« Le temps des sauveurs suprêmes est révolu! Il n'y a pas de sauveur suprême! Malheur au sauveur suprême!», aimait clamer l'ancien président Alpha Oumar Konaré, pour exorciser les bruits de bottes qui résonnaient à ses oreilles dans les couloirs de Koulouba, annonciateurs d'un hypothétique coup d'État contre son régime vacillant.
Nous n'allons pas aller jusqu'à reproduire la baveuse rhétorique d'un homme d'État en proie à la frayeur. Cependant, nous convenons que le temps des hommes-providence n'est plus. À supposer que ce temps ait un jour existé. En moins d'une décennie, de 2012 à 2020, le Mali a connu quatre chefs d'État: Amadou Toumani Touré, Amadou Haya Sanogo, Dioncounda Traoré, Ibrahim Boubacar Keita. Aucun de ces quatre chefs d'État ne connut un sort heureux. Et celui qui viendra après IBK subira certainement le même sort, les mêmes facteurs conduisant aux mêmes conséquences. Puisque ce n'est pas uniquement une question de personne, mais de pratiques politiques.
C'est donc le temps de s'arrêter un peu et de réfléchir davantage à un autre mode de gouvernance qui se démarque de ce copier/coller de la démocratie occidentale avec des schémas qui n'ont été que cause de désastres dans notre pays. Comme le dit un adage malien: « Kalan koun yé ko don yé ». Ce qui veut dire que le but des études est l'acquisition de la connaissance. Nous avons beaucoup de gens instruits dans la classe politique malienne et en dehors, s'exprimant bien dans diverses langues ou faisant preuve d'une grande expertise en matière de droit, de science politique ou d'autres disciplines. Pourtant, tous demeurent servilement accrochés au système de gouvernance de l'ancienne puissance coloniale qui a encore le contrôle total sur notre politique interne. Sachant fort bien que ce qui marche en France ne marchera pas forcément chez nous.
Pourquoi ne pas profitez de l'engouement créé autour de la répudiation du président IBK pour amorcer un virage décisif qui concrétisera l'avènement du « Mali Nouveau » que tout ce beau monde semble appeler de son voeu? Les leaders du M5-RFP n'ont-ils pas dit que l'un des buts de leur combat est d'en faire un exemple pour toute l'Afrique? Peut-on espérer être un exemple quand notre action consiste seulement à faire tomber un régime pour le remplacer par un autre qui va reconduire le même schéma de gouvernance? N'est-il pas possible d'opter pour une autre forme de gouvernance qui correspond au type de société dans laquelle nous vivons?
Oui, c'est possible et même assez simple d'opter pour une autre façon de gouverner le pays. Pourvu qu'on y mette de la volonté et autant d'ardeur que celle déployée pour chasser un président du pouvoir. Et la transition politique, qui se profile à l'horizon, devrait servir à élaborer une nouvelle constitution qui s'inspirerait des propositions auxquelles nous avons pensé et qui offre une autre alternative de gouvernance qui se démarque de la partitocratie qui prévaut en ce moment au Mali, comme dans bon nombre de pays africains. Et nous aimerons en discuter avec les autorités qui seront mises en place pour la transition politique. L'appel est lancé!
MF Kantéka