la Cour pénale internationale, Macron et Trump seront eux aussi appelés à la Barre. En voulant, comme à leur habitude, continuer avec leur politique de deux poids, deux mesures, ils devront s'attendre à rendre des comptes. Surtout quand il y a mort d'hommes. À un moment donné, la décence doit primer sur la cupidité et cet atavique réflexe de colon.
MF Kantéka