samedi 6 novembre 2021

PLAGIAT OU IMPOSTURE?

 

 

La question n’est pas très pertinente car un plagiaire est forcément un imposteur. Et un imposteur est irrésistiblement voué à faire du plagiat ou à l'endosser.

 

Quand un présumé auteur prétend qu’il est superflu de demander de quoi parle son livre, je me pose des questions. Peut-on se mettre à table pour écrire, sans savoir de quoi on parle? Un livre est toujours motivé par une idée de départ, même si cette idée de départ peut être dédoublée voire supplantée par d’autres idées, nous menant vers une autre destination. Toujours est-il qu’un livre, qu’il soit commandité ou inspiré, comprend toujours un thème central (voire des thèmes centraux) et des sous-thèmes.

 

Si c’est un roman autobiographique, le livre s’inspire de notre vécu. Et même ce qu’on appelle « fiction » est tributaire de notre vécu, puisqu’on imagine à travers le prisme de notre vécu et selon nos aptitudes. Je suis de ceux qui pensent que la réalité dépasse la fiction, puisque toute fiction ne peut être imaginée qu’à partir de la réalité. Pour échafauder une fiction, il faut d’abord exister en chair et en os et partir sur la base d’idées inspirées par son vécu qu’on extrapole ensuite. Par exemple, les créatures étranges qu’on trouve dans les œuvres de JRR Tolkien, lui ont peut-être été inspirées par des rêves ou des contes qu’il a lus ou écoutés… Sans compter que certaines de ces créatures ont existé à une certaine époque. Par exemple, dans l’histoire de l’Afrique, on trouve des géants qui pouvaient mesurer jusqu’à dix mètres de hauteur. Dans l’histoire de mon pays, il y en a eu. Comme on peut trouver aussi des nains, tel le Gollum de Tolkien. Ou bien d’autres sortes d’infirmités, comme un homme-serpent qui rampe par terre. Personnellement, j’ai vu à Bamako un adolescent qui était dans cette situation dans une famille assez aisée, résidant à la cité du Niger. J’en ai encore la chair de poule, plus de vingt ans après. Le sort m’a aussi sauvé, en m’épargnant le spectacle lugubre d’une belle fille qui s’est métamorphosée en serpent dans un bar de Sébénikôrô, à Bamako, à la même époque.
Je l'évoque d'ailleurs quelque part dans mes récits innombrables...

 

Dans la vie, on peut dire qu’on n’a pas vu ou qu’on ne croit pas, mais il faut se garder de dire que ça n’existe pas, car tout peut exister sur cette terre…

 

Pour en revenir à ma question, la littérature s’inspire toujours de la vie, vécue ou subodorée. Donc, on peut toujours dire de quoi parle un livre. Si l’on ne peut pas dire de quoi parle un livre sur lequel on a travaillé pendant des mois, voire des années, ça sent l’imposture…

 

Pour éviter tout cela, il faut se contenter de son vécu et éviter d’aller empiéter sur le terrain des autres, en recourant à des élucubrations. Chaque personne à un vécu personnel, une histoire familiale, nationale ou ancestrale. Ce ne sont pas les sujets qui manquent.

 

Et il faut éviter ce genre de facilité qui a conduit mon compatriote Yambo Ouologuem (paix à son âme!) à se faire piéger et à encourir l’opprobre, alors que les vrais responsables se la coulent douce. Je sais comment les choses se passent au niveau de certaines maisons d’édition qui sont capables de tout, même du meurtre…

 

Peu avant la mort de Yambo Ouologuem, j’avais été contacté par quelqu’un, proche de sa famille, pour que je participe à un travail sur ses archives. Je ne pouvais pas à cause de mes occupations. Je n’aurais pas assez de vie pour écrire ou finir tous les livres que j’ai en chantier.

 

Frères, ne soyez pas trop pressés. L’écriture est une discipline de longue haleine. Et je crois que c’est Nietzsche, je n’en suis pas très sûr, qui a dit que le vrai écrivain est un écrivain posthume. Je suis d’accord avec cela. Et je n’écris pas pour la vie, mais pour l’après-vie, pour laisser quelque chose qui pourra faire avancer les choses. Cela fait près de vingt ans maintenant que je travaille sur les suites de mes recherches sur l’histoire mandingue. Et je vais de surprise en surprise qui me poussent à renier certains passages de mon livre ‘’Odyssée noires/ Amours et mémoire d’Outre-monde’’ et même certains arguments de Cheikh Anta Diop pour qui j’ai pourtant une estime sans faille.

 

Si j’étais trop pressé, j’allais commettre des erreurs irréparables. Pour tromper mon impatience et ma lassitude, j’ai eu le temps d’écrire au moins une dizaine de livres, tous inspirés de mon vécu dont le dernier parle d’un traquenard mystique d’homosexuels au milieu duquel je me trouvai embarqué, comme si des homosexuels de divers horizons s’étaient donné le mot pour me mettre dans le pétrin…

 

Commencé le 17 avril dernier, date magique, le livre fait déjà deux tomes. Et il s’écrit tout seul, à la faveur des évènements. Beaucoup de tabous seront levés sur cette question épineuse, sans verser dans l’homophobie. De la même manière qu’on peut parler des abus d’hétérosexuels, de la même manière on doit pouvoir parler des abus d’homosexuels, sinon ça s'apparenterait à une forme de tyrannie…

 

Alors, jeune homme, je sais que tu me lis, j’espère que tu as capté mon message. Fais attention! Ne te laisse pas emberlificoter par la racaille littéraire…

 

MF Kantéka

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